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mercredi 21 mai 2014 à 07:29

« Travail de mémoire » (Seconde guerre mondiale)

Témoignages sur la tuerie de Collonges-en-Charollais le 27 mai 1944 !



 

 

Témoignages sur la tuerie

 

de Collonges-en-Charollais le 27 mai 1944 !

 

70ème anniversaire du drame

ce dimanche 25 mai à 11 heures

 

 

L’historien Robert Chantin, auteur d’ouvrages tels que « des temps difficiles pour des résistants de Bourgogne , échec politique et procès 1944-1953 », « Itinéraires croisés de deux amis résistants de Saône et Loire , Paul Pisseloup et Jean Tortiller », « Parcours singuliers de communistes résistants de Saône et Loire , Antoine Tissier, Camille Vaillot, Elsof Leroy, Pierre Grille, Antoine Bar », et également secrétaire du « Comité du Souvenir Jean Pierson », nous écrivait dans un mail publié sur notre site le 11 mai dernier.

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« Le 27 mai 1944, sept jeunes maquisards FTP du Camp des Loups, maquis cantonnant dans les bois de Maranges, entre Genouilly et Collonge-en-Charolais, furent abattus par les troupes d’occupation nazies.

 

Sur les lieux où furent découverts les corps, fut érigé dès 1946 un monument, au bord de la route Genouilly-Collonge. En 2004 furent ajoutés aux sept noms ceux de quatre résistants tombés en d’autres lieux, dont celui de Jean Pierson, tué au cours d’un combat à Moroges le 28 mars 1944. Son nom fut attribué au grand camp FTP installé à l’été 1944 sur les hauteurs du village de Collonge.

 

Á l’occasion du soixante-dixième anniversaire du drame, le Comité du Souvenir Jean Pierson et la municipalité de Collonge organisent une cérémonie commémorative auprès de ce monument, le dimanche 25 mai à 11 heures.

 

Les organisateurs invitent tous ceux qui ont la volonté de transmettre le sens de l’engagement de ces maquisards à participer à cette cérémonie »

 

Nous avons eu le privilège de rencontrer, outre Robert Chantin :

 

 

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Marcel Lonjaret :

 

Entré en résistance en 1943 à l’âge de 13 ans, il fut sans doute le plus jeune résistant de Saône et Loire, il était résistant dit « sédentaire », c’est-à-dire qu’il n’était pas dans la clandestinité , il se servait de son jeune âge, de sa qualité de « gamin » pour participer à des missions de liaison ou pour transporter des armes, par exemple le 2 août 1944, pendant le combat de Rimont-Fley. Rappelons que les « sédentaires étaient nombreux dans les villes et les villages de Saône et Loire, ils étaient organisés en « sizaines » ou en « dizaines », très semblables aux autres habitants, continuant leur travail, se mêlant même aux activités sportives et autres de leur commune (source « la seconde guerre mondiale » d’André Jeannet). Marcel avait 2 frères plus âgés que lui, René, qui fut victime de la tuerie du 27 mai 1944, qui avait 24 ans et Roger, né en 1922 et qui disparut très récemment (début mai 2014) à l’âge de 92 ans. Les trois frères Lonjaret étaient dans la résistance.

 

Bernard Thévenot :

 

Né en 1926, il est aussi résistant sédentaire avec ses frères Julien et Marcel. C’est Julien qui, au début 43, entra en relation avec un groupe de bûcherons d’un chantier forestier de Genouilly qui agissait contre l’occupant par des sabotages de pylônes et de voies ferrées. Et c’est par relations qu’il connut Jean Pierson. Ce fut alors le début d’une organisation d’abord sédentaire, puis un corps franc (mars 43) qui se déplaçait de nuit à bicyclette pour réaliser les actes de sabotages. Ensuite, les effectifs s’accrurent peu à peu et, au début de 1944, des petits groupes dispersés à travers la forêt, formèrent le « Camp des loups ». Jean Pierson est tombé à Moroges le 28 mars 1944 et le « camp des loups » devint le « camp Jean Pierson » le 6 juin 1944. D’une centaine d’homme en début juin 1944, le camp en comptait un millier à la libération, Louis Pierre en témoigne dans une interview qu’il nous avait accordée et mise en ligne sur ce site le 11 février 2012. L’autre frère Thévenot, Marcel, racontait comment le « chant du Maquis », composé par un maquisard (au pseudo de Marius), fut rapporté du Camp Gambetta de Saillenard-Fontainebrux par des maquisards de Buxy qui y avaient été envoyés.

