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mardi 27 mai 2014 à 08:01

Tuerie de Collonges en Charollais du 27 mai 1944

Une cérémonie de commémoration digne du sacrifice de ces hommes !



 

 

 

Une cérémonie de commémoration

 

digne du sacrifice de ces hommes !

 

Comme nous l’avions annoncé dans notre reportage paru sur notre site le 21 mai dernier et intitulé « Travail de mémoire », ce dimanche matin a eu lieu au monument aux morts érigé pour ces martyrs, entre Genouilly et Collonges en Charollais, la cérémonie commémorative du 70ème anniversaire de la tuerie du 27 mai 1944.

 

Cette cérémonie, faite à l’initiative du Comité du Souvenir Jean Pierson et de la Municipalité de Collonges en Charollais a rassemblé une foule de sympathisants, anciens maquisards et résistants, familles des disparus, anciens combattants et élus autour de :

 

– Robert Chantin, Historien, secrétaire du Comité Jean Pierson qui fit office de Maître de Cérémonie,
– Jean Yves Boursier, auteur et Professeur et aussi membre du Comité du Souvenir Jean Pierson,
– Jean Tortiller, dernier compagnon vivant de Jean Pierson,
– Yves Sabbre, Président du Comité du Souvenir Jean Pierson,
– Josette Lagrange, Maire de Collonges en Charollais,
– Le Général Georges Lacour,
– Des Représentants du Conseil Général, Christian Bonnot, Jean Girardon, Jean François Lautissier,
– Marcel Lonjaret , frêre d’une victime du 27 mai 44, Bernard Thévenot,
– Des porte-drapeaux de différentes associations d’anciens combattants et résistants, parmi lesquels on a reconnu les Montcelliens Georges Noury et Patrice Jacob de l’ANACR, Lorenzo Sementa des CVR

 

Ce fut d’abord Robert Chantin qui s’adressa à l’assistance en ces termes :

 

« Nous sommes rassemblés pour commémorer le drame du 27 mai 1944 qui vit 7 jeunes maquisards du Camp des Loups abattus en ces lieux, leurs corps suppliciés par des troupes d’occupation nazies. Les circonstances en sont détaillées sur le panneau ouvrant au parcours intitulé « sur les pas du maquis », menant au site du grand camp de l’été 1944 »

 

C’est près du monument que commence ce parcours…

 

Il poursuivait sur le comment a été édifié le monument, sur les noms de morts qui ont rejoint les 7 martyrisés du 27 mai et remercia l’assistance de sa présence.
Furent ensuite déposées 3 gerbes au pied du monument :

 

– La gerbe du Comité du souvenir Jean Pierson déposée par Marcel Lonjaret,
– La gerbe de la Municipalité de Collonges déposée par le Maire, Josette Lagrange,
– La gerbe de la Municipalité de Buxy, déposée par Daniel Duplessis 1er adjoint au Maire de Buxy.

 

Dans un silence « poignant » fut fait l’appel des morts par Jean Tortiller et des jeunes enfants de Collonges, juste avant que fut observée une minute de silence en hommages aux victimes des tueries.

 

Robert Chantin associa à ce moment les Amis qui disparus ces derniers mois.

 

La fanfare de l’Union musicale de St Gengoux le National joua alors la sonnerie aux morts suivie de la Marseillaise.

 

Josette Lagrange, Maire de Collonges en Charollais prit alors la parole pour un discours qu’elle prononça d’une voix emplie d’émotion :

 

« 70 ans, cela parait bien loin dans la mémoire qui au fil du temps estompe les stigmates de cette dernière guerre mondiale et rend supportable l’idée de se remémorer les souvenirs….(…) marquée par la folie meurtrière des hommes…..(…)….nous devons garder en mémoire….(….)….l’actualité nous rappelle tristement que des conflits dans le monde….(…)…mettent en danger cette liberté…..(…)….nous devons donner à nos enfants l’envie d’un avenir pacifique…(…)….leur transmettre que la différence n’est pas un danger mais une richesse…..(…)…. Nous devons porter la mémoire, véritable richesse, que les générations précédentes nous ont transmise. »

 

Elle poursuivit en affirmant que ce jour du 25 mai est un jour plein de signification :

 

– D’abord la commémoration d’aujourd’hui,

– Ensuite la fête des mères, en leur rendant hommage pour le fait qu’elles ont tremblés pour leurs fils partis au combat ou entrés en résistance et aussi pour celles qui ont des filles kidnappées et d’autres qui souffrent pour des enfants engagés pour défendre leur liberté,

– Jour de scrutin électoral européen pour une Europe en paix.

