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mardi 29 janvier 2019 à 05:04

Gilets jaunes du Magny devant la justice…

Un stage de citoyenneté, à ses frais



 




 

Il est réputé « gentil », il est aussi réputé « fragile », il fut interpellé le samedi 22 décembre au Magny en début de soirée. Une soirée agitée s’il en fut, les projectiles et les invectives contre les forces de l’ordre volaient bas.

 

Le contexte compte, on le verra, car cet homme de 32 ans vit sous une mesure de protection civile, une curatelle renforcée. Son jugement fut renvoyé à ce lundi 28 janvier car il fallait procéder à une expertise psychiatrique.

 

 

Grenades lacrymogènes, et jets de boulons, de bouteilles, en réponse

 

 

L’expertise a eu lieu, sa curatrice (qui est aussi sa mère) est présente, le tribunal peut tenir son audience. Partie civile dans ce dossier : le commissaire de police de Montceau. Présent sur le terrain depuis déjà 6 week-ends, il avait repéré cet homme « pour son comportement hostile aux forces de l’ordre et aux automobilistes » rapporte la présidente Aude Richard. Ce soir-là, 3 sommations à se disperser non suivies d’effet. Les forces de l’ordre envoient des cartouches de lacrymogène, les manifestants, qui étaient encore une centaine (300 au plus fort de l’après-midi) répondent par des jets de boulons, de pierre, de bouteilles. « J’ai vu formellement le dénommé X lancer un projectile dans ma direction, j’ai eu le temps de m’écarter, j’ai vu qu’il s’agissait d’une pierre », lira le procureur de la République, Damien Savarzeix.

 

 

« Là-bas, il a trouvé de la fraternité »

 

 

Pas du tout, répond le prévenu, c’était de la boue… « De la boue liquide n’aurait pas passé les 10 mètres de distance, objecte maître Marceau pour le commissaire. Donc boue compacte ou pierre, l’infraction est constituée, c’est de la violence à l’encontre d’un policier. » Le prévenu reconnaît qu’il a ramassé et relancé des cartouches de lacrymo. Que faisait-il dans cette galère ? « J’ai un nouvel appartement, à Montceau, j’ai fait des efforts importants pour l’addiction à l’alcool, et je ne prends plus de traitement pour ça. J’y suis allé pour faire des rencontres, je m’ennuyais chez moi. » Il s’ennuyait, et « là-bas, témoigne sa mère, il a trouvé de la fraternité ». « Et de la dignité, comme un sens à sa vie » renchérit maître Vermorel pour sa défense.

 

 

Déjà 4 condamnations, se pose la question de l’incarcération

 

 

Le procureur intervient : que dit le prévenu « de la prison, comme lieu de resocialisation » ? Ah ça, il répond du tac au tac, que ça ne lui dit rien du tout ! Une mesure en hôpital, encore, oui, mais la prison ? Non ! Sa mère intervient ensuite : elle pense que son fils n’en n’a pas fini avec l’alcool, qu’une obligation de soins serait adaptée. « Il s’occupe comme il peut, dit-elle, il n’a pas eu une vie bien facile. Au passage, je vous remercie de lui avoir proposé la prison, hein, c’est sympa » lance-t-elle au procureur, lequel rebondira : « Si j’en ai parlé c’est que la question se pose. » Elle se pose parce que le prévenu a déjà 4 condamnations pénales, a déjà eu un SME, elle se pose aussi au regard des faits pour lesquels il est poursuivi. Le ministère public tient à ce qu’il l’entende : c’est la dernière fois qu’on requiert contre lui du sursis (6 mois assortis mise à l’épreuve).

 

 

Altération du discernement, « pathologie psychotique »

 

 

Voilà pour le volet public, car sur le plan privé, l’expertise et la plaidoirie vont tempérer le tableau, du moins le singulariser. L’expert psychiatre conclut en effet à une altération du discernement : « pathologie psychotique avec consommation d’alcool qui est contrindiquée, car le mène à l’épilepsie », « excitation du groupe » (le prévenu lui-même parle d’un « état d’euphorie »), « dangerosité si décompensation aigue » (importance de son traitement, un traitement lourd). « La fragilité de sa personnalité est amplifiée dans un groupe, plaide Claude Vermorel. Il fut pris en charge tardivement, la psychiatrie est sinistrée en France, et le CMP de Montceau tourne avec des vacataires, ce qui empêche tout suivi stable et continu. » L’avocat revient sur les gilets jaunes du Magny, « des gens raisonnables », et parmi eux, donc, ce garçon atypique « qui n’a pas toute sa cognition ».

 

 

Un stage de citoyenneté, à ses frais

 

 

Le tribunal requalifie les préventions en « participation à un attroupement après sommation » et en « violences sur dépositaire de l’autorité publique en lançant des grenades (de lacrymo, ndla) », et condamne X à une peine alternative à la prison : un stage de citoyenneté, à ses frais. Deux mois de prison en cas de manquement.
« Dans ce rond-point, il a trouvé des amis et de sa dignité, comme un sens à sa vie », disait maître Vermorel qui ajouta : « Comme beaucoup. » Sur l’autre versant de la vie publique, le procureur de la République rappelait : « Combien de manifestants blessés dans le ressort de la juridiction ? Zéro ! Les forces de l’ordre ont été exemplaires. »

 

 

 

Florence Saint-Arroman

tribunal 2208172

 



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2 commentaires sur “Gilets jaunes du Magny devant la justice…”

  1. sebflo71 dit :

    « Il s’ennuie » « il a trouvé de la dignité  » mais quelle mascarade!!! Marre de payer des impôts pour de tels cas sociaux. Urgent de remettre certains au boulot avec des TIG, il aura au moins les mains occupées…..pas assez de sévérité avec ce type d’individus.

  2. nobody dit :

    Faudrait surtout condamner ceux qui l’ ont envoyé au casse pipe, ils se reconnaitront ceux qui soufflent sur les braises