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jeudi 19 octobre 2017 à 06:41

Jean-Dominique Senard, président du groupe Michelin

« Comme je le dis souvent, je fais le pari de la France...



 

 

 

 

 

A l’issue de sa visite et de l’inauguration du nouvel outil de production, une machine à calandre, Jean-Dominique Senard a accepté de répondre à plusieurs questions sur l’avenir du site, la vision de Michelin tant au niveau économique qu’au niveau social.

 

Encore ému de sa visite, il confiait : « C’est à Blanzy que j’ai effectué mon stage ouvrier, un stage en usine obligatoire pour tous les salariés qui entrent dans le Groupe. J’ai donc un un lien particulier avec ce site. Mais cette chaleur humaine, je la ressens chaque fois que je visite un site Michelin dans le monde. La semaine dernière, j’étais en Inde puis en Russie. Vous avez l’impression d’être chez vous chez Michelin où que vous alliez. Cette dimension humaine est vraiment centrale dans le milieu industriel ».

 

 

 

Poursuivant son propos ensuite sur la vie du site blanzynois, il est notamment interrogé sur l’avenir du site et sur sa capacité à être rentable.

 

 

 

Il répond : «  Comme je le dis souvent, je fais le pari de la France. Je refuse l’idée que l’industrie de notre pays soit moins performante que le reste du monde. Je ne vois pas pourquoi on devrait renoncer à développer nos activités industrielles et laisser disparaître ce trésor. J’ai cette conviction, et c’est à moi et à mon équipe de démontrer qu’elle fait sens. La première condition, c’est de donner les moyens, et c’est la raison de nos investissements à Blanzy et dans les autres sites français. On ne peut pas imaginer gagner ce pari sans s’en donner les moyens. »

 

 

 

Puis de revenir sur la notion de responsabilisation abordée lors de son discours devant le personnel : « Le second élément important, C’est le principe de responsabilisation. Plus le monde est compliqué, plus on se rend compte que c’est au plus près du terrain que les décisions se prennent. Les personnes doivent être autonomes pour prendre les décisions.  Les équipes qui se sentent responsables sont plus performantes, on le mesure a posteriori. Combien de fois depuis ce matin on m’a parlé de bien-être au travail ? Une équipe d’opérateurs de production très autonomes m’a expliqué comment ils s’organisent. Ils ont exprimé aussi le bien-être qu’ils ont à travailler à Blanzy. Ce sont sur ces personnes que l’usine repose. C’est pourquoi je suis très optimiste. »

 

 

 

Et pour l’avenir des emplois en lien avec le développement de nouvelles technologies ?

 

« Nous sommes clairement dans une période de mutation des emplois. Cette usine de Blanzy sert de pilote à des développements digitaux. On est au tout début du processus. Quand les opérateurs de production voient ces innovations arriver, ils se réjouissent plutôt, car elles améliorent leurs conditions de travail. L’aspect anxiogène de cette mutation digitale est bien entendu les destructions d’emplois qu’elle peut entraîner. Pour éviter ces conséquences négatives, il faut être en permanence vigilant et toujours être à la pointe des technologies nouvelles. C’est pourquoi nous développons un grand nombre de partenariat avec des start-up. La seconde idée, c’est qu’il faut s’occuper des personnes : il faut les informer et surtout les former. Notre responsabilité, c’est d’assurer l’employabilité des personnes.  Il faut anticiper et accompagner  les mutations des emplois pour ne pas se retrouver dans des situations inextricables ». 

 

Toujours sur la question du développement technique, le président de Michelin aborde l’exemple d’une usine d’impression 3D métal : « On va créer 250 emplois sur trois ans à Clermont-Ferrand. On aura la capacité de gérer l’évolution. »

 

 

Poursuivant sur le cas de Montceau : « Avec ces investissements et le développement de ses activités, Montceau est en train de devenir un pôle de référence, avec des missions fortes. Le sens de l’histoire est assez clair. Le pari est là. Même s’il n’est pas encore complètement gagné, je suis confiant dans les équipes. »

 

 

Interrogé sur le calendrier des objectifs, le président de Michelin répond : « Il faut laisser le temps. C’est au sein du site qu’il faut définir les plans d’action. En général, ils aboutissent plus vite que prévu. ».

