Burn-out, dépression, ras-le-bol…On accumule, on accumule et puis, un jour pas comme un autre, on agit ! Sans réfléchir…

 

 

C’est ce qui est arrivé à M. Dury, garagiste à Saint-Vallier. Comme cet homme accablé le raconte « les ennuis et les bâtons dans les roues sont omniprésents, on patiente, on relativise et puis après, subitement, c’est le pétage de plombs ! ».

 

Le début des contrariétés remonte à environ 2015. M. Dury doit alors passer une visite médicale, afin de renouveler son permis poids lourds. Confiant, il se rend donc chez un médecin agréé à Montceau. Aux questions posées, l’homme répond avec la plus grande franchise.

 

Cholestérol ? Oui, un peu, Et un peu de diabète aussi ! Et là ! le ciel lui tombe sur la tête lorsque le praticien lui annonce qu’il ne valide son permis que pour trois ans, au lieu des cinq ans prévus.

 

En cause : le chouïa de cholestérol et de diabète ! « Un diabétique peut faire un coma au volant et c’est trop dangereux de conduire ainsi… » déclare le toubib.

 

Effondré, mais bien décidé à sauver son permis et donc son emploi, M. Dury entame donc un régime très sévère afin de faire baisser ce taux de cholestérol et ce diabète. Deux ans et 24 kg en moins plus tard, à force de course, de marche et de vélo, les taux sont redevenus normaux. Mais à quel prix !

 

« D’autant plus que beaucoup d’autres n’ont pas l’honnêteté de répondre franchement aux questions du médecin ! Car il n’y a aucune vérification.

 

 

C’est vraiment basé sur les déclarations des chauffeurs… S’il avait su…

 

Le garagiste attend donc avec impatience décembre 2018, pour récupérer une validité de 5 ans pour son permis.

 

Mais le moral est déjà atteint : comme tout métier, celui de garagiste a des hauts et des bas ! Et composer avec la clientèle n’est pas de tout repos.
A longueur d’année, les aléas de la profession usent le Valloirien. Et c’est cette dernière affaire qui met le feu aux poudres : en juin dernier, il change « un turbo » sur la voiture d’un de ses clients, un fidèle depuis 20 ans !

 

Làs ! La pièce, neuve, casse au bout de 10 000 km ! Et c’est là que l’absurde commence. Le fournisseur du turbo ne veut rien savoir et trois expertises ont lieu pour déterminer la responsabilité de chacun. Résultat des courses : le fournisseur de la pièce se défile, le fournisseur d’huile de moteur (elle a été scrupuleusement analysée) idem, et il a été prouvé que le montage a été effectué correctement, dans les règles de l’art. Ce n’est donc pas la faute du garagiste non plus.

 

Alors, que fait-on ? « Nous sommes dans une impasse » dit M. Dury. Mais le plus beau est que le client du véhicule en question a loué une voiture, puisque la sienne est bloquée au garage, sans le prévenir. Et voilà que ce dernier lui présente des factures de location de voitures depuis le mois de juin et qu’il veut que le garagiste paie !

 

« Je savais qu’il avait une autre voiture personnelle et je ne me suis pas posé de questions ! Il m’aurait demandé de lui en prêter une, je l’aurais fait volontiers ! » précise le garagiste.

 

Ce dernier précise que cette affaire va coûter très cher, alors qu’avec un peu de bonne volonté, on aurait pu régler celle-ci au mieux. « Avec le prix des trois expertises, les locations de voiture, et tous les soucis engendrés, on aurait pu se mettre d’accord pour partager les frais et les responsabilités. A moindre coût… » dira M. Dury.

 

Ajoutant : « Le fournisseur était d’accord pour payer une partie de la pièce, moi également, mais seul le client refuse de participer ! Alors qu’il se peut aussi (c’est une hypothèse) que la casse de la pièce soit due à une vitesse excessive… » livre le professionnel. En précisant toutefois qu’il n’accuse personne, mais que c’est une possibilité qui apparait dans l’analyse de l’huile de moteur.

 

Si bien qu’au bout de ces six mois de bras de fer, d’incertitudes etc…la coupe est pleine ! Ce véhicule est stationné dans le garage de M. Dury depuis juin, car craignant qu’il soit volé ou vandalisé, il ne peut le mettre dehors. « J’ai travaillé dehors, au froid, tout l’hiver, faute de place à l’intérieur pour le faire ».

 

Et lors de l’ultime expertise, (vers le 19 décembre dernier) qui n’a encore rien donné, M. Dury explose : ulcéré, devant les experts et le client médusés, il leur annonce qu’il n’en peut plus : « Je vais me foutre en l’air, car trop, c’est trop ! ».

 

Et joignant le geste à la parole, l’homme saute dans sa voiture, part sur les chapeaux de roues, avec la ferme intention de « se foutre en l’air au rond-point de Galuzot et finir dans le canal ».

 

Heureusement pour lui, cette tentative n’aura pas de conséquence, puisqu’il n’est pas blessé -ou pire-. « Je me suis raté… » regrette cet homme fatigué.

 

Résultat : le garagiste a été hospitalisé une semaine et son établissement fermé depuis le 19 décembre dernier.

 

M. Dury, qui vient de rouvrir le garage, a tenu à nous livrer ce témoignage pour que plus jamais on ne pousse les gens à bout ainsi. « Et surtout, dira-t-il, je voudrais remercier tous les clients qui sont venus me voir à l’hôpital et ceux qui ont pris de mes nouvelles… ».

 

Et M. Dury de rappeler que son garage continue de fonctionner comme par le passé, aux mêmes horaires.

 

ND