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jeudi 18 septembre 2014 à 07:57

Portrait : Céline Hawrylko

Herbaliste ou l'art des plantes



 

Herbaliste ou l’art des plantes

 

 

Herbaliste, vous connaissez ? Rendez-vous à Colombier-en-Brionnais, chez Céline, pour découvrir cette passionnée de plantes…

La première que chose qui saute au visage quand on arrive chez Céline Hawrylko, à Colombier-en-Brionnais, c’est l’odeur. Epices, fleurs, tisanes, on ne sait pas trop, mais elle emplit la pièce à vivre de sa maison. Il y fait bon, il y fait clair, et c’est ici que je vais découvrir le travail de cette herbaliste passionnée.

 

 

Ancienne diplômée de l’hôtellerie, elle a travaillé comme directrice de centre de loisirs pendant 10 ans avant de décider de changer de voie. « Je m’étais toujours dis que le jour où je n’arriverai plus à répondre à la question posée par un enfant, j’arrêterai ce métier, explique-t-elle ». C’est ce qui s’est produit dans les années 2000. Cette simple demande d’enfant, à laquelle elle n’a pas pris le temps de répondre, l’a fait s’interroger sur son avenir. Une promenade, pendant laquelle elle a pris conscience de tout ce que nous écrasions en marchant, l’a fait basculer vers le monde des plantes. Au fil de ses lectures, cette autodidacte a commencé à approfondir ses connaissances, à découvrir touts les vertus des « simples », comme on les appelle. De fil en aiguilles, elle est entrée pour 4 ans à l’école lyonnaise des plantes médicinales, et a obtenu 2004 son diplôme d’herbaliste.

 

Herbaliste : personne formée à l’utilisation des plantes médicinales

C’est cette profession que Céline aurait voulu exercer. Malheureusement, il lui est interdit de le faire. Car en France, les herbalistes ne sont pas reconnus par la loi. « Les seuls qui peuvent transformer les plantes, ce sont les pharmaciens et les laboratoires pharmaceutiques, déplore-t-elle. Et les seuls qui peuvent soigner avec des plantes, ce sont les médecins. Avant, on avait les herboristes qui s’en chargeaient, mais Pétain a interdit cette profession en 1941 ». Céline n’a donc pas le droit, malgré ses connaissances, de soigner avec ses produits. Elle peut ramasser, cueillir, faire sécher et mettre en paquet pour les vendre les 148 plantes autorisées en France, mais pas les transformer, ni en faire bénéficier ceux qui le demandent. Elle a le droit de vendre des sachets d’herbes aromatiques ou de plantes pour tisane, mais pas de faire une décoction, un macérat ou une teinture-mère. « Je n’ai pas le droit de transmettre mes connaissances en matière de soin. Je peux expliquer que la bourrache est un bon antirides, que la mélisse ou le calendula « soulagent » les reins, mais je ne peux soigner ni homme, ni bête avec les produits que j’ai appris à faire, regrette-t-elle. C’est vraiment dommage que de tels savoirs se perdent ».

 

Au départ, Céline voulait faire du soin aux hommes et aux animaux, et vendre ses produits. Face à toutes ces interdictions, et suite à d’autres projets d’installations qui se sont avérés peu viables, elle s’est réorientée vers une proposition d’animation pour les parents et les enfants autour d’une ferme pédagogique dans laquelle on prendra le temps des choses. « De toute manière, dit-elle en déposant délicatement les fleurs de mauves de sa dernière récolte sur une claie, on ne peut pas vivre des plantes. Par exemple, il m’arrive de passer des journées complètes pour une seule récolte. On commence à ramasser à 8 heures, on finit la mise en séchage à 3 heures du matin. Comment voulez-vous que l’on comptabilise notre temps ? « . Quand Céline commence un travail, elle ne peut en effet pas le laisser en route. Les mauves cueillies avant mon arrivée ont été équeutées et prennent place, déposées une à une à la main, sur des claies. Celles-ci intègrent ensuite pendant 5 jours un séchoir entièrement fabriqué par Céline. Les fleurs subissent différentes étapes de séchage, avant de pouvoir être ensachées et partir rejoindre les réserves. A raison d’une cueillette tous les 6 jours, elle peut donc achalander son stand au marché, mais doit travailler en plus à plein temps comme animatrice de centre de loisirs afin de s’en sortir.