 

 

C’est ensuite sur la question de l’intéressement et la place des employés chez Michelin que le président  a été interrogé. C’est d’abord Rémi de Verdilhac, Directeur de Michelin France qui a répondu : « Nous avons des dispositifs légaux de participation et d’intéressement. Notre objectif est de renforcer le lien entre compétitivité et reconnaissance des salariés, et c’est en ce sens que nous faisons évoluer notre dispositif.»

 

 

Et Jean-Dominique Senard de reprendre : « On essaie d’être toujours ouvert sur des innovations. Pour moi, les accords de site signés en France s’inscrivent clairement dans cette politique d’innovation sociale et dans notre démarche de responsabilisation. Avec ces accords de site, nous avons anticipé largement la loi El Khomri. Je suis convaincu qu’à l’avenir, les innovations sociales vont venir du terrain. La transparence, le fait d’être ouvert à ce qui environne un site, cela fait grandir tout le monde. L’évolution sociale doit passer par les accords d’entreprise. J’en suis convaincu ».

 

 

Et la place du local dans une entreprise globale ? « On peut faire du local tout en étant un groupe global. Aucun site ne se ressemble. Cela n’a aucun sens d’appliquer à Blanzy ce qui se fait à Roanne. »

 

 

Enfin la dernière question de cette entrevue portait sur l’avenir de Jean-Dominique Senard, que certains confrères voient déjà à la tête d’autres instances.

 

 

Il répond : « Aujourd’hui mon principal centre d’intérêt, c’est Michelin. J’exercerai mon mandat jusqu’au bout. Ce qui compte pour moi, c’est que la suite soit assurée. Cela fait partie de la responsabilité d’un chef d’entreprise de préparer sa succession. En ce qui me concerne, il est fondamental pour moi que Michelin reste Michelin. Que l’esprit du Groupe et sa cohésion perdurent.».

 

 

 

C’est sur ces mots que s’est achevée cette interview d’un chef d’entreprise attaché à l’humanisme, la progression de son personnel tout en les conjuguant avec compétitivité et mondialisation.

 

 

 

EM

 

 Voir l’article précédent :

 

https://montceau-news.com/economie/416650-ce-mercredi-18-octobre-inauguration-des-investissements-a-lusine-michelin-de-montceau.html

 

 

 

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Un commentaire sur “Jean-Dominique Senard, président du groupe Michelin”

  1. sillabruno dit :

    « Avec ces accords de site, nous avons anticipé largement la loi El Khomri. »
    Jean-Dominique Senard affirmait l’année dernière dans une interview aux Echos sur la loi « travail » : « Il faut aller plus loin dans l’inversion de la hiérarchie des normes. Il faut pouvoir confier à la convention locale une primauté y compris sur des sujets qui fâchent comme le contrat de travail, la rémunération, les heures supplémentaires »
    La CGT Michelin Saint-Doulchard a appelé hier, pour vingt-quatre heures, les salariés à la grève. Pour Éric Bellet, délégué syndical, il s’agit là « d’une conséquence directe des ordonnances Macron. La direction nous a annoncé qu’elle souhaitait rendre obligatoire le travail les 1er et 11 novembre, jours fériés. Elle compte par ailleurs annuler quatre jours de congés d’ici la fin de l’année pour les placer sur un compte épargne temps individuel, ou nous payer en heures supplémentaires. Ce n’est pas à elle de disposer de nos jours de congés. » La CGT a annoncé deux autres journées de grève, les 1er et 11 novembre. (leberry.fr 11.10.2017)