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jeudi 8 décembre 2016 à 05:48

CODEF (Collectif des Usagers des hôpitaux)

L’analyse d'André GRIMALDI, célèbre médecin de la Salpêtrière : « il n’y va pas par quatre chemin... » François Fillon "dans le collimateur..."



« Au moment où on manque de professionnels de santé dans les hôpitaux et dans les territoires, et où ceux qui existent sont très mal répartis, au moment où l’on vote le budget de la santé en réduction, au moment où les restructurations sanitaires déshabillent encore plus nos régions, on s’aperçoit en lisant le texte ci-dessous que le pire est à venir pour nos services publics, pour notre égalité d’accès à la santé et pour l’aménagement équilibré de notre territoire.

 

Le Codef a souhaité diffuser son contenu aux usagers des hôpitaux. Grosses inquiétudes sur LE PROGRAMME SANTÉ DE FRANÇOIS FILLON dit : Le CA du Comité de Vigilance (extraits) « Il (François Fillon) veut abolir le tiers payant qui avait suscité l’hostilité de l’ensemble des syndicats de médecins libéraux.

 

Il veut s’engager à respecter les principes de la charte de la médecine libérale adoptés en 1927 dont le paiement direct au médecin et la liberté totale d’installation (y compris donc dans les bassins de vie sur-dotés en médecins et y compris pour les médecins s’installant en secteur 2 comportant un droit aux dépassements d’honoraires).

 

Il veut, pour réduire la place coûteuse de l’hôpital, renforcer celle des médecins généralistes traitants dans la prise en charge des personnes atteintes de maladies chroniques et dans la permanence des soins.

 

Il veut réduire l’aide médicale d’État (AME) pour les malades sans ressource et sans papier. Enfin il est hostile à la PMA en dehors du traitement de l’infertilité et opposés à la GPA pour des raisons éthiques.

 

Pour réduire les dépenses publiques de santé, François Fillon propose d’augmenter la dépense privée en transférant la prise en charge des soins courants (hors hospitalisation et affections graves) aux assurances complémentaires (mutuelles, instituts de prévoyance et compagnies d’assurance).

 

Elles sont pourtant moins justes (la cotisation ne dépend pas ou peu des revenus et augmente avec l’âge et la charge de famille), moins égalitaires (le remboursement des soins dépend du niveau de la cotisation) et moins efficientes (les frais de gestion se situent autour de 20% du chiffre d’affaire pour les complémentaires contre 6% pour la Sécurité sociale).

 

De plus François Fillon souhaite instaurer une « franchise médicale universelle en fonction des revenus dans les limites d’un seuil et d’un plafond, le reste à payer étant pris en charge par les assurances complémentaires ». Voilà un remède énergique qui va tuer à coup sûr le malade !

Très vite en effet les personnes appartenant aux classes moyennes, bien portantes, ayant une bonne hygiène de vie et sans risque génétique connu, en auront assez de payer deux fois pour la santé : une fois la Sécurité sociale au titre de la solidarité avec les personnes ayant une maladie grave et avec les très pauvres, alors que l’Assurance maladie ne leur remboursera plus pratiquement aucun soin, et une deuxième fois leur assurance privée de plus en plus chère pour eux et leur famille.

 

Ils en viendront logiquement à réclamer la fin du monopole de la Sécurité sociale. Et ce sera la fin du modèle solidaire mis en place en 1945 que beaucoup de pays nous envient. Les assurances privées complémentaires (mutuelles, instituts de prévoyance et compagnies d’assurance) regroupées depuis 2004 dans l’UNOCAM, ayant en charge le financement des soins courants, auront toute latitude pour exiger l’organisation de filières de soins concurrentiels par conventionnement sélectif des médecins.

 

Les médecins y perdront une part de leur indépendance et les patients une part de leur liberté.

 

Le « libéralisme médical » cédera le pas à la liberté des assureurs, bien sûr régulée par l’État.

 

De plus à la question de savoir « s’il faut encourager financièrement les assurés à adopter une bonne hygiène de vie ? » Fillon répond, comme les assureurs, « Oui, les mesures incitatives sont un levier ».

 

Reste l’Hôpital public mis à mal d’une part par les conditions dans lesquelles y ont été appliquées la Loi Aubry-Jospin sur les 35 heures et d’autre part par la loi HPST Bachelot-Fillon visant à faire fonctionner l’hôpital comme une entreprise commerciale.

 

Fillon veut revenir sur les 35 heures, 39 tout de suite. Payés combien ? Comment ? Il veut réintroduire le jour de carence en cas d’arrêt de travail dans l’espoir de réduire l’absentéisme.

 

Simple mesure symptomatique et non traitement étiologique. La cause du mal en effet a été la généralisation de la T2A (tarification à l’acte) dans le cadre d’un budget de plus en plus contraint entrainant automatiquement une baisse régulière des tarifs et une course sans fin à l’activité au détriment de la qualité. D’où la perte de sens et la démotivation.

 

François Fillon dans la suite de la loi HPST propose de revenir à la convergence tarifaire entre l’hôpital public et les cliniques commerciales organisant une concurrence totalement déloyale.

 

Logiquement François Fillon envisage de transformer progressivement l’hôpital public en établissement privé à but non lucratif (ESPIC). Ainsi comme dans une clinique commerciale, le directeur aura plus de liberté pour embaucher ou débaucher, pour faire varier la rémunération des professionnels en fonction de leur rentabilité, pour choisir les activités médicales jugées rentables (la chirurgie de l’obésité, la dialyse, l’opération de la vésicule ou des varices…) étant entendu que le but n’est pas de coûter moins cher à la Sécurité sociale mais au contraire d’ « optimiser les recettes de l’établissement». Et puis l’avantage d’un ESPIC, c’est qu’il peut en cas de déficit être mis en faillite et être racheté par la Générale de Santé.