 

Ce fut ensuite Jean Yves Boursier qui s’adressa à l’assistance et nous vous citons intégralement ses propos ci-dessous :

 

« Je parlerai de gens, d’hommes et de femmes, et non de « territoire », un mot très utilisé dans le langage des bien-pensants aujourd’hui, un mot utilisé justement pour ne pas parler des gens. Et nous, nous voulons parler des gens.

 

Aujourd’hui, nous avons plus spécialement une pensée pour notre camarade Roger Lonjaret, ancien FTP du groupe de Fley, décédé récemment, et dont le frère René a son nom gravé sur ce monument. Il avait été organisé par Gaston Duboisset, le contrôleur des impôts, grande figure souvent méconnue de la Résistance dans cette région de la Côte Chalonnaise.

 

Nous perdons un de nos anciens, d’une famille qui a participé au combat des FTP, de ces familles sans qui le maquis n’aurait pas pu exister.

Ceux(CEUX) qui restent sont peu nombreux, quelques rares du camp Jean Pierson, à peine une dizaine.

 

Trois ont des itinéraires particuliers.

 

Deux ont survécus aux camps, un a échappé aux camps d’extermination.

 

• Jean Tortiller, jeune FTP déporté en mai 1944, à 17 ans au camp de Neuengamme après avoir été capturé au combat à Moroges le 24 mars 1944, passé par le camp de Compiègne, envoyé en commando de travail à Watenstedt, puis dans les marches de la mort à Ravensbruck, libéré le 2 mai 1945, rentré le 24 juin 1945.


• Raymond Berthenet, FTP, arrêté le 2 avril 1944 par la police française, emprisonné au camp français de St-Sulpice-la-Pointe, après avoir été livré aux occupants allemands déporté au camp de Buchenwald début juillet 44, envoyé dans les mines de sel, revenu le 5 mai 1945

 

• Jean-Jacques Lévy a échappé à l’ordre nazi établi par l’intermédiaire des vichystes qui pourchassait les familles juives. En juillet 1942, le commissaire de police de Montceau-les-Mines agissant sur ordre du sous-préfet d’Autun, écrivait dans son rapport : « Il a été procédé à l’arrestation de 34 juifs qui ont été conduits le 14 juillet au camp de Pithiviers sous escorte comprenant 6 agents de mon service. » Un camp français, la police française. Tous seront exterminés à Auschwitz. La famille Lévy réfugiée au Mont-St-Vincent en zone non-occupée, put survivre grâce au soutien de gendarmes patriotes, d’une partie de la population, et de la Résistance, ceci malgré une dénonciation. Jean-Jacques rejoignit le maquis FTP en juin 1944.

 

Le sous-préfet continua sa carrière après guerre, sans problème.

 


Ce (CE) qu’il nous reste, c’est une noble expérience, ce sont des traces et des 
questions.

 

 

La Résistance, ce sont des hommes et des femmes qui décident de faire la guerre alors qu’il n’y a plus d’Etat national, plus d’armée nationale, que règne la trahison vichyste. Il s’agit d’une décision de chacun, en conscience, mais pas pour le pouvoir, pas pour les places, questions qui ne préoccupent pas ces jeunes résistants. Pour eux, c’est : comment avoir des armes, comment s’organiser, quelles sont les cibles, quels sont nos appuis ?

 

 

Chacun pense, décide et agit en son propre nom. C’est cela la liberté de penser au sens où penser, c’est dans une situation voir ce qui est possible de faire. Après, bien sûr, partis et organisations tirèrent la couverture à eux, ce qui est classique.

