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mardi 30 septembre 2014 à 05:58

Du côté de la librairie…

Envie de lire...



 

 

Envie de lire…

 

 

Cette semaine, je mettrai à l’honneur les éditeurs et auteurs locaux à travers 4 ouvrages : un recueil de nouvelles, un polar, un roman et un « documentaire ». Dans des styles très différents, ils sont représentatifs de la richesse du monde littéraire local.

 

« Call me »

 

lire 28 09 14

 

Si vous aimez Marc Lévy, vous adorerez le second roman de Stéphan Turek. Il me pardonnera ce parallèle, mais j’ai retrouvé dans son intrigue quelque chose de « Et si c’était vrai ? ».

 

Architecte de formation, Stéphan Turek s’est tourné pendant dix ans vers l’illustration puis la peinture. S’il a connu un certain succès dans les galeries parisiennes, il reconnaît avoir aussi été confronté à beaucoup de frustrations et de déceptions face à un monde de l’art très frileux et dans lequel il est difficile de se faire une place. C’est d’ailleurs un peu le cas de son héros Jonathan. Mis dehors par Kate, sa compagne danseuse étoile à Paris, Jonathan, metteur en scène « par hasard » se retrouve seul dans un appartement new-yorkais spacieux, mais vide. Seule touche de couleur dans son logement blanc : un téléphone en bakélite orange. Qui va se mettre à sonner, la nuit, avec un bout du combiné la voix d’une femme. Ce n’est ni celle de Kate, décidée à ne plus lui parler, ni celle de la logeuse Madame Garyson, ou de Camille la femme de son ami Alex. Cette troublante voix féminine va engager avec lui un dialogue, nuit après nuit, où chacun de ces deux êtres blessés et frustrés se livrera peu à peu. Sous l’emprise de Gloria, sa mystérieuse correspondante, Jonathan va aller encore plus loin… L’auteur nous emmène dans ce monde d’artistes complexe, où les protagonistes se cherchent, mais tentent surtout de trouver l’amour.

 

Call me. Stéphan Turek. Dijon : Editions Mutine, 2014. 233 p. 14 €

 

 

Mon coup de coeur : Profils de plâtre

 

lire 28 09 142

 

J’avoue, les nouvelles et moi, ça fait deux. Je crois même ne plus en avoir lu depuis la fac. Mais là, je suis tombée sous le charme des récits de Laurent Vignat. Je peux même dire que c’est un vrai coup de coeur ! Avec un style précis et direct, l’auteur, qui vit à Givry, dresse huit profils : un chirurgien, un DRH, une étudiante en droit, un député , un agent territorial, un chef d’Etat, un homme-témoin et une SDF. Chaque nouvelle, à la limite de l’irréel, raconte un personnage qui va se craqueler suite à un événement, un accident, un temps qui se suspend. Certains relèvent presque de la fiction, comme cet homme-témoin, dont on ne sait s’il est un personnage de télé-réalité enfermé sous l’oeil de Big Brother depuis 30 ans, ou un prisonnier en fin de peine dans une prison ultra-moderne. Ou cette jeune SDF qui prend conscience que le banc sur lequel elle passe ses journées n’est qu’un décor, comme les façades de la ville qui se replient dans le sol… A la limite de l’anticipation, toujours sur la brèche de notre société, ces portraits nous renvoie un miroir très cru du monde dans lequel nous vivons, et de l’évolution qui pourrait nous attendre si nous ne faisons pas attention. Incisifs et percutants, ces profils de plâtre explosent rapidement à la lecture, laissant derrière eux une envie de rébellion. A lire d’urgence !

 

Je ne résiste pas à l’envie de vous faire lire un extrait de la seconde nouvelle, qui revêt pour moi une importance particulière : « Il ne fut pas surpris en entendant bruire derrière lui. Il se releva, serra avec chaleur les mains abîmées d’un groupe, trois hommes et une femme qui portaient des sacs à dos mais aussi des fusils de chasse en bandoulière. Ils avaient le visage blanc des insomnies, l’oeil fixe des prédateurs. Sans attendre, l’ancien député de la circonscription étala au sol une carte IGN qu’il avait ponctuée de gommettes rouges. A ce moment-là, le soleil déchira un morceau de l’édredon crème du ciel et réchauffa ces premiers résistants ».

