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vendredi 1 février 2019 à 17:33

Justice – Comparution immédiate

 renvoi pour expertise d'un jeune majeur ayant des problèmes  familiaux à Montceau






 

Il était là à jouer les durs et les affranchis et à la fin de l’audience il a craqué, comme le gosse qu’il est encore en dépit de sa récente majorité. Le présidente Delatronchette, par ailleurs juge des enfants, se fit quasi maternelle pendant quelques secondes, en ce jeudi 31 janvier lors des comparutions immédiates. Récit.

 

 

On écrit « comme un gosse », mais c’est surtout comme quelqu’un qui sature, qui n’en peut plus, quelqu’un qui souffre. Cette souffrance, il semble avoir pris le pli de l’avoir convertie en violences, verbales et physiques, du coup il a 18 ans et 7 mentions à son casier. Tribunal pour enfants essentiellement : violences, menaces, outrages, détention et usage de stupéfiants, violences aggravées et menaces de mort, violences, encore, et encore. Ce mardi 29 janvier, au domicile de sa mère chez qui il vit avec sa fratrie, à Montceau, il a piqué une crise, menacé de mort sa mère et sa sœur, abîmé une porte de chambre, et le téléphone portable de sa sœur. Puis il a retourné son feu contre les policiers, jetant qu’il allait « incendier le commissariat ».

 

 

« Au vu des éléments du dossier, je me pose la question de la nécessité que vous rencontriez un psychiatre, qu’en dites-vous ? lui demande la présidente. Comment vous expliquez votre crise de colère ? – … (il ne dit rien) – Vous vous rappelez vos propos devant la juge des libertés et de la détention ? ‘J’ai rien à dire, même si je vais à Varennes, mais je les retrouverai (sa mère et sa sœur, ndla). » En garde à vue, il a volontairement frappé sa main droite contre un mur. Le substitut du procureur, Dominique Fenogli, partage les inquiétudes « sur la santé psychique de monsieur », il est favorable à une expertise, et requiert son maintien en détention, « il n’est pas question qu’il retourne au domicile familial, vu les menaces ».

 

 

Maître Trajokvski lui emboîte le pas : « C’est un tout jeune majeur qui a sa vie à construire. Il a besoin d’aide. » La mère et la sœur sont présentes, la maman veut parler : « il n’a pas dit qu’il allait me couper la tête, le mardi il a vu les messages dans le portable de sa sœur, et ça l’a mis en colère. » La présidente la recadre immédiatement : « Madame, il insécurise tout le monde à la maison où il y a aussi deux jeunes enfants. Il est allé trop loin, il faut être claire dans votre positionnement, madame. Il n’a pas à regarder les messages de sa sœur. »

 

 

Le tribunal ordonne une expertise psychiatrique, et le maintien en détention du garçon (faute d’un autre logement possible immédiatement), renvoie le jugement mi-mars mais voilà que sa sœur s’avance à la barre, et il s’agite : « Je ne veux plus vous revoir », il le répète, il monte le ton, « plus jamais ! ». La présidente fait sortir illico les deux femmes, le garçon pose alors les armes. Il plonge sa tête dans ses mains. Il craque. Un homme de son escorte lui tend un kleenex, son avocate aussi.

 

 

« Ça va vous permettre de vous poser un peu, là, d’accord ? De prendre soin de vous, de voir le psychiatre, de trouver de l’aide. » La présidente lui indique que le tribunal a entendu quelque chose de lui, au-delà des infractions commises. Il acquiesce. Il ne pouvait pas repartir dans de meilleures conditions. Quelqu’un qui vous entend, ça n’a pas de prix.

 

Florence Saint-Arroman

 

 

 

tribunal 0310172

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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