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vendredi 29 août 2014 à 05:33

Fêter son demi-siècle au Mont-Blanc 



 

 

Un rêve devenu réalité

pour un Saint-Valérien

 

C’est un de nos fidèles lecteurs qui nous a fait parvenir ce texte et ces superbes photos !

Un lecteur qui habite aux Gautherets et qui signe : B.G.

Voici son compte-rendu et les photos l’illustrant :

« Selon une étude réalisée par Saint-Gervais, la commune de Haute Savoie sur laquelle se situe le Mont-Blanc, 20.000 à 30.000 personnes tentent chaque année l’ascension du Mont-Blanc, plus haut sommet d’Europe culminant à 4810 m. En août dernier, c’est un de nos voisins Saône-et-Loirien de Saint-Vallier qui se lança dans cette aventure hors du commun.

 

Cet amour pour la montagne l’a saisi lors de ses premières randonnées dans les Alpes du Sud où il se rendait régulièrement avec ses parents depuis l’âge de 12 ans. Depuis, c’est toujours avec un grand plaisir qu’il arpente, accompagné de sa famille, les sentiers alpins pour y découvrir des paysages toujours plus beaux et y admirer faune et flore sauvages. Mais en découvrant le massif du Mont-Blanc au cours de ces dernières années, ce passionné de montagne cultiva le rêve de gravir un jour ce sommet mythique. Et pour se lancer dans ce défi inoubliable, il choisit une date bien particulière : celle de ses 50 ans. Alors voici l’incroyable histoire de son ascension….

 

Dès janvier 2014, tout doit se planifier rapidement car les places sont chères. Les amoureux de la montagne s’inscrivent très tôt, et déjà en ce début d’année, il faut contacter de nombreux bureaux des guides pour trouver une dernière place libre pour une ascension au mois d’août prochain. C’est finalement au bureau des guides des Contamines Montjoie, une commune voisine de Saint-Gervais, que notre ami met la main sur une des dernières places tant convoitées pour une ascension le 14 août 2014. S’en suivent de nombreuses formalités administratives pour finaliser l’inscription et surtout une longue période de préparation à plusieurs niveaux. D’abord au niveau matériel car l’équipement doit apporter à l’alpiniste le confort nécessaire à supporter des conditions plutôt extrêmes ; ensuite, une très bonne préparation physique est également essentielle pour développer la condition nécessaire à gravir prêt de 2500 mètres de dénivelé en 2 jours ; enfin, la préparation mentale est un facteur clef pour la réussite de l’ascension, notamment dans les derniers mètres où la détermination permet de dépasser la fatigue accumulée, la douleur, le froid et les effets de l’altitude.
Mais le jour du départ arrive enfin le 1er août 2014 : la voiture, certes un peu plus chargée que d’ordinaire à cause du matériel de haute montagne, prend la direction de Saint-Gervais. Une fois sur place commence alors une semaine d’acclimatation cruciale pour s’habituer à l’altitude et ses effets trop souvent sous-estimés. Après une première rencontre avec le guide qui donne de derniers précieux conseils, 2 randonnées en moyennes montagnes sont planifiées: les sommets du Croisse Baulet (2236m) et du Mont-Joly (2525m) sont une nouvelle fois gravis malgré des conditions météorologiques décevantes.

 

Stage de préparation au Mont-Blanc

 

Le stage de préparation Mont-Blanc commence enfin le 9 août 2014. Il s’agit d’une étape importante avant l’ascension, non seulement pour faire connaissance le co-équipier de cordée et le guide, mais surtout pour apprendre les techniques de bases en haute montagne ainsi que les règles élémentaires de sécurité.

 

Après une dernière vérification du matériel par le guide, les 3 alpinistes partent sous un temps brumeux et incertain dans la direction du refuge de Tré la Tete (1970m) où ils effectuent une école d’escalade très utile pour apprendre à grimper dans les roches plus abruptes. La soirée au refuge de Tré la Tete permet de faire mieux connaissance, aspect très important pour établir la complicité et la confiance nécessaires au bon fonctionnement de la cordée. La nuitée en refuge d’altitude est ensuite un élément important pour l’acclimatation. Le deuxième jour, la cordée quitte le refuge vers 5h30 pour gravir le sommet de l’aiguille de la Bérangère (3425m) et mettre en pratique les gestes appris la veille, avant de redescendre au refuge des conscrits (2610m) pour une deuxième nuitée. La troisième journée de stage est alors entièrement consacrée à une école de glace sur le glacier de Tré la Tete pour apprendre à marcher sur la glace et la neige avec des crampons.

