Les mineurs de Blanzy

 

pendant la Grande guerre

 

Près de 80 personnes étaient réunies salle Jacques Prévert à Blanzy pour venir écouter la conférence de Frédéric Lagrange sur la vie des mineurs à Blanzy pendant la Grande guerre. André Quincy, président du comité Mémoire et Fraternité l’a accueilli pour ce rendez-vous avant tout historique mais en fin de compte très actuel.

 

En effet, après avoir exposé la situation démographique de la ville, Frédéric Lagrange s’est attardé sur les conditions de logement et de ravitaillement de la population durant les années 1914-1919. Il faut savoir qu’entre ces deux dates, le nombre de mineurs présents sur le territoire est passé de 8 000 à 13 500 personnes. Le départ des mobilisés en 1914 n’avait laissé que 7 700 mineurs en activité. Afin de maintenir le rendement, indispensable à l’effort de guerre, la Société des Mines a donc entrepris de recruter du personnel. Sont ainsi successivement arrivés des étrangers, des réfugiés (en particulier du Nord-Pas-de-Calais), puis des prisonniers de guerre et enfin les mineurs mis en sursis, c’est-à-dire démobilisés pour pouvoir revenir travailler. C’est dire si la production de charbon était importante ! Au plus fort de ces arrivées, Blanzy a accueilli jusqu’à 2 513 prisonniers, tout repartis en avril 1919, et 13 500 mineurs au total.

 

Pour loger cette nouvelle main d’œuvre, ainsi que les familles qui les accompagnaient, il a été nécessaire de construire des logements. Au départ ont été réquisitionnés des locaux existants, comme la cartonnerie de Lucy, transformée en dortoir géant pour 650 prisonniers, affectée à des travailleurs venus seuls. Les communes se sont ensuite lancées dans de vastes programmes de constructions neuves pour les ouvriers dits libres avec femmes et enfants. La Sablière en 1915, l’agrandissement du Magny, la Saule en 1916 (construite par les internés russes !)… autant de cités qui ont vu le jour à cette époque tandis que les camps de prisonniers fleurissaient également sur le Bassin : le Magny, Jules Chagot… des lieux proches des bassins s’emploi. Ainsi, les trajets étaient raccourcis et le travail optimisé. Après la guerre, ces baraquements ont été optimisés pour accueillir les ouvriers. Au total, ce ne sont pas moins de 287 logements de 4 pièces (pour 2 ménages) qui ont accueillis les mineurs, et 48 immeubles achetés.

 

Mais il a aussi fallu nourrir, vêtir, équiper tout ce monde. Et la liste à la Prévert est assez impressionnante ! La Société des Mines a ainsi fourni 1385 tables, 11 415 couvertures, 915 poêles… mais avancé de l’argent aux coopératives, très présentes sur le Bassin, ce qui a permis pendant toute la guerre de maintenir une alimentation correcte, même avec les restrictions.

 

Pour la petite histoire, la ration d’un prisonnier de guerre comprenait par jour 750g de pommes de terre, 600g de pain, 12g de sucre, 10 de café, 125 de viande. La Société ayant vite compris qu’un personnel mal nourri avait un rendement moindre, il a été décidé d’améliorer ces rations. Le rationnement n’est arrivé qu’en 1917 pour le sucre, puis le pain, et les cartes de rationnement ont vu le jour en 1918. Mais les habitants de Blanzy et Montceau n’ont pas été très affectés par tout cela, et même si les spéculateurs en ont profité pour faire grimper certains prix, la situation alimentaire sanitaire n’a jamais été périlleuse.

 

Frédéric Lagrange a émaillé ces propos d’autres informations concernant les salaires ou les hausses de prix. Actualité oblige, il a également rappelé que le changement d’heures qui aura lieu ce week-end date de cette époque : une heure en moins, c’était une heure d’électricité de gagnée !

 

La soirée s’est clôturée autour d’un verre de l’amitié pendant lequel chacun a pu interroger le conférencier en direct.

 

 

Véronique Décrenisse-Kieny