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vendredi 25 août 2017 à 06:21

Tribunal de Chalon

 Le barbecue d’été tourne à la ratonnade



 

 

 

« Des blagues graveleuses et racistes pendant tout le repas », témoigne une des invitées. Il était lourd, Pascal X., en ce 29 juillet à Saint-Vallier. Lourd d’une manière générale, et aussi d’une manière particulière puisque ses attaques racistes ne visaient qu’un seul homme, Omar. Montceau News avait relaté le fait divers au moment des faits (https://montceau-news.com/faits_divers/402660-faits-divers-le-barbecue-finira-devant-le-tibunal-de-chalon.html), 3 hommes étaient jugés aujourd’hui.

 

 

 

Le père et le fils, d’abord, poursuivis comme auteurs de violences aggravées et de menaces de mort. Pascal X, 48 ans, et Lucas X, son fils, 22 ans. Père et fils visiblement unis par la pratique assidue du vélo et de la chasse. Père et fils solidaires dans l’épreuve du jugement sur des faits terriblement violents.

 

 

 

Les faits

 

 

Le samedi 29 juillet, la mère de Lucas invite tout le monde à un barbecue chez elle, elle invite aussi une amie, et deux copains de Lucas. Cette femme est séparée de Pascal depuis 18 ans, mais ils se voient parfois, restent en relation. Omar est là, venu passer quelques jours. Il n’est pas inconnu puisqu’il fut le compagnon de madame, sans vie commune toutefois.

 

 

On commence à boire dès l’après-midi. Pascal dit ne pas supporter l’alcool, mais ce jour-là il laisse couler. A 23 heures les policiers, alertés, débarquent. Pascal se présente, légèrement entaillé au niveau du nombril, Omar est en fuite à travers champs. D’après Pascal, Omar l’aurait pointé avec un couteau « sans motif apparent ».

Les policiers mettent rapidement la main sur l’homme : il est en sang, le visage défiguré, et l’histoire prend une autre tournure.

 

 

 

Le « sale bougnoule » est né à Dijon, mais qu’importe

 

 

« Les arabes piquent les femmes des français », « les arabes piquent le boulot des français », « sale bougnoule », « sale arabe de merde » : Omar en a entendu tout l’après-midi, et aussi que si cela ne lui plaisait pas, de vivre ici, il pouvait « rentrer chez lui sur un bateau sans fond ». Omar est né en 1974 à Dijon et il y vit. Les liaisons maritimes entre Saint-Vallier et Dijon n’existent pas, Omar de surcroît est français, mais qu’importe, Pascal est déchaîné, et à la première occasion, alors que l’hôtesse est rentrée préparer du café, il attaque de deux coups de poing, il le reconnaît. C’est alors une déferlante de coups, le fils venant en renfort du père, s’armant même de sa lance de chasse. A un moment donné Omar fonce au premier, saisit un petit couteau et redescend, père et fils l’attendent en bas de l’escalier : Omar parvient à piquer Pascal au nombril.

 

 

Roué sauvagement de coups

 

 

 

C’est ainsi qu’Omar lui-même est convoqué lui aussi devant le tribunal, mais il n’est pas là. Quand il a appris que père et fils n’étaient pas placés en détention provisoire, mais « seulement » sous contrôle judiciaire depuis le 1er août, il s’est mis en colère, il a dit n’avoir plus confiance dans la justice, et que « si c’était 4 arabes sur 1 français, ils auraient été écroués ».

 

 

Alors Omar laisse vide sa place, et Pascal, qui ne témoigne d’aucun regret, ne manque pas une occasion de charger sa barque, tirant du côté de Daesh, du terrorisme, du funestement fameux « allahu akbar », des fois que ça impressionnerait le tribunal, lequel s’étonne simplement que ces détails surgissent aujourd’hui, sans jamais avoir été évoqués en auditions.

 

 

Omar, lui, pleurait, au cours de son audition. Le médecin des urgences constate un hématome de 10 cm sur 10 au niveau du maxillaire, un traumatisme crânien, une fracture du nez, des ecchymoses sur l’abdomen et le thorax, son oreille gauche est déchirée, on la suture. Le légiste qui l’examine ultérieurement corrobore, et ajoute la mobilité d’une dent, et des lésions de défense sur l’avant bras droit.

 

 

 

« Il est interdit de passer à l’acte. La loi est la même pour tous »

 

 

« Les mots me manquent avec ces deux-là, parce que quand on est ivre et quand on est bête, les mots s’effacent au profit des coups et des armes », la procureur est vive et sans appel : « Il n’y a pas de légitime défense, mais il y a des menaces de mort. La victime a pu croire que sa dernière heure était arrivée. On n’est pas censé aimer tout le monde, mais on doit respecter tout le monde, la loi pénale l’exige. Il est interdit de passer à l’acte en paroles et en geste, la loi est la même pour tous. » La vice-procureur Saenz-Cobo requiert 1 an de prison ferme pour chacun des auteurs, et 1 mois avec sursis contre la victime. A sa suite, Maître Delmas plaidera la confusion de la situation, la nuit noire, peu de témoins, etc. « Tout n’est pas si blanc, tout n’est pas si noir. J’insiste sur leur sincérité », répète l’avocat. Mais le tribunal ne doute pas non plus de leur sincérité dans l’expression raciste et dans le passage à l’acte.

 

 

Décision du tribunal : légitime défense de la victime

 

 

Pascal X est condamné à 6 mois de prison, son fils à 6 mois de prison dont 3 avec sursis. Ils ont tous deux l’interdiction de porter une arme pendant 3 ans, soit autant de saisons de chasse sans eux.

 

 

Omar est relaxé sur le fondement de la légitime défense : le caractère raciste de tout crime ou délit impliquant des violences physiques est une circonstance aggravante, et la loi est la même pour tous.

 

 

 

F. Saint-Arroman

 

 

 

tribunal 2208172

 

 



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