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jeudi 30 mars 2017 à 05:14

Jeudi 30 mars 2017, 20h30, auditorium des ateliers du jours avec Noëmi Waysfeld

« J’ai eu comme un flash, chanter le fado en yiddish »



 

 

Noëmi Waysfeld est chanteuse, comédienne aussi. Une artiste hors normes à découvrir ce jeudi soir à Montceau-les-Mines. L’interview vous permettra également de mieux la connaître. Passionnant !

 

 

 

Montceau News : Vous chantez régulièrement en France, en Allemagne, une fois au Maroc, souvent dans des lieux atypiques et cette fois-ci à l’auditorium des ateliers du jour à Montceau-les-Mines. Le lieu est important pour vous ?

 

 

Noëmi Waysfeld : « La richesse de ce métier est de découvrir des espaces, des lieux totalement différents et de s’y adapter, de pouvoir jouer « n’importe où ». Et lorsque le décor n’est pas aussi inspirant que la cour de l’Archevêché à Arles par exemple, il est aussi très bon de pouvoir s’inventer des mondes, des couleurs… et quelque soit le lieu, si le public est là, à l’écoute et ému, c’est du plaisir assuré !

 

Mais j’avoue préférer l’intimité à l’immensité ».  

 

 

 

Votre second album Alfama prend la direction de Lisbonne et le fado en yiddish. Expliquez-nous ce savant mélange de culture.

 

 


N.W.
 : « Le fado fait partie des musiques qui me touchent très profondément, par sa puissance, son écorchure. J’ai ressenti un besoin de chanter ce répertoire, mais avec qui je suis. C’est-à-dire ni une fadista, ni une portugaise. Le fado est populaire car je savais que je trouverai un moyen de me l’approprier un jour. Avant de réfléchir au pourquoi du comment, je me suis laisser-aller à cette envie là, en l’écoutant en permanence. Puis j’ai eu l’idée (une sorte de flash) de le chanter en yiddish. Après cette conviction certaine, je me suis tournée vers des personnes avisées, des universitaires, des historiens; et j’ai réalisé que ce pont était un miroir d’une histoire européenne. Il y a beaucoup d’éléments qui « justifient » ce mélange. Je n’en citerai que quelques-uns : Alfama, quartier de Lisbonne, qui était un ghetto au Moyen Age, ghetto juif également. Le yiddish qui par la diaspora a cotoyé toutes les autres langues européennes, et comme le dit Rachel Ertel, le yiddish est peut-être la langue la plus européenne. Une envie de créer une traduction dans l’autre sens : le yiddish est dorénavant quasiment systématiquement traduit vers une autre langue. Ici le portugais est traduit en yiddish (remarquables traductions réalisées par Yitskhok Niborski). La rencontre entre Alain Oulman, fondateur des éditions Calmann-Lévy en France et musicien et compositeur pour Amalia Rodriguez… Je pourrai vous en parler des heures, alors rendez-vous après le concert ! »

 

 

 

Chanteuse française, comédienne aussi. Vous faites également la cuisine? Si oui, quoi en particulier ?

 

 

 

N.W. : « Drôle de transition entre le chant, la comédie et la cuisine. Peut-être car les musiciens sont souvent des épicuriens … Je dois avouer que je ne fais pas beaucoup la cuisine… je préfère qu’on me la fasse ! Mais j’ai besoin de manger bien et sain.

 

 

 Où êtes-vous née ?

 

N.W. : « A l’hôpital américain de Neuilly, et j’ai grandi à Paris ».

 

 

 

Un petit résumé de votre enfance.

 

 

 

N.W. : « J’ai baigné dans une éducation musicale et culturelle forte et quotidienne.
J’étais une petite fille à la voix très rauque, à gigoter tout le temps (je ne marchais pas, je sautais). Collée à mes deux grandes sœurs, je voulais être grande moi aussi et décider pour moi-même. La musique était obligatoire à la maison et je ne vouais pas une grande passion à l’école. Je m’échappais beaucoup par un imaginaire salvateur et productif. J’aimais les fêtes familiales que mes parents organisaient très régulièrement et où la musique était toujours au coeur. J’y ai des souvenirs de sensations, d’émotions très forts et certainement fondateurs en écoutant des groupes tsiganes, ou de la musique de chambre ».