 

Une fois le stage terminé, les 3 alpinistes redescendent dans la vallée après quoi le guide donne son opinion quant aux capacités physiques de ses clients à gravir avec succès le sommet de l’Europe. Et c’est avec une opinion favorable que notre Saône-et-Loirien aborde son jour de repos avant l’ascension ultime, ce jour étant par ailleurs bien utile pour régler les derniers détails matériels et tenter d’accélérer la guérison de quelques ampoules apparues malencontreusement.
Ascension du Mont-Blanc en 2 jours par la voie royale !

 

C’est le 13 août 2014 que la vraie aventure commence alors. Il n’est que 6h quand notre Saône-et-Loirien se lève plein d’espoirs de réaliser enfin son rêve. La météo est alors déplorable mais il y a de bons espoirs que le lendemain, le jour de l’ascension du sommet, soit le plus beau jour jamais eu depuis le début de cet été 2014.

 

Une fois les derniers préparatifs terminés, notre ami Saint-Valérien part, accompagné de sa petite famille, en direction de Saint-Gervais où il rejoint son co-équipier de cordée. A cause d’un imprévu de dernière minute, le guide doit retarder le départ de 2 heures et les alpinistes attendent le train à la gare en contemplant une météo désastreuse : toute la vallée est complètement bouchée et il pleut à plein temps.

 

Enfin, l’heure du départ a sonné. Il est 9h40 quand nos 2 alpinistes, excités à l’idée de gravir le plus haut sommet d’Europe, quittent la gare de Saint-Gervais au bord du fameux Tramway du Mont-Blanc en compagnie de leur guide. Avant d’arriver au terminus de ce célèbre train, tous profitent du trajet pour enfiler vêtements de pluie tant la météo se détériore avec l’altitude.

 

Une fois arrivés au Nid d’Aigle (2372m), il faut commencer à grimper direction le refuge de Tête Rousse (3167m) où un repas chaud est prévu. Dans l’ascension, les conditions météorologiques s’aggravent : il vente de plus en plus fort, la pluie se transforme en grêle puis en neige, et nos alpinistes doivent même monter en plein milieu d’une tempête. Une fois au refuge, le guide ne veut pas trop s’attarder à cause de la météo car il faut passer l’Aiguille du Gouter avant que le temps ne s’aggrave encore.

 

Alors nos alpinistes repartent rapidement après le repas au refuge de Tête Rousse, cette fois-ci en cordée, en bravant le froid et la tempête de neige pour traverser le fameux « grand couloir ». Ce passage abrupte et mythique de l’ascension est également appelé « couloir de la mort » à cause des nombreuses chutes de pierres qui rendent ce passage difficile et en font l’un des plus dangereux de l’ascension. Ici en plus, les conditions ne facilitent pas la traversée : la neige qui tombe dévale la pente en permanence et masque le tracé du sentier devenu instable. Il faut alors faire très attention. Néanmoins, ce couloir est traversé avec succès et l’ascension se poursuit, toujours avec beaucoup de précautions. Le sentier est anormalement enneigé et certaines parties abruptes sont particulièrement difficiles, d’autant plus sous cette tempête de neige qui continue de sévir. Mais le guide devenu ami ne cesse de redonner du courage en montrant le chemin. En tout, la montée de l’aiguille durera 2h30.

 

En arrivant au nouveau refuge du gouter au sommet de l’aiguille du gouter (3385m) vers 15h30, les alpinistes ont derrière eux une longue journée de marche rendue difficile par des conditions météos impraticables. Malgré l’heure précoce, il est temps pour eux d’aller faire la sieste afin de récupérer un maximum d’énergie pour le lendemain. En effet, même s’ils sont en théorie à la moitié du chemin, la deuxième journée de l’ascension reste la journée la plus longue et la plus délicate.

