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mardi 8 janvier 2019 à 07:48

Violences conjugales à Saint-Vallier

Il passera les deux années qui viennent sous main de justice ...



 




 

Il dit : « Je l’aime bien, elle est gentille, je ne veux pas qu’elle ait de problèmes. » Ensuite, il la charge. Elle, elle le protège : « Il a toujours été doux avec moi. Je l’aime. » Il était 2h30 du matin le 11 novembre dernier quand la police a pénétré à leur domicile de Saint-Vallier, ils étaient en sang tous les deux.

 

 

Placés sous contrôle judiciaire avec interdiction de contact entre eux, ils comparaissaient libres ce lundi 7 janvier. Lui, né en 1971 au Maroc. Elle, née en 1985 à Saint-Vallier. Ils se sont rencontrés sous le soleil de Nîmes, il est venu il y a un an vivre chez elle, à Saint-Vallier. Ils sont poursuivis pour violences l’un contre l’autre, et elle, pour violence sur sa voisine, une femme fragile, sous curatelle, une personne vulnérable avec laquelle monsieur couchait. Le soir du 11 novembre, comme madame se refusait à monsieur qui avait trop bu, il a filé en caleçon rejoindre son plan B. Un petit tour en voiture, 20 mn, relation sexuelle comprise. Ça a énervé madame. Pourquoi couchait-il avec cette voisine ? « C’était pas la première fois, elle venait tout le temps à la maison, il fallait qu’elle soit toujours pas loin de moi. » Ok, c’est pas lui, c’est elle.

 

 

« Non, non, c’est pas moi, j’ai jamais été violent »

 

 

Monsieur à la barre se défend pied à pied, n’hésitant pas à couper la parole à la présidente Grosjean, intervenant abruptement pour dire « non, non, c’est pas moi, j’ai jamais été violent. Elle par contre, elle m’a piqué avec un couteau, à l’épaule, j’ai beaucoup saigné. » Donc c’est pas lui, c’est sa compagne. Y a des hommes, comme ça (il y a des femmes comme ça aussi) : c’est jamais eux, c’est l’autre. L’autre change, mais la répétition subsiste. Des relations compliquées avec sa première femme, avec la seconde également. Un casier judiciaire à 6 condamnations, dont conduite sous l’empire de l’alcool, violences conjugales, agression sexuelle. Madame étouffe un cri, « agression sexuelle ! ». Elle découvre, elle ne savait pas. Elle place sa main sur son diaphragme, elle se courbe légèrement, elle ne sent pas bien. Maître MIrek la guide vers une chaise.

 

 

Madame, assise au sol, le visage en sang

 

 

Elle ne savait pas, elle sait, désormais, mais rien à faire : « Je l’aime, et si monsieur est d’accord, je veux bien repartir à zéro. » Que s’est-il passé le soir du 11 novembre à Saint-Vallier ? Dans le détail on ne sait pas, car les faits se seraient déroulés en 3 scènes impliquant 3 personnes, et on en a 3 versions. Sorti des 20 minutes en voiture et du petit coup rapidos que personne ne conteste, on sait que madame a tiré les cheveux de la voisine. La voisine a dit en audition qu’elle a vu monsieur donner une claque à madame. Madame a dit en audition, « il m’a mis une tarte très forte sur le visage ». A l’audience elle proteste : « J’étais sous le choc, je lui en voulais vraiment j’en ai rajouté. » Quand la police entre au domicile, monsieur lève les mains : pull ensanglanté. Puis les policiers voient madame, assise au sol, le visage en sang, nez et bouche. « Elle saigne toute seule, dit-il. – J’ai saigné une fois du nez, lors d’une crise d’épilepsie, corrige-t-elle. »

 

 

« Ni l’un ni l’autre ne dit la vérité »

 

 

Monsieur soutient qu’elle s’est servi d’un premier couteau dans la voiture, puis d’un second à l’appartement, n’empêche que ça lui ferait mal au cœur qu’elle ait « des problèmes ». Il finit par la faire pleurer à être ainsi assassin tout en prétendant le contraire, prenant Dieu à témoin. Maître Bourg le défend, maître Mirek défend la dame : ils ont tous deux une histoire sans histoires jusque là (la voisine fragile n’est pas présente, on pourrait l’oublier). « Ils éludent la gravité des faits, et ni l’un ni l’autre ne dit la vérité. » Marie Gicquaud, substitut du procureur, revient sur les premières déclarations de madame : « Il me tenait par les cheveux (une fois remontés à l’appartement, ndla), m’a mis des coups de poing à la tête et un au visage, j’ai réussi à attraper un couteau. » « Scène compatible avec les traces sur son visage. » Petites situations. Elle a eu travaillé mais s’occupe de sa petite. Il a eu travaillé mais ne travaille plus depuis 1 an.

 

 

 Pas d’interdiction de contact

 

 

Il passera les deux années qui viennent sous main de justice : 6 mois de prison entièrement assortis d’un sursis mis à l’épreuve. Obligation de soins, de travailler, de faire, à ses frais, un stage de sensibilisation à la lutte contre les violences conjugales. Il sera suivi à Nîmes, mais rien ne l’empêchera de revenir car le tribunal ne prononce pas d’interdiction de contact. Madame est condamnée à 4 mois de prison avec sursis pour les violences sur monsieur, et à 250 euros d’amende pour les violences sur la voisine. Interdiction de porter une arme pendant 12 mois. 

 

Les derniers mots de chacun étaient caractéristiques. Madame a déclaré : « Je tiens à présenter mes excuses à monsieur pour les violences. » Lui : « Moi je respecte la loi, j’ai confiance en la loi, c’est tout ce que je tiens à dire. » 2ème condamnation pour violences sur conjoint.

 

 

 

 

Florence Saint-Arroman

 

 

 

 

 

 

tribunal 2208172

 

 

 

 



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