 

Bernard Thévenot et Marcel Lonjaret nous ont emmenés sur un lieu de parachutage, sur la colline de l’Outin à Fley. Nous reparlerons sans doute bientôt de ce lieu qui pourrait recevoir bientôt un totem par les CVR 71 (Combattants Volontaires de la Résistance).

 

 

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LA TRAGEDIE DU 27 MAI 1944 :

 

Robert Chantin nous explique qu’au moment du drame, environ 80 maquisards FTP, divisés en groupes distincts, cantonnaient dans ces bois couronnant les crètes dominant Genouilly et Collonges-en Charollais. Ils formaient alors le « camp des loups », dernier maquis de quelque dimension en Saône et Loire après les coups sévères portés par les Allemands menat entre autres à la disparition du Camp FTP des Sans –Culottes et du Maquis de Beaubery en 1943. A l’origine, on trouve le groupe FTP de Bissy sur Fley- Germagny, constitué début 1943 par Gaston Duboisset, Antoine Pisseloup, institeur de Bissy et son fils Paul, réfractaire au STO, la famille Tusseau, métayers des propriétaires du Château de Tyard, Jean Marie Baudras, la famille Tortiller et le libertaire Jean PIERSON. Ils sont communistes ou sympathisants, mais il s’agit d’un communisme de fraternité de petites communautés rurales, loin des logiques d’appareils.

 

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Les faits :

 

Un concours malheureux de circonstances a mené à la tragédie dont le scénario diffère peu selon les témoignages, mais qui hélas arrive à la même conclusion, le massacre par les nazis de jeunes gens qui, comme l’écrivait Henri Pernette dans le journal « l’étincelle » en 1945 « ils avaient 20 ans ! ».
Raymond Clarissoux, jeune ouvrier aux chantiers Schneider de Chalon, récemment arrivé au maquis, retourne à Chalon. Très jeune, il est vite repéré par les hommes du Lieutenant SS Krüger et du chef SD Zimmermann. Amené à Genouilly, le 27 mai 1944 par une quarantaine d’Allemands, il les conduit sur les lieux d’un parachutage évacué depuis longtemps, à Santagny, donc sans danger pour le maquis.

 

Retournant à Chalon (ils ont toujours avec eux Raymond Clarissoux), les Allemands interceptent une camionnette avec Raymond Bouchot et René Lonjaret à son bord. Elle revient d’un moulin où elle a chargé de la farine pour le maquis (Charles Tusseau, de Bissy sur Fley leur avait conseillé, en vain de prendre une voiture à cheval, plus discrète que la camionnette sur des chemins de traverse). Marcel Lonjarret nous dit que c’était Julien Thevenot, le frère Bernard qui devait être dans la camionnette, mais son frère René lui dit : « j’y vais à ta place ! » …..le hasard, la destinée… ! Ils furent pris après une fusillade (René Lonjaret est touché gravement à une épaule et Raymond Bouchot à un talon).
En même temps, au café de Germagny, Tercisio Adamo rend compte à Louis Bonnette d’une mission dans le Rhône. Ils sont pris à leur tour, et, emmenés dans la grange Mathy pour être questionnés et martyrisés, ils ne parlèrent pas.

 

 

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Les 5 jeunes gens furent emmenés, après d’horribles tortures, au bois de Marange où s’est déclenché le massacre.

 

2 autres jeunes maquisards furent également massacrés, après avoir été battus,

– François Guillet, 18 ans, de Monchanin, rentrait d’une corvée de ravitaillement
– Philippe Duréault, 22 ans, rentrait également de la corvée de ravitaillement,

Il est raconté dans le journal communiste de Saône et Loire, « L’étincelle », dans un article d’Henri Pernette, que les corps furent relevés par un groupe d’hommes de Collonges dont Henri et Louis Pernette, Pierre et Lucien Tremaud , avec un char portant des cercueils hâtivement confectionnés par le menuisier Brenin.

