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lundi 24 septembre 2018 à 07:15

Portrait (Montceau)

Stéphane Soulier, le libraire que tous les patrons rêvent de recruter



 




 

 

Qui, à mille lieux à la ronde, ne connait pas Stéphane ? Personne ! Et surtout pas ceux qui ont affaire à lui, au centre culturel Leclerc, au sein duquel il officie depuis l’ouverture du magasin.

 

 

Et autant le dire tout de suite, pas un ne lui arrive à la cheville lorsqu’il s’agit de renseigner, conseiller et guider les clients dans leurs choix littéraires.

 

 

Mais cela, Stéphane ne veut pas l’entendre, puisqu’aussitôt, il rectifie : « Je connais certes mon métier et je m’emploie à l’exercer au maximum, mais il ne faut pas oublier mon équipe, qui me soutient et qui s’investit beaucoup aussi ».

 

 

Il étudie…le japonais

 

 

Stéphane Soulier est originaire de Thil, dans la banlieue lyonnaise. Il y a obtenu une Maîtrise, puis un DEA (Diplôme d’études approfondies) de japonais. « Je voulais devenir enseignant, spécialisé dans la représentation, lorsque j’étais à la fac’ » dit le jeune homme en souriant.

 

 

Et ce que j’aimais bien, c’était le côté « recherche ». D’ailleurs, j’avais rédigé un mémoire sur le fait qu’il y avait tout un courant littéraire dans le Manga, avec des auteures qui écrivaient des histoires d’hommes qui aiment les hommes. Bref, cela parlait tout simplement des relations entre hommes et femmes. Mais tout cela était déguisé !

 

 

Mais pas d’enseignement pour Stéphane, car le destin en a décidé autrement, puisqu’il est à ce jour, responsable-adjoint au centre culturel Leclerc, en charge de la librairie.

 

 

Mais celui-ci n’est pas un libraire lambda : il est surtout celui que tous les patrons souhaiteraient compter parmi leur personnel. 

 

 

Un clash bénéfique

 

 

« Tout a débuté lorsque un jour, il y eut un clash avec mon enseignant-chercheur, pendant que passais mon diplôme. Mais en même temps, j’étais en contrat-étudiant dans un espace culturel, à Lyon, je devais y faire une formation de libraire, mais cela ne s’est pas fait » se souvient le jeune homme. Mais le destin, toujours lui, veillait…

 

 

 

Un bel outil entre les mains

 

 

Il a alors décidé, suite à une annonce parue à Montceau, où on ouvrait un magasin culturel, de se présenter pour un poste. L’entretien avec le recruteur effectué, il a eu la bonne surprise d’être engagé. « Le projet me plaisait et m’excitait, car c’était une création de magasin. Mais aussi une création de clientèle. Tout restait à faire… » s’anime Stéphane.

 

 

Le magasin a ouvert ses portes le 27 septembre 2007, et il est arrivé un mois avant l’ouverture.  Il y avait juste les murs et une partie des meubles qui étaient montés à l’intérieur du magasin et il a été affecté au sous-sol, à étiqueter des livres toute la journée.

 

 

 

« On mettait les livres dans les cartons et deux semaines avant l’ouverture, on n’a fait que remplir, remplir, remplir les rayons… » rigole-t-il.

Et l’homme de se rappeler qu’ils avaient fait une soirée d’ouverture avec les personnes qui étaient recrutées, comme lui, et leurs premiers clients ont été les personnels de l’hypermarché Leclerc d’en face.

 

 

« On nous avait mis un bel outil dans les mains, et derrière cette ouverture, il y avait une belle aventure humaine. Lorsque j’étais à Lyon, il y avait une librairie proche de chez moi que je fréquentais assidûment, quasiment tous les jours. Soit j’achetais ou je farfouillais dans les rayons ou je dialoguais avec les libraires, et j’ai eu la chance que cette équipe me prenne sous son aile » explique le jeune libraire.

 

 

Précisant qu’on lui avait dit texto : « On va développer tes goûts, on va t’expliquer ce qu’est un livre, une séance de dédicace ».