 

 

 

La comédie, racontez nous…

 

 


N.W.
 : « Après avoir fait 10 ans de violoncelle, à l’aube de l’adolescence j’ai découvert le théâtre et n’ai pensé qu’à ça. J’ai pris beaucoup de cours et, une fois le bac en poche, j’ai commencé mon périple des écoles de théâtre, où je me suis formée, où j’ai beaucoup appris, où j’ai été très souvent malheureuse de ne pas trouver mon idéal. Ma chance a été de travailler très tôt, d’être très vite sur scène. Et de pouvoir ainsi apprendre plus sereinement, car le plaisir du jeu je le vivais. Puis la musique est revenue de plein fouet, vitale et urgente. Par ma formation musicale précoce transmise par ma soeur aînée qui était chanteuse lyrique, disparue il y a trois ans, en travaillant beaucoup ma voix avec elle, j’ai pu gagner un peu de temps et monter mon groupe.  J’ai toujours pu continuer de tourner en tant que comédienne également; et j’ai longtemps enseigné le théâtre. Aujourd’hui le rapport entre chant et comédie est donc assez harmonieux. Maintenant je voudrais y allier un spectacle plus dansé. Le corps en scène me manque (d’où peut-être mon obsession du sport et du mouvement) ». 

 

 

 

Vous écrivez, vous composez ?

 

 


N.W.
 : « Non ! Peut-être cela évoluera t-il. Mon inspiration, mes idées, mes envies, mes nécessités prennent leur source dans « l’existant déjà ». Je suis profondément une interprète, et il y a tant de répertoires que j’aime que je suis loin d’en avoir fini avec ce que je désire chanter. Ma créativité, ma forme de composition prennent forme ensuite, dans les arrangements musicaux, dans la narration, dans l’improvisation des intentions…

Mais cela viendra peut-être un jour ! »

 

 

 

Qu’aimez-vous faire en dehors de votre passion, vos passions… ?

 

 

 

N.W. : « Le sport a une place très centrale dans ma vie, particulièrement la natation. J’écoute tout le temps de la musique, j’ai quasiment autant besoin d’en entendre que d’en faire. Ensuite, évidemment avoir du temps avec ceux que j’aime, respirer l’air pur des Cévennes ».

 

 

 

Je n’ai lu que des louanges à votre propos. A-t-on, un jour, été « méchant » avec vous? Si oui, pourquoi ?

 

 


N.W.
 : « Les  retours, la presse, l’entourage professionnel sont encourageants et positifs par rapport à mon travail. Parce qu’il est très particulier je pense, et ne se compare pas tellement peut-être. Les gens qui auraient envie d’être « méchants » à mon égard ne l’ont pas été face à moi en tous les cas ! Je ne suis pas assez connue pour qu’on s’attarde à mon sujet pour dire des méchancetés, non ?

Le doute étant un démon familier chez moi, je travaille à adoucir mes propres jugements sur moi-même, et j’ai la chance d’avoir des personnes très chères qui m’aident à avancer, dans la bonté et non dans la méchanceté ».  

 

 

 

Qu’est-ce qui vous met en colère ?

 

N.W. : « La misère sous toutes ses formes, la violence, la maladie, l’obscurantisme, le manque d’exigence ».  

 

 

 

Qu’est-ce qui vous fait rire, pleurer ?

 

 


N.W.
 : « Beaucoup de choses ! Je passe facilement de l’un à l’autre. Je pleure les êtres qui me manquent, je pleure d’émotion, d’injustice, de doute. Je ris de dérision, d’autodérision, d’absurdité, de jeux de mots, je ris avec mes amis, avec ma fille beaucoup ».  

 

 

 

Qu’allez- vous chanter à Montceau ?

 

 

N.W. : « Mon deuxième album, ALFAMA, dont nous avons parlé plus haut ».  

 

 

 

Vous connaissez Montceau-les-Mines ?

 

 

N.W. : « Pas du tout, c’est une première ! Nous y venons grâce à Alain Kleinmann, magnifique peintre dont quelques œuvres figurent dans le livret de notre disque, et qui nous a recommandés ».

 

 

 

La dernière question. La présidentielle, elle vous intéresse? Elle vous passionne? Un avis ou pas… ?

 


N.W.
 : « Elle m’intéresse évidemment, elle me tracasse, m’afflige, me questionne. Je n’ai jamais opté pour un positionnement politique au sein de mon chant, et je ne vais pas commencer aujourd’hui.

Je dirais simplement qu’il faut voter ».

 

 

 

 

Recueilli par Jean Bernard

 

 

 

 

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