 

La soirée au refuge après le repas de 18h ne sera pas très longue car il faut aller se coucher tôt. Mais le ciel finit par se dégager laissant jaillir un magnifique coucher de soleil au-dessus d’une superbe mer de nuage recouvrant la vallée. La lumière du soleil couchant se reflète sur la neige fraichement tombée et fait briller le refuge de mille feux. Beaucoup prennent alors quelques minutes de leur précieux temps de sommeil pour immortaliser cet instant magique. De plus, les améliorations météorologiques tant attendues mas inespérées redonnent le moral aux 120 alpinistes passant la nuit au refuge du gouter en vue de gravir le Mont Blanc le lendemain, qui peuvent ainsi aborder la nuit avec plus de sérénité.
Lorsque le réveil sonne à 1h45 du matin, la nuit a certes été très courte mais tous les alpinistes sautent de suite de leur lit. Ce 14 août 2014 est le jour de vérité. De plus, tous les espoirs sont de nouveau réunis en voyant le ciel étoilé et la vallée de Chamonix complètement dégagée ; la météo s’annonce bonne. Après un petit-déjeuner copieux, notre Saint-Valérien et son collègue breton rangent leur précieux thermo de thé dans le sac, chaussent les crampons, ajustent la lampe frontale et quittent en premier le refuge du gouter vers 2h45. Comme il a neigé la veille, la fameuse « trace » menant au sommet est effacée. C’est donc cette première cordée, sur les pas de Clément, le guide des Contamines Montjoie, qui ouvrira la voie jusqu’au Mont-Blanc. Les nombreuses cordées se suivent aux lueurs des lampes frontales dans la nuit noire pour gravir d’abord le dôme du gouter (4304m). A part un passage où il faut marcher avec précautions sur une crevasse recouverte de neige, le chemin est sans risques particuliers. A 4h30, ils atteignent en premier le refuge Vallot, petit abri de survit perché à 4362 mètres d’altitude. Une pause de 15 minutes laisse le temps d’enfiler les dernières couches de vêtements pour se protéger contre le froid grandissant avant de repartir. Lorsque le soleil se lève, tout le massif est dégagé et les alpinistes ont devant leurs yeux un superbe panorama enneigé éclairé d’une lumière rose. Lors de la montée, il est déconseillé de s’arrêter pour prendre des photos pour ne pas couper le rythme de la cordée, mais ce n’est pourtant pas l’envie qui manque devant un tel paysage…

 

A ce stade, l’effort physique est intense, les premières douleurs apparaissent, le froid se ressent de plus en plus et les premiers effets de l’altitude se font également ressentir. Chaque pas marché représente un pas de moins vers le sommet et c’est à cette pensée que se raccrochent les alpinistes. Après le matériel et la forme physique, c’est au moral qu’il faut se raccrocher, et notre Saint-Valérien en a beaucoup. Passée l’arrête des bosses (4510m), les alpinistes ne sont plus qu’à quelques centaines mètres de dénivelés du sommet qui s’élance déjà au loin, lorsque notre Saint-Valérien connait un coup de fringale qui lui coupe littéralement les jambes. Plein de volonté, il ne veut pas voir son rêve s’écrouler à une si proche distance du sommet. Il prend alors une barre céréales et rassemble les dernières énergies qui lui restent pour grimper la toute dernière pente. Les paroles d’encouragements et de soutien données par le guide représentent également de vrais moteurs pour le moral et les jambes. Il reprend alors la marche, le regard bien concentré sur ses pas.
Finalement, notre Saône-et-Loirien et son collègue sont la 4e cordée à atteindre le sommet du Mont Blanc en ce 14 août 2014 à 7h30. Après de sincères remerciements au guide les ayant emmenés jusqu’ici, c’est un super panorama qui s’offre à eux. Le soleil surplombe une mer de nuages assez basse pour laisser les plus beaux sommets alpins dominer. Malgré les -15° C, tous veulent immortaliser ce moment unique. Les photos seront certes moins nombreuses que planifier à cause du froid pénétrant, mais par contre bien plus belles qu’on n’aurait jamais pu l’imaginer. De la neige à 360°C. Un monde de glace impressionnant à perte de vue. Un ciel bleu incontestable. A cet instant précis, nos alpinistes sont pris d’une sensation exceptionnelle et unique : ils dominent l’Europe, il n’y a rien de plus haut autour d’eux car ils se trouvent après maints efforts à 4810 mètres d’altitudes.

 

Fier de son exploit, notre Saint-Valérien partage son bonheur en appelant sa famille à 7h36, qui est d’ailleurs déjà en chemin pour venir le rejoindre au refuge de Tête Rousse. De façon assez inattendue, le réseau passe mieux au sommet du Mont-Blanc que nulle part ailleurs dans la région.

 

Puis, vers 7h40, il est déjà temps de redescendre car le froid est terriblement glaçant. Les conditions de ce 14 août 2014 ne permettront malheureusement pas de rester plus longtemps sur le toit de l’Europe mais aux yeux de ces alpinistes, ces 10 minutes de pur bonheur resteront à jamais graver dans leur mémoire comme une intense satisfaction d’avoir au moins un jour gravit le plus haut sommet d’Europe.