 

 

Se souvenant : « En fait, ils m’ont montré l’envers du décor d’une librairie. Cela m’a permis de comprendre les enjeux du livre. Car lorsqu’on présente un ouvrage à quelqu’un, cela permet au commerce de fidéliser la clientèle. Et comme mes parents sont commerçants, cette idée de la fidélisation et de l’amitié qu’on peut avoir avec certaines personnes, ces valeurs-là me sont restées… ».

 

 

Toujours avec sa fougue habituelle lorsqu’il évoque son « job », il enchaine : « Et c’est ces échanges que je souhaite qu’on garde au sein de mon équipe. Nous sommes quatre pour les livres. Je m’appuie beaucoup sur eux, mais nous avons la chance, en cas de surcharge de travail, de pouvoir compter sur l’aide des autres collègues. Notamment pour réceptionner nos commandes… ».

 

 

Et si on lui demande ses préférences en matière de lecture, la réponse fuse : « Je m’intéresse bien évidemment à tous les genres de livres, mais mon grand amour restera toujours la bande dessinée, surtout l’imaginaire, le fantastique etc. ».

 

 

Des missions variées

 

 

Sa mission, lorsque la directrice n’est pas là, c’est d’encadrer comme elle les équipes, pour pallier les problèmes du quotidien. Mais lorsqu’elle est là, il se dédie entièrement à la librairie. Les achats, la mise en rayon, le suivi, la tenue du rayon etc. Mais aussi la gestion, l’organisation d’évènements comme le salon du livre, les dédicaces, les signatures après les spectacles.

 

 

 

Il donne sa chance à l’auteur local

 

 

Stéphane l’affirme : « Je tiens vraiment à la culture locale et au bassin culturel local. Pour moi, je trouve important qu’un auteur local puisse venir au magasin pour dédicacer ses ouvrages ».

 

 

Et là, votre serviteur confirme ! A deux reprises, Stéphane Soulier lui a donné sa chance. Il fait confiance et cela est très important pour un auteur. De plus, l’accueil est plus que convivial et tout est tellement bien organisé, qu’on oublie vite le trac et qu’on se croit comme à la maison.

Le libraire explique sa façon de travailler : « Je demande tout d’abord à voir le livre, nous échangeons sur celui-ci et si cela me convient, la séance de dédicace sera programmée ».

 

 

Et aux auteurs nationaux

 

 

 

Ajoutant : « Et lorsque ce sont des auteurs nationaux, c’est la cerise sur le gâteau. Nous avons pu, grâce à Pascale Martinez, de l’Embarcadère, avoir la signature de Bernard Pivot et Éric Emmanuel-Schmitt, pour ne citer qu’eux… ».

 

 

 

Ses patrons sont engagés dans un partenariat avec l’Atelier du Coin, qui expose ses travaux. Ce qui leur permet d’aller au contact de leur public. « Se mettre au niveau du client, c’est ce à quoi nous nous attachons, mon équipe et moi » sourit Stéphane.

 

 

 

Et de préciser que « si le magasin a le succès qu’il a sur la région, c’est parce qu’on a gardé l’idée de notre clientèle et l’idée de l’entreprise ».

 

 

Besoin d’être aimé des gens

 

 

Quel est le secret de ce libraire chevronné pour fidéliser cette clientèle qui fait de lui la référence du magasin ? Les clients le réclament, car ils savent qu’ils seront super bien conseillés, avec un libraire qui connait parfaitement son travail et bien au-delà. Ne craignant pas de dialoguer de longs moments, pour percevoir ce qui plaira à la personne, ce qu’elle n’aimera pas et ce qui pourrait l’intéresser.

 

 

Stéphane explique : « Je suis quelqu’un d’hyper-timide. Donc, par défaut, je me mets des coups de pieds aux fesses tout le temps. J’ai peur de ce que les gens vont penser de moi et j’ai besoin d’être aimé par les gens ».

 

 

Et poursuivant son introspection : « Je me suis rendu compte que c’était beaucoup plus facile d’être apprécié des gens lorsqu’on s’intéresse à eux. Et pour moi, lorsqu’on le fait, la bataille est à moitié gagnée. J’arrive à aller vers les autres et j’apprends d’eux… ».

