Autres journaux



vendredi 27 avril 2018 à 07:13

Communauté Urbaine Creusot-Montceau : Projet Régional de Santé

Avis défavorable !



 




 

 

 

La communauté urbaine émet un avis défavorable sur le Projet régional de santé, dont les orientations sont inadaptées au territoire communautaire et laissent présager une dégradation de l’offre de soins inacceptable pour ses habitants.

 

 

 

Le Projet régional de santé 2018-2022 (PRS)

 

 

Actuellement en cours d’élaboration, le Projet régional de santé 2018-2022 (PRS) définit pour les 5 prochaines années les principales actions à mener par l’Agence régionale de santé (ARS).

 

 

  • Le cadre d’orientation stratégique (COS) définit les objectifs généraux et les résultats attendus à l’horizon de 10 ans.
  • Le schéma régional de santé (SRS) décline sur 5 ans les objectifs stratégiques et opérationnels du COS dans le domaine de l’offre de soins et de services de santé.
  • Le programme régional d’accès à la prévention et aux soins (PRAPS) des personnes les plus démunies précise les objectifs opérationnels sur 5 ans du SRS concernant les sujets spécifiques de l’amélioration de l’accès à la prévention et aux soins des personnes démunies.

 

L’ARS doit soumettre ce Projet régional de santé pour avis à différents acteurs du territoire : la Conférence régionale de la santé et de l’autonomie (CRSA), les conseils départementaux de la citoyenneté et de l’autonomie (CDCA), le préfet de région, les collectivités territoriales, les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) et le conseil de surveillance de l’agence.

 

 

Le PRS sera arrêté par le directeur général de l’ARS et publié courant juin 2018 après examen et intégration éventuelle de ces différents avis.

 

 

  1. Sur la forme

 

Alors que la communauté urbaine Creusot Montceau est porteuse du Schéma de cohérence territorial (SCOT) et qu’elle est engagée, en partenariat avec l’ARS Bourgogne-Franche-Comté, dans une démarche de contrat local de santé (CLS), il est particulièrement regrettable qu’aucune sollicitation officielle ne soit parvenue à l’EPCI afin qu’il puisse émettre son avis sur le PRS 2018-2022. Seule une veille active a en effet permis de le faire avant la date butoir fixée début mai 2018.

 

 

Cette méthode dénote une faible concertation concrète des différentes parties prenantes sur ce thème et se situe à l’inverse de l’ambition de « démocratie sanitaire » affichée dans le PRS précédent.

 

 

Par ailleurs, le volume des documents, des données chiffrées et des cartes peut éclairer les avis. Cependant, leur nombre très important et l’absence de synthèse problématisée rendent difficilement assimilables les documents transmis. En effet, la profusion d’informations et l’absence de hiérarchisation produisent un effet catalogue qui nuit à l’appropriation des dispositions.

 

 

 

  1. Sur le fond

 

 

La démographie médicale

 

 

 

Au niveau régional

 

 

Dans un contexte de désertification médicale et d’inégalité de répartition géographique de l’offre de soins, l’implantation pérenne des professionnels de santé est un enjeu majeur de la régulation de la démographie médicale.

 

 

Cette orientation s’avère d’autant plus décisive que le diagnostic présenté au niveau régional est défavorable tant pour les médecins généralistes que pour les spécialistes. Si le nombre de médecins a en effet progressé entre 2015 et 2016, la densité médicale pour 100 000 habitants reste inférieure à la moyenne nationale : 96 médecins généralistes pour 100 000 habitants contre 104 au niveau national ; 70 médecins spécialistes contre 94 au niveau national. Quatre spécialités sont particulièrement fragiles : l’ophtalmologie, la cardiologie, la dermatologie et la psychiatrie.

 

 

 

Au niveau communautaire

 

 

Le territoire communautaire présente une situation très déficitaire. La densité des médecins généralistes est de 6,5 pour 10 000 habitants, soit trois points en dessous de la moyenne régionale).

 

 

Ce taux, inférieur à celui de certains bassins de vie à proximité, est d’autant plus problématique que la communauté urbaine, en tant que pôle urbain, a vocation à structurer l’offre de services. Elle s’est également engagée de manière volontariste dans la réalisation d’un contrat local de santé (CLS) à l’échelle de l’intercommunalité.

