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jeudi 24 novembre 2016 à 04:38

Qui commande ici ? (Blanzy)

Catarina Logue, La Redoute et l’économie industrialisée



 

Elle est seule sur scène et en remplit l’espace avec beaucoup de talent. Elle, c’est Laurence Besson, alias Catarina Logue, Cata…strophe, cata…clysme, cata…logue…Le Catalogue de La Redoute !

 

Tout à la fois cliente, vendeuse, emballeuse…Madame Logue fait l’inventaire d’une institution quasiment culturelle. Qui ne connait pas le catalogue de la Redoute ? Bon, peut-être les plus jeunes, qui ne connaissent que Zalando ou Sarenza ! Mais nous, les plus vieux, avons rêvé devant ces fringues et autres colifichets que l’on aurait voulu acheter dans leur totalité…

 

 

A travers son discours, la comédienne relate surtout l’envers du papier glacé et les conflits de La Redoute (comme ceux des Trois Suisses, de Quelle etc) à l’heure de l’économie industrialisée.

 

 

Sur scène (si l’on peut dire puisque le spectacle est plutôt intimiste), vêtue d’une robe bleue marine et de grandes bottes, madame Logue conduit son monologue avec brio. Elle joue de la rime sans en avoir l’air, rit, s’extasie, s’étonne, pleure même sur commande, avec un naturel qui ravit la salle. Et mime les «petites mains» qui ouvraient le courrier, quand  on ne cliquait pas encore frénétiquement sur le clavier de son ordinateur.
Et c’est toute une poésie délicate de la relation humaine, hôtesse-cliente, qu’elle nous présente. Dans le colis amoureusement préparé, « c’est tout ça que vous recevez, cette humanité, cette féminité » dit-elle, avec la mine de circonstance.

 

 

 Madame Logue évoque aussi le feuilletage compulsif du catalogue, son découpage par les enfants, les réclamations au service client (dont celle d’une cliente, dont les draps reçus lui ont donné la gale), essayages, renvois d’articles… Bref ! La réalité dans toute sa splendeur.

 

 

 Mais au-delà de ces petites histoires et de ces calembours, la comédienne entraine son public dans une réflexion plus profonde. Que cherche la cliente quand elle passe commande à La Redoute ? Est-ce seulement le besoin de ne plus se trouver face à une vendeuse méprisante et souvent de mauvais poil, dans les magasins traditionnels ? Ne sommes-nous pas toutes comme « l’enfant qui remplit l’armoire de souhaits jamais réalisés ? » s’interroge Madame Logue.

 

 

Puis la comédienne évoque les délocalisations laissant sur le carreau le personnel local, l’automatisation, le tout-numérique, et les très jeunes enfants que l’on fait travailler pour une misère. « Mais ne vaut-il pas mieux cela que de les prostituer ? Qu’est-ce qui est « le moins pire ? » s’interrogera Laurence Besson à l’issue du spectacle.

 

Les spectateurs sont à fond dans l’histoire, hochent la tête, complètement en symbiose avec Madame Logue.

 

A la fin de sa prestation, cette dernière offre au public un mini catalogue parodique de La Redoute.

 

Et cerise sur le gâteau, Laurence Besson, a, près un changement de tenue vestimentaire, propose à la salle de prolonger la soirée par un dialogue sur l’histoire profonde de cette société qui a tant changé ces dernières années.

 

Et la comédienne de livrer que ce spectacle est né de multiples interviews auprès des travailleuses de La Redoute. Oui, la dame qui râle parce qu’elle a attrapé la gale avec ses draps existe bien (et elle est adorable, dira Laurence), oui, le célèbre couturier bavant devant les mannequins (hommes) du catalogue aussi, et l’auteur de cette pièce, Ricardo Montserrat est allé à leur rencontre. Et aussi, on apprend que la reine d’Angleterre est cliente de La Redoute (véridique !), tout comme la reine Christine (Ockrent). Si, si…

 

Dans un autre registre, un spectateur demande à Laurence Besson comment elle peut passer du rire aux (vraies) larmes presque simultanément. « C’est très technique et il n’est nul besoin de penser à quelque chose de triste pour y parvenir» explique-t-elle. Ajoutant qu’elle arrive à s’auto-émouvoir… et que le langage du théâtre ne passe pas que par la parole.

 

 

Un moment si sympathique, qu’on s’aperçoit à peine que l’artiste est passée au tutoiement. C’est tellement plus agréable de dialoguer sans chichis…
Au fil de la conversation, elle avoue que c’est la 37e fois qu’elle présente ce spectacle et la 3e fois de la journée. « Je suis tellement fière de porter un texte comme celui-ci… » dira-t-elle en substance.

 

Ah ! J’oubliais ! Ce sublime spectacle se déroulait hier soir à la salle Coluche de l’EVA et il faut le dire haut et fort : les absents ont eu tort !!!! Tant pis pour eux…

 

 

 

 

 

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