 

Profils de plâtre. Laurent Vignat. Dijon : Editions Mutine, 2014. 147 p. 12 €

 

 

Un village bourguignon dans l’entre-deux-guerres

 

lire 28 09 143

 

Tout autre chose pour cet ouvrage très riche publié aux Editions de l’Escargot savant. Paul Sanlaville est originaire de Gravière, village de la Bresse bourguignonne fort de siècles de moeurs et de coutumes. Mais à l’arrivée de la Grande Guerre les bouleversements vont commencer dans cette société rurale. Des Années folles à la Grande Dépression, la période qui sépare les deux conflits mondiaux est particulièrement agitée : la vie à la campagne va profondément changer. Chaque chapitre revient sur un élément particulier de Gravière : les artisans et l’exercice de leurs différents métiers, les fêtes relieuses ou non, le concours agricole, la kermesse, l’habitat… Il offre des éléments de comparaison et explique les transformations sociétales liées au progrès scientifique et à l’évolution culturelle dans le domaine des arts et de la littérature. Ainsi, au fil des pages, on voit les veillées accueillir à la fois conteurs et TSF, le début des voyages d’agrément se profiler grâce aux automobiles de plus en plus nombreuses, le début du déclin de certaines professions comme celles liées au bois…

 

Sans porter de jugement sur les bienfaits ou méfaits de ces évolutions, l’auteur nous plonge dans cette époque qui forgera le XXe siècle.

 

Un village bourguignon dans l’entre-deux-guerre. Paul Sanlaville. Viévy : Editions de l’Escargot Savant, 2014. 199 p. 15 €

 

Morvan de chien

 

Pour terminer, L’Escargot Savant nous propose la réédition d’un polar de la meilleure facture. Issu d’un milieu ou le livre n’avait pas de place, Laurent Rivière est un autodidacte qui s’est largement inspiré des romans noirs américains pour la rédaction de son premier livre. Court et nerveux, il plonge le lecteur dans une véritable atmosphère où l’on découvre les aspérités de chacun, mais sans tomber dans le misérabilisme.

 

Synopsis : Franck Bostik est flic scientifique dans un commissariat d’arrondissement parisien. Quand une femme qu’il a connue de Nevers le contacte afin de retrouver son fils disparu, l’ancien footballeur rejoint la cité ducale, en compagnie de son chien. Enlèvement, fugue, disparition ? A la recherche de témoins qui le mèneraient sur les traces de l’adolescent, il enquête auprès des marginaux zonant sur les plages de la Loire, traque un SDF nommé le Sanglier au coeur de la cathédrale de Nevers… Une piste le conduit dans le Morvan, pays de légendes et d’ours abritant la capital du monde celte, Bibracte. C’est ici que la vérité, sale et insensée, lui sautera au visage…

 

On suit le parcours de Franck, ce flic attachant qui a l’impression d’avoir tout raté et traverse une mauvaise passe. Ses rencontres avec un jeune voisin qui veut s’en sortir, un SDF soi-disant violent et une jeune fille paumée vont l’aider à revenir à la vie, ou à la ville. Au-delà du simple polar, Morvan de chien nous conduit surtout sur la piste de cet homme qui a fui sa famille sans que l’on sache pourquoi, qui rejette sa mère et qui est en passe de péter les plombs face au cadavre de trop. Loin d’être aussi noir que le laisse penser la couverture, ce polar se lit avec plaisir, d’autant qu’il est local. On attend maintenant la suite de ce roman qui ne devrait pas tarder.

 

Morvan de chien. Viévy : Editions de l’Escargot Savant, 2014. 199 p. 15 €

Véronique Décrenisse-Kieny

 

Pour aller plus loin :

 

Editions Mutine : http://editions-mutine.over-blog.com/

 

Edition s de l’Escargot Savant : http://www.escargotsavant.fr

 



lire 28 09 141

 

 

 

 

 



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