 

 

 

Un dispositif d’aide qui ne couvre pas l’ensemble du territoire communautaire

 

 

Afin de favoriser une meilleure répartition géographique des professionnels de santé, l’Agence régionale de santé s’appuie sur un zonage des communes déficitaires en médecins généralistes pour inciter les professionnels à l’installation. Ce zonage conditionne l’attribution d’aides et d’accompagnement des médecins.

 

 

Aujourd’hui, seuls les bassins de vie de Montceau et de Montchanin sont couverts par ces dispositifs, malgré une situation globalement défavorable sur l’ensemble du territoire et la mise en place d’un contrat local de santé à cette échelle.

 

 

Dans ce contexte, on peut regretter que la ville-centre du bassin nord, qui assure un rôle de services pour les communes du bassin de vie et dont toutes les politiques publiques nationales et régionales concourent à renforcer les fonctions de centralité, n’intègre pas le zonage ARS.

 

 

 

« E-santé »

 

 

Afin de pérenniser l’offre de soins et solutionner la problématique de désertification, l’ARS met en avant dans son PRS l’émergence de nouvelles technologies au service de la santé.

 

 

Si les nouvelles technologies peuvent permettre une meilleure coordination des professionnels, elles ne doivent pas se substituer aux moyens supplémentaires nécessaires, notamment au regard des projections en matière de vieillissement sur le territoire. Il faudra également veiller à ce que les professionnels voient là une réelle plus-value au quotidien et n’identifient pas ce besoin de coordination comme une tâche en plus dans leur agenda. Enfin, le facteur humain doit rester un élément fondamental des politiques de soins.

 

 

 

L’offre hospitalière

 

 

Afin de favoriser une meilleure coordination de l’offre de soins régionale, des groupements hospitaliers de territoire (GHT) ont été mis en place en 2016. La communauté urbaine fait partie du GHT « Saône-et-Loire – Bresse – Morvan ». C’est sur la base de ces groupements hospitaliers de territoire que le Projet régional de santé décline sa politique de planification des soins autorisés, pour 18 spécialités.

 

 

L’hôpital Hôtel-Dieu du Creusot ne fait pas partie du GHT (en raison de son statut) mais délivre une offre hospitalière à but non lucratif et remplit une mission de service public.

 

 

Les restructurations proposées ne sont pas sans impact pour la réorganisation de nombreux services hospitaliers : la chirurgie, les urgences, les soins palliatifs, etc. Pour autant, elles restent parfois difficiles à appréhender dans la mesure où les objectifs quantifiés restent globaux à l’échelle du GHT, sans déclinaison concrète pour les établissements concernés. Cette situation laisse un niveau d’imprécision, préjudiciable à la compréhension des orientations envisagées.

 

 

 

La chirurgie

 

 

L’ARS met la priorité sur le développement de la chirurgie ambulatoire (chirurgie à temps partiel de nuit ou de jour) qui devient le mode de référence.

 

 

Simultanément, elle envisage la restructuration des activités de chirurgie. Cette réorganisation a un impact direct sur le territoire de la communauté urbaine. En effet, au sein du SRS, le service de chirurgie de Montceau est directement ciblé.

Le conseil de communauté de la CUCM a déjà pris position à l’encontre de ce que prévoit le PRS sur ce sujet, par l’adoption d’un vœu lors d’un précédent conseil communautaire.

 

 

 

Les urgences

 

 

Le GHT Saône-et-Loire – Bresse – Morvan comprend quatre structures des urgences, dont une basée au Creusot et une à Montceau, comprenant toutes des Services mobiles d’urgence et de réanimation (SMUR).

 

 

Dans le schéma régional de santé, l’ARS limite le nombre de services des urgences 24h/24h par réduction des amplitudes horaires et supprime un à deux SMUR sur le GHT Saône-et-Loire – Bresse – Morvan. Afin d’assurer une meilleure coordination des SMUR, ces services mobiles deviendraient des antennes rattachées directement à l’établissement support du GHT (Centre hospitalier de Chalon-sur-Saône). L’amplitude horaire et les effectifs de ces antennes pourraient se voir réduits.

 

 

Cette situation n’est pas envisageable sur notre territoire au regard, notamment, de la sociologie de celui-ci (capacité à se déplacer…), de la présence de nombreuses entreprises à dimension industrielle et de la présence de la RCEA avec ses importants flux de véhicules.

 

 

 

Gynécologie-obstétrique, néonatologie et réanimation néonatale

 

 

Le GHT Saône-et-Loire – Bresse – Morvan comprend une maternité de niveau IIB, incluant un service de néo-natalité, deux maternités de niveau I (sans service de néo-natalité) et un centre périnatal de proximité (CPP).