 

 

Et Stéphane Soulier de raconter : « Par exemple, si je prends l’exemple de l’un de mes clients, on n’est jamais d’accord sur les livres, sur les films, parce qu’on n’a pas du tout les mêmes goûts. Mais au moins on a un dialogue. Et c’est dans ce dialogue-là que tout se construit ! ».

 

 

Jury du Grand Prix RTL de la BD

 

 

Intarissable quand il s’agit de sa passion, il   reconnait : « Il est vrai que j’ai aussi la chance d’avoir des clients qui sont prêts à dialoguer. Pour un libraire, c’est une grande partie de gagnée. J’entre dans ma 13e année en qualité de libraire, je suis membre du jury du Grand Prix RTL de la BD, et ce, durant deux ans. Puis, il a fait partie de l’équipe fondatrice du prix Landerneau de la BD.

 

 

 

Un libraire lit-il tous les livres ?

 

 

Comment fait-il pour tout connaitre sur tout ? Lit-il tous les livres ?

 

 

Stéphane énonce une évidence : « Pour bien parler d’un livre, il faut l’avoir lu. Même à la maison, je travaille, je lis des livres, des BD etc. Mais je ne peux pas tout lire. Un livre, cela se passe en deux temps : le représentant passe et nous en parle, selon ce qu’il va nous en dire, on va s’engager plus ou moins sur ce livre. Après, lorsqu’on le reçoit, on le décrypte, on va lire les bonnes pages. Si elles sont vraiment bonnes, on va lire le livre. Et là, on va pouvoir en parler… ».

 

 

Et même si on s’en doutait un peu, il a compris depuis longtemps qu’il ne faut pas être fermé, mais qu’il faut avoir une capacité d’ouverture sur tous les sujets. « Je travaille dans un magasin généraliste, il est important que je sois, au niveau culture générale, à la pointe ! » s’exclame-t-il.

 

 

Avouant sans fausse honte qu’il ne se force pas à lire les livres qu’il n’aime pas. Mais il ne se ferme pas et le dit franchement.

 

 

 

Ne pas se tromper sur le produit

 

 

 

Dans ce genre de commerce, la clientèle n’a que l’embarras du choix lorsqu’il s’agit de faire un cadeau. Mais faire un cadeau, ce n’est pas anodin. Et lorsque les gens lui demandent conseil, il les questionne sur les goûts de celui ou celle qui va recevoir le présent et les oriente sur ce qu’il est sûr qu’ils vont apprécier.

« Mais je me trompe aussi quelquefois, mais ce n’est pas grave, car cela me permet de réajuster. Je dis toujours à mes clients, si ce livre ne vous a pas plu, venez me le dire. Je fais un travail de commerçant-artisan, qui m’a été transmis par mes pairs et il faut traiter le client comme s’il était unique au monde » s’enflamme le jeune homme.

 

 

Une équipe solidaire qui choisit le meilleur pour la clientèle

 

 

« J’ai la chance de travailler pour quelqu’un qui met son argent dans la boutique tous les mois, qui me fait confiance pour que je le gère au mieux, et je n’ai pas le droit de faire n’importe quoi. Je travaille donc sérieusement et à …l’ancienne ! Tous les livres que vous trouvez à l’espace culturel, ce sont les choix de l’équipe, on ne nous impose rien. Je veux que le magasin ressemble à sa clientèle… » dit Stéphane.

 

 

J’ai raté quelque chose si…

 

 

 

Quand un client me dit : « Je n’ai pas trouvé ce que je voulais chez vous, c’est que j’ai raté quelque chose ». C’est une remise en question et il faut très vite redresser la barre. Car si les rayons ne renferment que ce que j’aime, au bout d’un moment, cela n’ira plus ! ».

 

 

De toute façon, sa devise est : « Cinq minutes consacrées au dialogue avec le client, comprendre ses besoins et l’écouter, c’est des mois gagnés pour plus tard. Parce que la personne va nous faire confiance et nous pourrons alors lui proposer des ouvrages, sans jamais avoir à forcer le rapport avec lui. Et pour moi, c’est vraiment très important… ».

 

 

« Être ouvert à l’autre et être curieux… ». Et si c’était ça le secret d’un excellent libraire ?

 

 

 

 

 

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