 

Voilà pourquoi les personnes attachées à la Sécurité sociale et au Service public hospitalier ne devraient pas voter pour François Fillon. »

 

André Grimaldi (chef de service à la Pitié-Salpêtrière)

 

 

Décembre 2016

 

 

 

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4 commentaires sur “CODEF (Collectif des Usagers des hôpitaux)”

  1. moijedisca dit :

    celèbre medecin?? connais pas, mais je vois qu’il parle plus de politique que de médecine? encore un Kouchner ou peloux !! mais pourquoi ne commente t’il pas l’absence totale du ou des programmes de la gauche? pour moi l’AME est surtout une couverture pour les étrangers ( emirs et autres qui se font soigner gratuitement) commenter négativement un programme sans essayer de comprendre par idéologie , c’est pas très honnête

  2. blondin dit :

    Bonjour à tous, déjà je suis assez d’accord avec moijedisca ? sinon concernant les ESPIC et leur potentiel rachat …..

    Fin 2015 Hôtel dieu du creuset , ESPIC , déficit 7 millions
    SIH Jean bouvery, 28 millions de déficit

    L’hôtel dieu , liquididation judiciaire, avec plan social important ! Le SIH , RAS tout va bien ….normal c’est de l’argent publique ? enfin quand je dis tout va bien , ça c’est ce que l’on croit , ou veut nous faire croire ….

    Allez bonne journée aux soignants !

  3. roussillon dit :

    ….Faut pas voter Touraine non plus car elle a préparé le terrain pour Fillon…Des milliards « d’ économies » sur le dos des travailleurs qui n’en peuvent plus !!!

    Je le sais car j’ai beaucoup de relations familiales ou amicales dans le milieu soignant,ici et ailleurs.

    Codéfendons nous partout où on le peut !

    • Codef dit :

      En préambule à notre réponse aux trois commentaires ci-dessus, rappelons tout de même que la France était ruinée lorsque la Sécurité sociale fut créée en 1945, à une époque où le projet politique prévalait sur la question économique.

      Il fallait tout d’abord offrir la santé, des allocations familiales et des retraites décentes pour tous, et, ensuite seulement, se posait la question de leur financement. Les résistants, des gaullistes aux communistes, ont ensemble donné corps à une belle utopie qui nous protège encore au quotidien.

      Alors que notre pays n’a jamais été aussi riche depuis la Libération, le Docteur Grimaldi a tenté de nous faire comprendre la faible ambition politique d’un projet de politique de santé qui annonce du sang et des larmes pour les plus faibles, qui veut définir la politique de la santé de la nation, non pas en fonction de ses besoins, mais de critères financiers, le parfait contrepied de ce qui a été fait en 1945.

      C’est bien dommage, Moijedisca, que vous ne connaissiez pas cette sommité médicale qu’est le professeur Grimaldi, cela vous aurait évité, soyons gentil, d’exprimer autant de contrevérités. D’abord il ne parle pas « plus de politique que de médecine », il parle de la politique de la santé qui impacte tout le monde, aussi bien les professionnels de santé dans leurs conditions d’exercer la médecine que des usagers soucieux de conserver une offre de soins de qualité.

      Car il ne vous aura sans doute pas échappé que se sont les différents gouvernements qui en fixent le contenu. Et que prendre position publique pour ou contre est un acte citoyen, un acte politique au sens étymologique du terme. Et si vous prenez le temps de vous informer sur cette personnalité vous verrez que le professeur Grimaldi n’a pas ménagé ses critiques sur la loi Touraine contrairement à ce que vous insinuez lorsque vous écrivez « qu’il ne commente pas les programmes de la gauche ».

      Pour votre info il n’a eu de cesse de les combattre notamment dans son « Manifeste pour une Santé égalitaire et solidaire » (septembre 2011 O. Jacob) écrit avec les grands noms suivants : Pr Lyon-Caen, F. Bourdillon médecin de santé publique, D. Tabuteau responsable de la chaire santé à l’IEP Paris, F. Pierru sociologue au CNRS.

      Comment ? vous ne les connaissez pas ? Allez !, avec monsieur Google vous allez bien trouver ! Nous pouvons toutefois vous donner deux autres pistes que nous avons-nous-mêmes explorées : « L’hôpital malade de la rentabilité »( Fayard) ou encore « Ou va le système de santé français », collection Pour ou Contre, Editions Prométhée (2010) avec A. Grimaldi dans le rôle du Pour et Claude Le Pen très en cour à droite dans le rôle du Contre. Bonne lecture !!!

      Quant à notre commentateur habituel en la personne de Blondin, nous devons dire qu’il nous avait habitués à mieux et plus précis. Que nous sachions le déficit de notre CH n’est pas de 28 millions. Le déficit annuel (jusqu’alors environ 4M) n’a rien à voir avec l’endettement qui d’ailleurs n’est plus à ce niveau actuellement. Heureusement car sinon que de coupes sombres à prévoir du Copermo dont on attend toujours la réponse !!!!

      En tout cas celles qui ont déjà été faites dans notre CH on conduit comme le souligne Roussillon à des conditions de travail de plus en plus pénibles conduisant parfois au burnout.

      Nous ne saurions terminer cette réponse sans rappeler que statutairement le Codef est acteur citoyen qui n’a jamais manqué de dénoncer les mesures mortifères des lois Bachelot et Touraine.

      Le Codef

      Pour adhérer, une autre façon d’utiliser le clavier, en votre qualité d’usager du service de santé, connectez-vous : http://www.lecodef.org