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dimanche 16 juillet 2017 à 05:52

La vie peu commune de Guy Mezery (Blanzy)

Episode 1



 

 

 

 

 

Comme annoncé samedi dans nos colonnes, voici la première partie de ce que fut la vie d’un enfant « déposé » tel un colis à l’assistance publique de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris. Cet enfant, c’était le Saint-Bérinois Guy Mezery…

 

 

28 septembre 1895

 

 

C’est à cette date que commence l’histoire de Guy Mezery. Avec le mariage de Marie-Eugénie Tocquard, née en 1874, avec Henri Reinbold, de 14 ans son aîné. Lui est chaisier, tandis que son épouse exerce le dur métier de journalière, simple ouvrière louant son travail à la journée à des propriétaires ou des fermiers des alentours.

Le mariage a lieu à la mairie de Bruyères, dans les Vosges et profitant de l’occasion, ils reconnaitront Marie-Léonie, leur première fille, née en octobre 1893. Fille unique, Marie-Léonie ? Pas vraiment…

 

 

 

Marie-Léonie et ses seize sœurs

 

 

 

En 28 ans de mariage, le couple aura…dix-sept filles ! Henri n’aura de cesse d’engrosser son épouse, tant qu’elle ne lui aurait pas donné un garçon ! Persévérant le bonhomme ! Mais pas courageux pour un sou, puisqu’il s’était coupé une guibolle volontairement, juste pour ne pas partir à la guerre. Bien plus facile de faire des gosses et surtout, bien moins dangereux. Pour lui… Car la pauvre Marie-Eugénie elle, est morte épuisée par ces grossesses à répétition, à 59 ans.

Mais auparavant, dans un sursaut de lucidité, elle avait demandé le divorce…

 

 

 

Eugénie, la grand-mère avant-gardiste

 

 

Eugénie, née le 10 avril 1902, était l’une des dix-sept filles de Marie-Eugénie et d’Henri. Elevée dans une famille plus que nombreuse, avec des parents qui se déchiraient entre deux naissances, on aurait pu penser qu’elle ne reproduirait pas le schéma familial.

 

 

Or, à 23 ans, Eugénie accouche d’une petite fille, Andrée-Marie, née de père inconnu. Nous sommes en 1925 et les filles-mères ne sont pas légion à l’époque ! Force est de le reconnaitre. Mais la jeune femme avait, semble-t-il, fait le choix de ne pas impliquer certains des pères de ses enfants dans sa vie.

 

 

Preuve en est la naissance de Mireille, dont le père se prénomme Isidore, puis celle de Gisèle dont le père est un certain Arsène Mezery. Pour terminer, elle se marie avec Maurice Thirion, de douze ans son cadet, dont elle divorcera sept ans plus tard. Mais elle avait eu le temps de donner naissance à Paulette, qui ne vécut que 17 jours…

 

 

En résumé, l’arrière-grand-mère de Guy Mezery a eu 17 filles avec le même homme, tandis que sa grand-mère maternelle Eugénie, a eu 4 filles de 4 hommes différents.

 

 

Nous sommes dans les années 30 et cette femme a bravé tous les codes de bonne conduite, avec une certaine témérité.

 

 

 

Et pendant que l’épouse est en sanatorium…

 

 

 

Mais l’histoire ne s’arrête pas en si bon chemin : la fameuse Andrée-Marie Reinbold (souvenez-vous, elle est la première fille d’Eugénie) a été reconnue, à l’âge de 5 ans, par Arsène Mezery, qui n’était ni son père, ni son beau-père, puisqu’il n’était pas marié avec Eugénie ! Vous suivez ?

Le comble est que la jeune Andrée-Marie avait vu sa mère vivre un enfer avec Arsène Mezery, qui était chômeur professionnel, doublé d’un ivrogne patenté. D’ailleurs, il est mort en 1937, emporté par une cirrhose du foie !

 

 

Mais pendant la guerre, Eugénie met Andrée-Marie à la porte, en gardant ses tickets de rationnement ! Et peut-être que Guy n’aurait pas vu le jour, si elle avait gardé sa fille près d’elle. Allez savoir !

 

 

A la rue, Andrée-Marie a bien été obligée de gagner sa vie. Et c’est dans les cuisines d’un restaurant, qu’elle fait la connaissance d’un monsieur qui s’appelle Guy Berger. Je vois bien ici tous les hommes qui portent ce nom et ce prénom (ils sont nombreux, dixit Guy Mezery) dresser l’oreille.

 

 

Car l’attitude de ce monsieur n’a pour le moins pas été d’une grande honnêteté. Andrée-Marie n’a que 18 ans et demi, son prétendant est marié, il a un fils, et son épouse se trouve dans un sanatorium, dans les Pyrénées, où elle se soigne. Elle en sortira à la fin de la guerre…

Ce qui n’empêche pas le sieur Berger de faire un enfant à Andrée-Marie ! La voici donc fille-mère en 1945, où elle vient de donner naissance à Guy. Puis un autre garçon, Alain, nait en 1946 et enfin Béatrice, une petite fille voit le jour en 1948.

 

 

 

Trois enfants à l’assistance publique

 

 

 

Et ce qui devait arriver arriva. Compte tenu de la difficulté à vivre dans les années d’après-guerre, les trois enfants se sont retrouvés tout d’abord à l’assistance publique, puis chez des parents nourriciers à Imphy, dans la Nièvre.

 

 

Petite précision : à la campagne, à cette époque-là, on élevait des enfants de l’assistance publique pour arrondir les fins de mois. Avec toutefois l’obligation de les maintenir en vie, dans la mesure du possible…

 

 

D’ailleurs, il est noté dans le livret du pupille, qu’une prime de survie est acquise à la nourrice lorsque l’enfant a atteint 15 mois révolus. Et de 15 à 18 mois, un supplément de prime de survie est payé à la nourrice au moment où l’enfant quitte le « centre d’élevage »… Le centre d’élevage ! Nous parlons ici d’enfants et non d’animaux…

 

 

 

Guy, un enfant qui ne marche pas et ne rit jamais

 

 

 

Il a 18 mois, pèse 18kg, mesure 1,02m et il fait toujours dans ses couches. Guy est un enfant qui ne marche pas et qui ne rit jamais. Ainsi était le bambin qui arrive dans la famille Vacher en octobre 1946. Précisons que la vie dans la Nièvre, dans une ancienne ferme appartenant aux aciéries, est plus que rustique.

 

 

En effet, l’eau courante ne sera installée qu’en 1955 et comme dans la parodie d’une chanson de Cabrel, les toilettes sont dans une cabane au fond du jardin…Une cuisinière pour chauffer la pièce à vivre et la chambre, que le gamin partage avec cinq autres personnes jusqu’à ce qu’on aménage le grenier en appartement…

 

 

Devant sa frêle constitution, le médecin accrédité par l’administration décide d’envoyer le petit Guy en cure dans un aérium à Bidart, dans les Basses Pyrénées. Et ce, pour deux mois et demi.

 

 

Pour la première fois, l’enfant prend le train et…voit la mer !

 

 

 

A suivre…

 

 

ND

 

 

Guy Mezery 1607172

 

 

 

Guy Mezery 1607173

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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