 

Des boucs et des plantes

 

Ce nouveau projet de ferme pédagogique est donc un tournant pour elle. Accompagnée par une couveuse d’entreprises, elle l’a construit autour d’un axe central : les plantes et le temps.

 

 

Toutes les activités en découlent : ballade dans les environs, ramassage de plantes, cuisine sauvage, découverte de sa maison auto-construite uniquement en matériaux naturels…

 

« Je voulais accueillir les enfants autrement, dit-elle, leur donner la possibilité de prendre le temps de regarder un insecte, une fleur, sans se dire qu’il fallait en faire quelque chose tout de suite, sans se poser de question. J’ai laissé la serre que l’on avait installée pour un ancien projet de maraîchage bio afin qu’ils voient les bonnes et les « mauvaises » herbes en situation. Ils peuvent ainsi voir, par exemple, que les tomates, ça pousse naturellement en rampant ! Ils découvrent aussi les bassins de phyto-épuration qui recueillent les eaux usées de la maison, les murs en paille qui restituent la chaleur le soir, les toilettes sèches dans la maison qui ne sentent rien (je confirme !)… Tout le site est végétal ! ».

 

C’est donc tout un ensemble de découvertes et de connaissances qu’offre Céline lors des stages qu’elle organise. Les adultes peuvent apprendre à cuisiner les herbes et les légumes anciens, à reconnaître les plantes qui les entourent, à savoir quelles en sont les vertus. Chacun peut visiter le site : la bouquerie, réalisée à partir de matériaux de récupération, les plantations de légumes anciens, l’aménagement du terrain et de la maison autonome et respectueuse de la nature…. Elle propose également des ballades en compagnie des boucs, qui broutent paisiblement autour de la maison (et oui, le bouc supporte très bien les charges et les licols !).
Céline espère arriver à vivre de son projet tout en continuant son usage des « simples ». Elle aimerait qu’à travers son site, les enfants comprennent la nature, le vivant et ses bienfaits. Et surtout qu’ils le fassent en prenant leur temps !

 

Pendant ma visite, j’ai ainsi pu déguster le fruit de la Morelle de Balbis, laissée en bout de rang pour éloigner les doryphores. Le kiwano, sorte de concombre, n’aura bientôt plus de secret pour moi. J’ai appris à faire la différence entre une teinture-mère, un hydrolat ou un alcoolat. J’ai pu respirer les effluves épicés de la tisane « Bonne nuit » et goûter la « Rototo » dont je ne vous dévoilerai pas les bienfaits…

 

Et surtout, je ne verrai plus d’un même œil la mauve, le millepertuis, la lavande ou la bourrache en particulier, dont mon jardin est envahi. Je pense que l’année prochaine, ses fleurs finiront dans de l’huile, puis sur mon visage. Rides obliges !

 

Pour contacter Céline : 03 85 25 18 89 – http://labouqueriefleurie.blog.free.fr

 

Véronique Décrenisse-Kieny

 

 

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1 récolte de fleurs de mauves

 

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2 Le lent travail de mise en séchage

 

 

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3 La première étape du séchage

 

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4 La seconde étape dans le séchoir avec extraction d’humidité

 

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5 Après la mise en sachet

 

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6 Les réserves d’aromatiques

 

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7 Le matériel personnel pour la fabrication des produits

 

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8 L’une des composition de Céline

 

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9 L’un des boucs apte pour la ballade !

 

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10 Quelques tomates anciennes

 

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11 Premières explications devant des plantes accessibles aux enfants

 

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12 La fameuse Morelle de Balbis

 

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13 Les macérats de l’été

 

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14 Huile au calendula

 

 

 

 

 

 

 

 



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