Saint-Vallier : ECLA
La Cie du Oui avec Mur Mur
Dans le cadre de la journée des droits des femmes, « la Compagnie du Oui » a présenté à l’ECLA, sa création « Mur mur » devant une cinquantaine de spectateurs.
Le public est accueilli par un personnage à la bouille joviale, avenant qui place les spectateurs. Il prend la parole et demande de lancer une musique plutôt zen pour faire quelques respirations, avant de rentrer dans le vif du sujet. Il conseille de ne pas se projeter dans les personnages. Il termine son propos en précisant que si le spectacle ne nous a pas plu, il sera le régisseur, dans l’autre cas, il pourra être un peu plus !
NOIR.
Musique lourde, sourde, ambiance sombre… L’action se situe dans une pièce, dans un volume aux murs tapissés de plastique noir, délimité par des ampoules qui se balancent et qui seront la seule source de lumière pendant la durée du spectacle.
Le clown entre en jeu, bruite les silences de ses breloques, découvre en faisant glisser un drap, sa victime.
Elle, résignée, n’essaie plus de comprendre pourquoi elle est ici, comment elle pourrait s’en sortir, subit les épreuves de son bourreau sadique, pervers narcissique qui jouit des sévices qu’il inflige à son jouet.
Il y a une montée en puissance, avec des aller-retour dans les émotions, les relents de survie, les affres de soumission, … Le processus de l’emprise s’installe où l’on sort du cadre des violences conjugales : l’emprise que l’on peut retrouver au travail, dans les mouvement religieux, dans le monde associatif, sportif,… le cadre n’est en rien limité ! La nature humaine ne manque pas de créativité dans la perversion !
Le personnage bienveillant, flatteur, impeccable, ayant et donnant une belle image de lui-même, manipule à qui mieux mieux poursuivant son œuvre destructrice…
Les deux comédiens, Pascal Roubaud et Elisabeth Andres atteignent leurs cibles. Les spectateurs sont touchés. Les rires sont contenus. Les plus jeunes semblent dérangés et ont du mal face à ces deux personnages. Il y a choc frontal avec la fiction et la réalité et où se situe la frontière du jeu ?
Comme l’indique Pascal Roubaud, « il y a eu beaucoup d’amour pour monter ce spectacle… On ne voulait pas forcément faire un spectacle sur les violences conjugales. Après plusieurs spectacles plus poétiques, on voulait changer de registre et installer le clown dans un autre univers, bien entendu, nous sommes conscient de l’effet produit et nous sommes fiers de défendre cette pièce que nous avons déjà jouée plus d’une quarantaine de fois. »
Les deux comédiens se livrent sans retenue à une véritable performance. Le spectateur sait vers quoi on va aboutir, crescendo, c’est l’escalade dans les souffrances et les soumissions, jusqu’à l’ultime.
Nicolas Dewynter peut, vu les applaudissements à la fin de cette représentation, assumer pleinement son rôle de metteur en scène.
Pascal Roubaud confie que la prochaine création en préparation donnera naissance à une pièce sur le thème du management au titre évocateur « Challenger » ! (à suivre!)
J.L Pradines