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mardi 19 février 2019 à 06:55

Une femme se rebelle à Montceau…

Le tribunal la condamne à une contrainte pénale* de 2 ans ....



 




 

La prévenue a 33 ans, elle est incarcérée depuis le 28 janvier dernier, en attendant d’être jugée. Le samedi 26 janvier, elle avait rejoint des copains sur le parking d’une zone commerciale à Montceau-les-Mines.

 

Son fils était avec elle, ses 6 ans équipés d’une combinaison de ski : elle avait prévu de l’emmener à la montagne la semaine d’après, au moins il avait chaud. D’ordinaire le week-end il allait chez sa grand-mère mais celle-ci ne pouvait pas le prendre, alors il accompagnait sa mère sur ce parking « où vous avez l’habitude de vous réunir avec d’autres personnes dont on peut dire que ce sont des marginaux, avec des chiens », explique la présidente Grosjean. « C’était pas une habitude, j’y vais que deux fois par mois, les voir, c’est des copains. »

 

 

Côté espace public, le groupe, avec ou sans elle, dérange. Posé là à picoler des bières, sa présence est désagréable pour les commerçants. Parmi eux, le gérant d’une pizzeria qui d’après la procédure est visiblement excédé. Le groupe (ils étaient 5, avec trois chiens) s’accroche avec lui, il riposte avec une bombe lacrymogène et l’enfant ramasse du gaz (la police a constaté ses yeux rouge) …

 

 

Sa mère en devient lionne et furie. Quand la police arrive tout le monde est très excité, elle, elle en veut au gérant de la pizzeria. Les policiers essaient de l’extraire du groupe, elle se débat violemment. Elle a près de 3 grammes d’alcool par litre de sang et ne se souviendra pas de tout. « Conditions d’interpellation très très difficiles, plaide maître Marceau pour les trois policiers qui se constituent parties civiles. Le pizzaïolo a déjà gazé la moitié de l’assemblée, les gens sont alcoolisés, les chiens divaguent. La question se pose d’en abattre un, le plus dangereux. La question se pose aussi d’user du taser. Et au commissariat ça recommence. Elle se plaint de violences policières alors qu’elle a chuté toute seule (Ben voyons !… semble dire la prévenue). » L’avocat demande des indemnités pour les trois policiers, principalement pour celui qui a pris des coups de pied (elle visait le gérant de la pizzeria dit l’un des PV). Comme son enfant a été placé, la prévenue est en difficulté dans le box, et semble résignée à ce que rien de ce qu’elle a à dire ne soit écouté, entendu.

 

 

 

Côté privé, la scène n’est pas la même. Côté privé cette femme a connu la rue et l’alcoolisme. Pas de qualification, pas de travail, elle évoque une formation possible, peut-être. Elle a 3 condamnations pour outrages… Elle soutient ferme qu’elle a eu des soins pour se sevrer de l’alcool, et que c’est bon elle ne boit que « 2 bières, et encore, pas tous les jours ». La présidente la confronte aux propos de son enfant qui dit volontiers qu’à la maison, sa mère et son copain boivent. La prévenue résiste. Maître Sarikan : « Ce jour-là fut exceptionnel. Madame a un logement stable depuis 3 ans, et c’est pour son fils qu’elle s’est battue. Je demande la relaxe pour la soustraction à ses obligations parentales, car les faits ne répondent ni à la gravité requise, ni au caractère continu que la loi exige. Elle s’est battue pour se socialiser et on vient lui dire qu’elle est une mauvaise mère alors qu’elle a réagi pour défendre son fils de l’agression d’un commerçant qui entend faire justice lui-même. Si vous prononcez un mandat de dépôt, elle perd tout, elle perd l’once de socialisation qu’elle avait conquise. »

 

 

Pendant la plaidoirie, elle pleure. C’est souvent que les gens pleurent quand des paroles viennent les soutenir. Le parquet, par la voix de Christel Benedetti, substitut du procureur, avait requis 6 mois de prison ferme (mandat de dépôt) et 6 mois assortis d’un sursis mis à l’épreuve. La prévenue avait reconnu que son fils n’avait « rien à faire là ».

 

 

Le tribunal relaxe cette maman à la vie compliquée de la prévention de « soustraction par un parent à ses obligations légales », considérant qu’en effet les faits du 26 janvier ne répondent pas à la définition posée par la loi, mais la présidente insiste : « ça n’empêche pas que ce que votre fils a vécu, ce jour-là, il n’aurait jamais dû le vivre. » La prévenue est déclarée coupable du surplus, le tribunal la condamne à une contrainte pénale* de 2 ans (6 mois de prison en cas de manquement), obligation de soins contre l’alcoolisme (« Elle dit qu’elle n’est pas alcoolique, mais elle boit de l’alcool tous les jours », relevait la substitut du procureur). 100 euros d’amende pour l’ivresse publique.

 

Le 12 février dernier, un juge, au TGI de Mâcon, a statué sur le placement de l’enfant, et si la décision n’était pas connue à l’audience du jour, maître Sarikan a précisé qu’elle fut prise « sans la présence de la mère ».

 

 

Florence Saint-Arroman

 

 

 

Maître Ravat-Sandre représentait l’administrateur ad-hoc de l’enfant mais vu la relaxe, il n’y a plus lieu de se constituer partie civile. Les policiers obtiennent des indemnités et une somme pour leurs frais de justice.

 

 

 

*contrainte pénale : http://www.justice.gouv.fr/loi-du-15-aout-2014-12686/une-nouvelle-peine-la-contrainte-penale-12689/

 

 

 

 

 

tribunal 2208172

 

 



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Un commentaire sur “Une femme se rebelle à Montceau…”

  1. domtom dit :

    je croyais que le fait de se rendre justice soi-meme était répréhensible….?