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mercredi 9 novembre 2016 à 06:06

Blason de Montceau (suite)

Si j’avais eu à le présenter par un discours



 

 jeanmichel71 s’étant interrogé sur ce que l’on aurait déclamé lors de la présentation du blason de Montceau les Mines et leur installation à l’Hôtel de Ville, nous avons donc travaillé le sujet et produit un discours ad hoc.

 

 

Je ne commencerai pas le discours par ma formule humoristique favorite « C’est d’une main qu’une émotion légitime fait trembler que je prends la parole. »

 

 

Non, je commencerai donc par quelque chose de plus classique « Mes chers concitoyens, Montcelliens, Montcelliennes, nous sommes là face au symbole de notre glorieuse histoire.

 

 

Être de quelque part c’est essentiel à l’histoire de l’homme ; pouvoir dire d’où l’on vient l’est autant ; disposer d’un support d’identification, d’appartenance l’est encore plus.

 

 

Au fil des siècles l’homme a créé les signes d’identification, d’adhésion directe ou volontaire au groupe, à la famille, à la communauté. Le premier de ces signes fut les couleurs, puis le blason et pour illustrer l’engagement moral, la devise.

 

 

Montcelliens, Montcelliennes, aujourd’hui nous concrétisons en quelque sorte le syncrétisme de nos passés divers, d’un siècle de notre histoire, d’un siècle de nos assimilations communes, de la constitution de notre identité propre, de nos racines multiples et complémentaires. Pour ce faire, quoi de plus évident et fédérateur qu’un Blason signant notre roman municipal.

 

 

Nous sommes bourguignons, quelques soient les horizons qui nous ont vu naître, nous et nos ancêtres. Nous nous devions de le rappeler et de nous placer sous l’égide de cette région historique co-fondatrice de ce que fut le royaume de France et donc de notre pays, de notre nation.

 

 

Une naissance est aussi un arrachement, nous ne pouvions oublier que ce fut de la chair des communes voisines que nous sommes nés.

 

Nous sommes le fruit de cet héritage et donc nous nous créons des preuves de filiation par cet objet symbolique.

 

 

Il faut souvenir que la France ne dispose pas d’un organisme officiel d’identification et d’enregistrement des blasons qui eux même n’ont pas une vie légale intangible.

 

 

Donc tout en respectant les armes et « meubles » des autres il est possible de réaliser soi-même son blason. »

 

 

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Pour ce faire il faut définir ce qui vous caractérise le mieux : Montceau c’est la mine, c’est consubstantiel à sa naissance, à son existence, à l’évolution de son histoire humaine politique et sociale. Pour le symboliser nous avons choisi de rappeler par 4 cantons, 4 parties du blason de forme française, les 4 communes dont notre ville est née et les insignes du métier.

 

Il convenait de signifier par les instruments choisis la nature du métier de forçat de ceux qui descendaient dans les entrailles de la terre pour alimenter le pays et faire vivre leurs familles. D’où ces lampes de mineurs pour la sécurité d’un métier dangereux et les outils pour la représentation d’un métier très dur.

 

 

 

Il fallait que ces symboles soient facilement lisibles, rapidement identifiables et surtout mémorisables. En même temps il ne faut pas qu’ils soient trop nombreux au risque de brouiller le message, car l’héraldique originelle affectait la simplicité.

 

 

 

On ne peut être plus clair, Montceau les mines est en Bourgogne et doit son passé et sa noblesse au travail de ses mineurs, travail dangereux et harassant. Il fallait absolument que cela soir montré au monde. Chaque Montcellien et Montcellienne pourra ainsi faire le lien avec sa propre histoire, celle de sa famille, celle de son territoire. Le caducée apporte cet élément qui reprend l’esprit, la quintessence de ce qu’est un Montcellien et une Montcellienne et de ses aspirations profondes et de ce que sa ville doit être.

 

 

 

Le caducée dans le cas présent se rapporte à la capacité à communiquer, à dialoguer, à discourir, la sagesse du jugement, l’autorité du pouvoir, l’esprit de paix et de neutralité, de partage et de solidarité. Il est brochant, il vient par-dessus les symboles propres à la mine pour affirmer que ce caractère inhérent aux montcelliens survivra à tous les aléas de l’histoire.

 

 

 

Mais le roman d’une ville ne peut être écrit uniquement à partir de ses fonctions économiques, il doit tisser les liens sociaux et politiques… C’est pour cela que ce blason s’est vu adjoindre un cartouche illustré.

 

 

Ce cartouche est “adextré” (donc orné à droite) d’une branche de chêne “de sinople” (couleur verte), cela symbolise la force et la puissance “englantée de même” (glands, verts), cette puissance est prolifique et sa descendance agrandira l’histoire de la ville ; « sénestré », d’une branche de laurier, “de sinople”, symbolisant la victoire et l’immortalité d’où une nouvelle fois les fruits : “fruitée de gueules” (de fruits rouges).

 

 

Là aussi le message est clair, jeune et récente cette ville va fructifier dans le temps et surtout durer au-delà des simples limites humaines.

 

 

Montcelliens, Montcelliennes ce blason condense l’ensemble des signifiants importants de Montceau.

 

 

Mais il existe une constante dans son histoire : les luttes sociales, l’affirmation de la république et de ses valeurs, le creuset national, l’égalité, la fraternité, alors il convenait d’y adjoindre un bonnet phrygien rouge orné d’une cocarde tricolore dont le rouge est au centre.

 

Mais pas n’importe quel bonnet phrygien, celui planté sur un bâton,  celui qui symbolise la liberté et ce qui va avec.

 

 

Il est tourné vers la gauche lorsqu’on regarde le blason et son cartouche, c’est le côté du cœur, du cœur de notre « peuple », « de notre ville ».

 

 

Le bonnet phrygien n’a jamais disparu depuis le 9 thermidor, époque où une forte réaction s’éleva contre lui, et personne, même au lendemain du 18 brumaire ne put le faire disparaître. Seul le premier empire lui offrit une éclipse. Il restera à toujours le symbole de la révolution française.

 

 

Il était donc bon que dans ce pays de syndicalisme puissant il concrétisât l’esprit du « peuple minier ».

 

 

Voici, mes chers concitoyens, mes chers Montcelliens et Montcelliennes, la lecture qui doit être faite de notre blason. Il accompagnera dorénavant tous les actes de la vie de notre cité et la fera rayonner partout auprès de nos interlocuteurs. »

 

 

Voilà ce que j’aurais dit si j’avais eu à présenter le blason de la ville.

 

 

Gilles Desnoix

 

 

 

 

 

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