Autres journaux



mercredi 25 mars 2015 à 06:47

Musée de la Maison d’Ecole de Montceau-les-Mines

Aujourd’hui : L'IDEE REPUBLICAINE A L’ECOLE AVANT 1914



 

Aujourd’hui :

 

L’IDEE REPUBLICAINE A L’ECOLE AVANT 1914

 

 

LA RELIGION DE LA PATRIE :

 

« La religion de la Patrie n’a pas de dissidents ! » Jules Ferry, discours de Nancy le 10 août 1881.

 

 

Et Paul Bert, Ministre de l’Instruction Publique de surenchérir : « Il faut une religion pour le peuple ! Il faut une foi commune pour le peuple sans quoi il ne serait qu’une agrégation d’hommes juxtaposés par des intérêts communs…

 

 

 musee 2503152

 

 

livre d’histoire, 1896 (collection musée)

 

 

 

C’est cette religion de la Patrie, c’est ce culte et cet amour à la fois ardent et raisonné dont nous voulons pénétrer le cœur et l’esprit de l’enfant, dont nous voulons l’imprégner jusqu’aux moelles ; c’est ce que fera l’enseignement civique. » L’école sera donc le vecteur du républicanisme et du nationalisme. L’instruction civique en sera l’axe principal.

 

 

Sentiment nouveau pour un mot nouveau : le nationalisme, né après l’annexion par l’Allemagne victorieuse de l’Alsace-Lorraine, en 1871, au mépris du droit des populations à rester françaises. Les couvertures de cahiers de l’époque évoquaient volontiers un esprit de revanche à travers des illustrations de batailles gagnées lors d’une guerre perdue… Cette agressivité s’atténua bientôt bien que les territoires perdus figurassent toujours en grisé sur bien des cartes scolaires de la France.

 

 

L’Alsace-Lorraine suscitait toujours un attachement sentimental chez les Français et en 1914, à l’annonce de la mobilisation, la consternation précéda le sentiment d’un devoir à accomplir. Les instituteurs, même pacifistes jusqu’alors, comme Pergaud, allèrent risquer tout particulièrement leur vie au combat.

 

 

La IIIème République met en place un Etat-nation éducateur, notion apparue durant la révolution française et oubliée jusqu’alors. Sans doute les instituteurs furent-ils aptes à défendre la République moralement et, à travers elle, le patriotisme. Depuis l’affaire Dreyfus (1894-1906), ils voulaient aussi défendre leur école contre une certaine droite cléricale et autoritaire. Dans une France encore en nette majorité rurale, ces « hussards noirs de la République », secrétaires de mairie souvent ou animateurs de cours d’adultes, avaient l’occasion de faire partager leurs sympathies pour une république évoluant vers la gauche.

 

 

Si par souci de neutralité scolaire, l’enseignant limitait ses activités à son école, il y diffusait souvent, avec les manuels d’histoire Lavisse, ces pensées moins guerrières : « Aimez la France, détestez la guerre, travaillez pour l’humanité… » et cette idée que les régimes autoritaires sont dangereux pour la paix. La République ne pouvait songer qu’à se défendre, selon eux. Cette idée généreuse fit suite dès 1880/1890 au « nationalisme ».

 

 

 

musee 2503153

 

 

 

Protège-cahiers, série « Quand tu seras soldat ! » avant 1900 (collection musée)

 

 

 

musee 2503154

 

 

 

« La Marseillaise » (collection musée)

 

 

 

 

 

LA MARSEILLAISE :

 

 

 

Pour l’heure, les symboles de la République investissent l’école et notamment l’Hymne national. Maurice Faure, ministre de l’Instruction publique, par un arrêté de décembre 1910, charge une commission d’établir une version officielle de la Marseillaise à l’usage des écoles.
Le 25 février 1911, ce chant, devenu hymne national de la République est enseigné dans les écoles. Cela apparaît comme nécessaire, car la Marseillaise n’est pas connue de la grande majorité des Français bien que décrétée chant national le 26 messidor an III (14 juillet 1795) puis à nouveau en 1879.

 

 

Pour l’exécution scolaire, on recommande de chanter le premier et le dernier couplet des six écrits par Rouget de Lisle et entre les deux, un troisième couplet appelé « le couplet des enfants », écrit en 1792 par un écrivain de Lisieux, Louis Dubois.

 

 

 musee 2503155

 

 

Manuel d’éducation civique, 1905 (collection musée)

 

 

musee 2503156

 

 

 

La Déclaration des Droits de l’Homme (collection musée)

 

 

 

 

LA DECLARATION DES DROITS DE L’HOMME :

 

La déclaration des droits de l’homme et du citoyen a permis à Jules Ferry de braver le passé en s’appuyant sur le principe selon lequel « tous les hommes naissent libres et égaux en droit ».

 

Tout homme est un être pensant et la Nation a le devoir de l’instruire pour qu’il acquière responsabilité et dignité : « toute sa dignité consiste dans la pensée ». On doit abolir l’inégalité de culture, ce qui implique l’obligation scolaire.

 

Votée par l’Assemblée Constituante le 2 octobre 1789, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen doit être affichée dans toutes les écoles de France à la suite d’une décision de la Chambre des Députés du 28 mars 1901. A noter que certains directeurs avaient devancé ce vote dans leur école.

 

 

 

musee 2503157

 

 

Règlement des écoles primaires élémentaires publiques de Saône-et-Loire, 1890 (collection musée)

 

 

 

 

 

LE REGLEMENT DEPARTEMENTAL :

 

 

Suivant le Décret du 18 janvier 1887, un règlement des écoles primaires publiques de chaque département est rédigé par le Conseil départemental de l’Education Nationale, d’après les indications du règlement modèle arrêté par le ministre de l’instruction primaire en Conseil Supérieur. Il fixe le cadre disciplinaire et les devoirs des enfants, des familles et des maîtres dans le respect des prescriptions de la République.

 

 

 

Patrick PLUCHOT
Président de la Maison d’Ecole
Collection Ecomusée de la CUCM-Musée de France

 

 

musee ecole 1503158

 

 

 



Laisser un commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire.


» Se connecter / S'enregistrer




Un commentaire sur “Musée de la Maison d’Ecole de Montceau-les-Mines”

  1. Daniel Z dit :

    Bonjour.

    Article très intéressant, qui, à mon avis, met en valeur le mode de fonctionnement de nos sociétés.

    «  »Et Paul Bert, Ministre de l’Instruction Publique de surenchérir : « Il faut une religion pour le peuple ! Il faut une foi commune pour le peuple sans quoi il ne serait qu’une agrégation d’hommes juxtaposés par des intérêts communs… «  »

    Pour moi, expression pure et dure du conditionnement vers le penser politiquement correct.
    Ce n’est pas une critique mais un constat.

    Perdant l’instruction civique obligatoire, n’arrivons nous pas, au final, promu:
    « une agrégation d’hommes juxtaposés par des intérêts communs », ce qui, d’après le dico de l’Académie, est matérialisé par le mot mafia.

    Finalement à ces grands penseurs, j’accolerais volontiers M. Coluche, comique humaniste et efficace…..

    Amitiés