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samedi 18 novembre 2017 à 12:24

Tribunal – aux Rives du Plessis : du « trafic de stupéfiants »…

... à la tentative d’extorsion : 2 ans de prison et mandat d’arrêt !



 

 

Il y a un peu plus d’un an, monsieur P. P. de Montceau porte plainte : deux hommes l’ont contraint, sous la menace d’armes, ils l’ont frappé. Le certificat médical atteste de coups reçus au visage. C’était le 26 septembre, dans une cave du Plessis. Trois jours plus tard les auteurs présumés sont arrêtés, placés en détention provisoire : la police enquête. « Tout ça est en lien avec le trafic de stupéfiants », dit la présidente Therme à l’audience du 17 novembre.

 

« Trafic de stupéfiants » : on sait d’ores et déjà que l’audience sera longue et qu’on ne comprendra pas tout. Les auteurs : Eddine O., 22 ans, né à Chalon, et Ahmed Y., 18 ans au moment des faits, né en Tunisie. Seul Eddine est dans le box sous escorte, l’autre a finalement été placé sous contrôle judiciaire et n’est pas venu au tribunal. La victime n’est pas là… c’est que la victime trafique elle aussi, alors tantôt victime, tantôt prévenu, elle surfe.

 

Monsieur P. P. avait du cannabis, plein. Ahmed Y. a voulu le carotter, et comme Eddine O. arrivait justement sur Montceau pour y voir sa chérie, eh bien l’occasion était belle.

 

Eddine, du box, passe toute l’instruction à se défendre de ses responsabilités dans l’histoire : P. P. n’était pas contraint, il ne l’a jamais frappé, c’est l’autre qui a frappé, et puis il voulait « juste fumer gratuitement », c’est tout.

 

L’instruction n’a pas été de tout repos, les interrogatoires chez le juge en particulier. Ahmed Y. s’y est montré violent, accusant Eddine de lui envoyer « tout Chalon jusqu’à Montceau » pour lui mettre le visage en sang. « Je suis en prison depuis 13 mois, je n’y ai pas de portable, je ne commandite rien, il me charge exprès. » Eddine soutient que P.P. le charge aussi parce qu’il a peur d’Ahmed Y. et sait qu’il le reverra. C’est tout.

 

Au Plessis, une caméra dans le hall de l’immeuble a filmé l’arrivée des 3 hommes et leur départ. P.P. a fini par dire que « le produit » était « chez ma nourrice au bois du Verne », alors direction le bois du Verne : là, P.P. a pris la fuite. Fin de l’histoire ce jour-là, mais début d’une longue enquête.

 

Les gens qui trafiquent sont comme des enfants tyranniques : ils savent mobiliser du monde autour d’eux. La police scientifique a fait des prélèvements sur la voiture d’Eddine, retrouvée à Chalon, qui avait servi à transporter tout le monde. Des traces de sang à l’extérieur, et l’ADN de P.P. sur la boucle de la ceinture de sécurité du passager avant, ainsi que sur la poignée de porte. Cela va dans le sens de la contrainte de P. P. car la portière avant droite ne s’ouvre plus de l’intérieur : le passager ne peut pas sortir de lui-même. Eddine soutient mordicus qu’il était en réalité à l’arrière de la voiture. L’ADN on s’en fiche. C’est comme ça, les audiences stups. Ahmed Y. avait néanmoins commencé par reconnaître avoir donné un coup à P.P., puis il s’est rétracté.

 

La tentative d’extorsion est caractérisée. Une juge assesseur pose une question dont la pertinence rafraîchit : « Si monsieur P. P. était à l’arrière de la voiture, pourquoi n’en est-il pas sorti pour se sauver ? La portière s’ouvre à l’arrière. » La réponse fuse : « Ben… madame, je ne suis pas dans sa tête. » Eddine n’est pas dans la tête de P.P., P.P. est absent, le co-auteur aussi. C’est ça les audiences stups.

 

Le casier d’Eddine commence au tribunal pour enfants : violences, vols avec violences, escroquerie, violences sur ascendant (sa mère). Son père, très gravement malade d’une pathologie rare et mortelle, a passé 10 ans en hôpital de long séjour, le petit garçon prend au domicile une place qui n’est pas la sienne, un costard taillé trop grand pour lui. Il est agité, il est mis sous Ritaline, à sa majorité il arrête de la prendre. Sa vie sentimentale est stable : amoureux depuis 7 ans de la même fille, un lien dont il a besoin et qu’il veut conserver, « elle m’a jamais lâché, mais elle en a marre de tout ça ». En prison depuis 13 mois, il a pris des mesures, dit-il : il participe à un groupe de travail sur la question de la violence et il raconte, il est convaincant. « C’est malheureux à dire, mais la prison m’a beaucoup apporté. C’est la première fois que je suis loin de ma famille aussi longtemps. » Une famille qui l’entoure, quoi qu’il arrive.

 

Le grand absent a 19 ans, 3 condamnations à son casier : extorsion, violences, usage stups. Il a lâché son contrôle judiciaire en cours, ne répond plus aux convocations, se contente de pointer au commissariat.

 

Le parquet requiert des peines de prison, avec maintien en détention pour Eddine, mandat d’arrêt pour l’autre. Maître Charrier intervient pour Eddine : « Il a besoin d’un cadre (le prévenu acquiesce vigoureusement), quand il travaille il est canalisé, il faut absolument éviter une sortie sèche de prison. »

 

« Je regrette beaucoup, dit Eddine, en 13 mois (de prison) j’ai beaucoup appris, je ne suis plus le même. Je voudrais une peine qui me permette de me relever. »

 

Le tribunal relève le défi et le condamne à 4 ans de prison dont 2 ans avec sursis mis à l’épreuve (obligations de travailler, et de poursuivre des soins), maintien en détention : « Le tribunal a l’impression que vous êtes plutôt sur la bonne voie, vous tenez un discours auquel le tribunal n’est pas habitué. Mettez à profit cette peine-là, et continuez votre travail personnel. »

 

Ahmed Y. est condamné à 2 ans de prison. Le tribunal décerne un mandat d’arrêt contre lui.

 

FSA

 

 

 

 

 

tribunal 2208172

 

 

 

 



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