 

Lors de la descente, quelques pauses photos permettront cette fois d’immortaliser le chemin de la « voie royale menant au Mont-Blanc ». Alors que la cordée de notre Saint-Valérien est sur le chemin du retour, des centaines de cordées grimpent encore. La descente est plus rapide car plus facile, et les conditions météos sont, en ce jour, bien meilleures que la veille. Après seulement 3h de marche, ils rejoignent le refuge du gouter et vers 12h30 ils atteignent le refuge de Tête Rousse pour y déjeuner. La descente de l’aiguille du gouter est plus délicate que la montée mais cette fois-ci le passage du grand couloir se fait dans de bien meilleures conditions. Notre Saint-Valérien mène alors la cordée, son collègue breton payant un peu les frais des effets engendrés par l’altitude et le guide étant tout derrière pour assurer les 2 alpinistes moins expérimentés.

 

Les retrouvailles à Tête Rousse entre le Saint-Valérien et sa famille sont joyeuses. Après la réussite de l’ascension, les alpinistes sont redescendus sain et saufs, un soulagement général car même accompagné d’un expert et dans les meilleures conditions possibles, le Mont Blanc reste un univers glaciaire de haute altitude qui dicte ses lois et où le risque 0 n’existe pas, comme le souligne justement Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais.

 

Finalement, dans la dernière partie du sentier, la fatigue se fait ressentir de plus en plus mais il faut rester vigilant encore 2 heures, même si la difficulté est moindre, car la descente se fait également sous la pluie et la neige. En l’espace de quelques heures, le temps s’est dégradé de nouveau. Mais une fois dans le train direction la vallée, la discussion est uniforme et elle n’a rien à voir avec la météo triste et maussade de cet été 2014. Bien au contraire, les alpinistes partagent dans la joie et la bonne humeur leurs ressentis, émotions et souvenirs sur l’exploit qu’ils viennent d’accomplir. Si l’on en croit les statistiques, près de 400 alpinistes ont vraisemblablement pris, comme chaque jour, la voie royale pour faire l’ascension du Mont-Blanc ce 14 août 2014, avec certainement plus ou moins de succès selon les cordées. Mais en redescendant, même si la fatigue est bien présente, tous ne pensent qu’à exactement 2 choses : ce qu’ils ont vécu lors de cette aventure humaine exceptionnelle et leur envie d’y retourner un jour pour revivre encore une fois ce bonheur intense …

PS : Un dernier mot pour remercier ma femme et mes deux filles qui m’ont toujours soutenu et m’ont permis d’avoir beaucoup de courage tout au long de ce stage et qui ont fait beaucoup de sacrifice pendant toute la semaine de cette ascension du MONT-BLANC. »

 

B.G

 

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4 commentaires sur “Fêter son demi-siècle au Mont-Blanc ”

  1. carambar71 dit :

    Bonjour et Merci pour ce magnifique reportage, cela serait intéressant de pouvoir partager cet événement sur grand écran à l’ écla à Saint-Vallier.

  2. mck dit :

    Merci de nous avoir partagé cette magnifique ascension avec de très belles photos et un très beau récit. Que du bonheur pour les amoureux de la montagne. Et bravo

  3. SAILORMN dit :

    Bravo et merci pour ces superbes photos Ne pas trop attendre pour réaliser ses rêves avant que la santé ne se dérobe les beaux souvenirs sont bien plus riches que les regrets de n’avoir pu faire à temps

  4. Electron libre dit :

    Volonté d’assouvir un rêve , préparation physique adaptée , lucidité et humilité face au défi à réaliser … Tous les bons ingrédients de la réussite d’une telle entreprise !

    « Faire » le Mont Blanc n’est pas anodin , ça marque une vie !
    Les proches de ce monsieur verront pendant très longtemps , briller dans ses yeux , la petite étincelle de bonheur de ceux qui ont tutoyer la haute altitude !

    Petit détail important : Si le Mont Blanc est effectivement le plus haut sommet des Alpes et d’Europe occidentale , il n’est pas le plus haut sommet du continent Européen .
    C’est le Mont Elbrouz , culminant à 5642 mètres dans les Monts du Caucase en Russie , qui est sans conteste le « toit » de l’Europe !

    Ce qui , bien évidemment , n’enlève rien à la performance de ce monsieur !

    A l’année prochaine pour le compte-rendu de l’ascension par les « Trois Monts » ?

    Bien amicalement !