 

 

De toutes parts aujourd’hui, les bien pensants veulent présenter au monde un passé fréquentable sur lequel on pourrait se promener au milieu de ruines, au dessus d’un océan de victimes placées sur le même plan. Cela conduit à ce que le 8 mai dernier à Orglandes dans la Manche, une même cérémonie a rendu hommage à plus de 10 000 soldats allemands tombés lors de la bataille de Normandie et à deux aviateurs français que les nazis fusillèrent.

 

 

On peut aussi faire du « tourisme de mémoire ». On a de « la mémoire » à toutes les sauces pour mieux oublier. Mais nous, nous n’oublions pas que ceux dont les noms sont inscrits ici sur ce monument ne sont pas les mêmes que ceux qui les ont assassinés. Jamais nous ne mettrons sur le même plan un maquisard et un soldat de l’armée d’occupation, jamais nous ne mettrons sur le même plan un jeune GI américain débarqué sur les plages de Normandie, un soldat soviétique libérant l’Europe du nazisme, avec un soldat de la Wehrmacht nazie.

 


Il faut rappeler ici que les mots ont un sens.
Le 16 mai 1945, les déportés libérés du camp de Mauthausen font le serment suivant :
« La paix et la liberté sont la garantie du bonheur des peuples et l’édification du monde 
sur de nouvelles bases de justice sociale et nationale est le seul chemin pour la collaboration pacifique des États et des peuples. »

 

 

C’était il y a 70 ans. Nous devons entendre cet appel dans un temps où règne la plus grande injustice sociale, où la seule vision du monde proposée à notre jeunesse par des

gouvernements soucieux de soutenir l’enrichissement des plus riches est la spéculation, et non pas le travail, le savoir, la connaissance.

 

Nous devons entendre cet appel alors que la guerre est toujours présente comme vient de le dire Madame le maire de Collonge-en-Charollais. Les instances internationales ont

laissé éclater la Yougoslavie, ce pays qui s’était construit dans une guerre de libération contre le nazisme, qui s’était libéré seul. Comment s’étonner qu’ici et là on crée aujourd’hui des

frontières. Le mauvais exemple a été donné.

 


Mais les pires frontières sont celles qui se dressent entre les hommes.
Dans un texte intitulé « Franchir un pont » écrit pour le cinquantième anniversaire du 
Conseil de l’Europe, l’ancien chef FFI de Toulouse, Jean-Pierre Vernant, professeur au

Collège de France nous dit : « Passer un pont, traverser un fleuve, franchir une frontière, c’est quitter l’espace intime et familier où l’on est à sa place pour pénétrer dans un horizon

différent, un espace étranger, inconnu, où l’on risque, confronté à ce qui est autre, de se découvrir sans lieu propre, sans identité. […] Pour être soi, il faut se projeter vers ce qui est

étranger, se prolonger dans et par lui. Demeurer enclos dans son identité, c’est se perdre et cesser d’être. On se connaît, on se construit par le contact, l’échange, le commerce avec

l’autre. Entre les rives du même et de l’autre, l’homme est un pont1. »
Cela va à l’encontre d’un monde où des cultures fermées coexisteraient sans se 
rencontrer. C’est en fait une question qui nous interpelle tous, une question de choix, de

conditions à créer pour que cela existe et cela suppose la prescription, la démocratie et l’éducation. »

 

 

Des enfants de Collonges et 4 adultes chantèrent un saisissant « Chant des partisans » que reprit ensuite la fanfare avant que Robert Chantin et Josette Lagrange invitent l’assistance au vin d’Honneur servi à la salle près de la Mairie.

 

 

Jean Michel LENDEL

 

 

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Un commentaire sur “Tuerie de Collonges en Charollais du 27 mai 1944”

  1. jean montceau dit :

    Le plus triste est que tous ces morts n’ont pas suffi pour eradiquer les idées qu’ils combattaient et qui refont surface aujourd’hui