 

 

L’ARS veut consolider le virage ambulatoire en gynéco-obstétrique. Au sein du GHT Saône-et-Loire – Bresse – Morvan, cela se traduit par la suppression d’une unité de gynécologie-obstétrique en hospitalisation complète (compensée en partie par la création d’une unité en hospitalisation de jour (à noter la création d’un centre périnatal de proximité).

 

 

Cette diminution du service public n’est pas acceptable en l’état. Par ailleurs, tout mode d’organisation à venir devra veiller à préserver la présence des services de maternité dans tous leurs aspects sur le territoire communautaire.

 

 

 

En conclusion

 

 

Même s’il est évident que la diminution et la dégradation de l’offre de soins sur notre territoire présentes dans le PRS 2018-2022, découlent de la déclinaison à l’échelle régionale d’une politique nationale et pourraient trouver, en partie, une solution dans la mise en place d’une réglementation de l’installation (ou primo-installation) des professionnels de santé, il n’en demeure pas moins qu’elles ne peuvent être acceptées car profondément injustes à l’égard de la population communautaire et inadaptées aux caractéristiques de notre territoire.

 

 

En conséquence, le conseil communautaire émet un avis défavorable sur le Projet régional de santé 2018-2022 présenté par l’Agence régionale de santé Bourgogne – Franche-Comté.

 

 

Intervention

 

Marie-Claude Jarrot

 

Merci pour cette présentation à laquelle l’ensemble du groupe adhère vis-à-vis de cette situation très compliquée pour notre territoire. Je veux remercier Jean-Claude Lagrange pour son intervention. J’ai l’honneur de présider le conseil de surveillance de l’hôpital. Nous savons ce que sont les problèmes de désertification.

 

Ce PRS est inacceptable. Il n’est pas lisible vis-à-vis de la proximité. Rien n’est dit ni localisé. Les filières ne sont pas articulées sur le territoire. Il n’est pas organisé au niveau des territoires. Le PRS ne remplit pas sa mission complète de présenter les services. Il ne dit rien des services qui devraient être amenés à être créés ou disparaître. Il est juste question de ratio qui ne tiennent pas compte des isolements. Aucun latitude aux réalités locales. Nous avons adopté à l’unanimité refusant la fermeture totale de la chirurgie.

 

Je me suis exprimée samedi, je ne réunirai pas le conseil de surveillance tant que le directeur de l’ARS ne serait pas venu répondre aux questions. Quelle attractivité pour le territoire ? Comment vont-ils nous accompagner ?

 

Le PRS présente une structure hospitalière par département, ce qui n’est pas valable, efficient. Le PRS met des barrières entre GHT Nord et GHT Sud. Le PRS ne prend pas la mesure des difficultés des déplacements des patients. On ne peut pas imaginer un territoire où des personnes iraient en consultation dans une cabine et ne verraient jamais un médecin.

 

On ne peut pas imaginer qu’on n’ait pas accès rapidement à des urgences, ce qui veut dire que les hôpitaux de proximité ont besoin de plateaux techniques avec des organisations des urgences.

 

On nous demande de nous organiser pour 6 ans alors que en parallèle le premier ministre a lancé une consultation sur l’organisation des soins. C’est complètement anachronique. Cette consultation, on en aura le résultat en mai. C’est n’importe quoi. On ne peut pas obtenir une organisation équilibrée avec des chiffres. Il y a des hommes et des femmes. On ne construit pas des programmes de santé avec des chiffres, mais avec des hommes et des femmes.

 

 

Intervention de Sébastien Gane

 

Tout d’abord, je ne peux que souscrire aux propos tenus par le Président dans son exposé. Les enjeux y sont clairement exposés.
Je souhaiterais toutefois mettre en lumière les points suivants.

La démarche CLS

La communauté urbaine s’est engagée dans la démarche de mise en place d’un Contrat local de santé (CLS). Cet outil a pour vocation de coordonner les actions locales en matière de santé et de permettre la territorialisation de la politique régionale. Il prend appui sur un diagnostic partagé, en cours de réalisation, à partir duquel seront élaborées des actions à mettre en œuvre sur les prochaines années. Il s’agit bien d’un dispositif facilitateur et non pas d’un nouvel outil qui aurait vocation à se substituer aux actions existantes.