 

Henri Pernette :

 

« Le bruit des cercueils violemment cahotés, mêlé au grincement du char qui les transportait, troublait seul le silence religieux qui nous oppressait tous, à mesure que nous approchions du lieu du massacre ».

 

A mi-côte, gisait le corps de François Guillet, 18 ans, de Montchanin. Il gisait là, le corps légèrement recroquevillé ; ses traits calmes indiquaient qu’il n’avait pas souffert, ses grands yeux d’enfant, semblaient figés dans un rêve qu’il n’achèverait jamais, hélas ! Près de la fontaine fut découvert le corps martyrisé de Philippe Duréault, 22 ans, de Moroges, torse nu une serviette de toilette à la main. Surpris, il s’était écrié « Attention, voilà les boches ! » avant de s’écrouler, frappé à mort par une rafale, mais il avait sauvé la vie de ses 8 camarades occupés plus loin à absorber leur frugal repas. Plus haut dans le bois, avait été fusillé Louis Bonnette, 20 ans, de Buxy, après avoir été battu. Plus près de la route allant de Genouilly à Collonges, dans un petit sentier étroit, furent découverts les corps suppliciés de Raymond Bouchot, 21 ans, Tercisio Adamo, 21 ans, tous deux de Buxy et René Lonjaret, 21 ans de Fley. Enfin, plus bas, sur la route gisait Raymond Clarissoux, 20 ans.

 

Le monument fut érigé dès 1946 sur les lieux où se déroula le massacre, il fut ensuite enrichi d’une plaque portant les noms des autres FTP de la zone, tombés en d’autres endroits et en d’autres circonstances. Ces combattants, engagés ensemble contre le nazisme et pour libérer le pays, tombés face à l’ennemi, sont donc symboliquement réunis.

 

Une belle promenade de la mémoire peut se faire en famille sur ces lieux historiques, tout est fléché !

 

Le 25 mai 2014, à 11h, devant ce monument, se rassembleront les héritiers de la liberté que ces jeunes gens ont arrachée par leur sacrifice, 70 ans plus tôt, le 27 mai 1944. Quant à nous, attelons nous au travail de mémoire !

 

Jean Michel LENDEL

 

 

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2 commentaires sur “« Travail de mémoire » (Seconde guerre mondiale)”

  1. SAILORMN dit :

    Merci pour cet émouvant article , N’oublions jamais : ils avaient 18-20 ans…. et la vie devant eux sûrement plein de projets et d’espoirs; fonder une famille, vivre heureux avec femme et enfants comme tous les jeunes de cet âge quelque soit l’époque 20 ans l’âge de tous les rêves et espoirs ils allaient entrer dans la vie, » faire leur vie » hélas l torture, mort et barbarie nazi les attendaient au détour de leur vie à peine écloses n’ oublions jamais ces « gamins » qui nous ont épargné d’avoir à connaitre le monde épouvantable de dictature et d’oppression qui nous attendait
    Et que dire de la douleur et du désespoir de leurs familles à la découverte de leurs enfants abattus comme du gibier le temps ne doit pas faire passer toutes ces douleurs pour pertes et profits ils ont beaucoup souffert pour que nous vivions libres et heureux

  2. sebastien longearet dit :

    Bonjour, mon grand père ma raconter ses histoires de guerre et de son frère résistant tué par les allemands alors qu’il transportait des marchandise avec un ami. Son frère s’appelé René. Mon grand père Philibert LONGEARET était bourguignon tout comme vous, il m’avait raconté que Le noms de LONGEARET à finalement plusieurs orthographe dut a une erreur de frappe en préfecture. Je pense qu’il était votre Frère. D’ailleurs sur une des photos le noms est écrit comme le mien. J’aimerai retrouver des membres de la famille et en savoir plus sur notre histoire.
    Cordialement
    Sébastien LONGEARET