Bien que le contexte de désertification médicale et d’inégalité de la répartition géographique de l’offre de soins soit une préoccupation majeure pour nos populations et pour les élus locaux que nous sommes, je tiens ici à rappeler que le CLS touche aussi à l’ensemble du volet prévention et qu’il s’articule avec la question de l’accès aux soins des publics les plus fragiles, les plus précaires et qu’il est donc en lien direct avec le Contrat de Ville sur cet aspect.

Ceci étant posé, l’engagement d’une telle démarche à l’échelle communautaire implique donc que le territoire communautaire soit traité comme un ensemble cohérent. A ce titre, la problématique de zonage concernant Le Creusot et son « territoire de santé de vie » pose un réel problème. En effet, il sera bien difficile de promouvoir des actions de cohérence au sein du CLS communautaire si le PRS a pour effet d’accentuer les écarts au sein du territoire communautaire. Il y a donc ici un vrai risque de blocage et, par extension, que ce blocage sur la question de la démographie médicale ne vienne brouiller l’image du CLS et nuire à l’ensemble des actions de prévention qui pourraient y être développées. Le CLS se lit comme un ensemble cohérent et équilibré et son efficacité future dépend directement de sa capacité à intervenir sur l’ensemble des champs.
Cette situation est d’autant plus regrettable que, faut-il le rappeler, les CLS sont clairement identifiés comme des outils clés dans le PRS et que le pilotage est mené conjointement entre la communauté urbaine et l’ARS.

Enfin, il est essentiel que le CLS soit un outil articulé avec l’ensemble des compétences communautaires. L’accès aux soins des populations les plus fragiles passe nécessairement par une articulation avec d’autres dispositifs : Contrat de ville comme déjà évoqué, mais aussi structures et dispositif d’accueil, d’accompagnement et d’insertion vers l’emploi, ou encore dispositif de transports publics sur la communauté urbaine…

La santé : un enjeu global

Ceci me permet donc d’aborder un second point qui m’apparaît essentiel et, à mes yeux, trop peu abordé dans le PRS, à savoir la question de la désinsertion professionnelle qui fait l’objet de quelques lignes dans le PRAPS.

Cette question est pourtant primordiale car cette désinsertion professionnelle nourrit l’exclusion de demain ; elle contribue à accroître le nombre de demandeurs d’emploi ayant des problèmes de santé qui les rendent inaptes à certaines activités. S’intéresser à ces profils, c’est trouver une explication au fait que certains secteurs ont des difficultés à recruter (ils offrent des conditions de travail qui ne sont pas en adéquation avec les inaptitudes) et on notera qu’à côté du bâtiment ou de l’hôtellerie-restauration, les professions de santé sont elles-mêmes touchées par le phénomène !  

Or, comme le souligne un récent rapport de l’IGAS (décembre 2017), 1 à 2 millions de salariés seraient menacés de désinsertion professionnelle du fait de la dégradation de leurs capacités due à la maladie ou au handicap.
En ce début d’année 2018, l’assurance maladie, dans son rapport « Santé, travail : enjeux et actions », a révélé que 20 000 affections psychiques avaient été reconnues en 2016 au titre des accidents du travail, soit 3,2% du total des accidents du travail. Un taux encore faible mais en constante progression (1% en 2011), qui traduit une hausse constante de la problématique des RPS.

La DARES, dans un rapport publié en décembre 2017, souligne qu’en 2016, un tiers des salariés ont déclaré être exposés à au moins 3 des 5 facteurs de pénibilité retenus dans cette enquête menée depuis 1978. En 1984, cette part n’était que de 12%.  

Si je mentionne ces données, c’est pour souligner que la santé est une problématique transversale qui ne se limite pas aux dispositifs de soins. Tous les acteurs de la santé au travail sont aussi concernés et ce ne sont pas les évolutions récentes concernant les moyens alloués à ce sujet qui sont faits pour me rassurer (Cf. suppression des CHSCT).

L’évolution du monde du travail, de nos modes de vie – qui peuvent aussi favoriser la dégradation de notre environnement – de nos habitudes alimentaires… sont autant de facteurs qui agissent sur notre santé.

Face à ces évolutions, notre système de santé s’appauvrit. Il ne cesse de se rétrécir pour répondre à des logiques gestionnaires, technocratiques, déconnectées des problématiques territoriales et des besoins de nos populations, et notamment des plus fragiles qui ne disposent pas toujours des moyens de mobilité nécessaires pour accéder à une offre de soin toujours plus éloignée de leur domicile. Cette politique alimente le ressentiment des territoires qui se sentent laissés pour compte et elle donne un crédit dangereux à ceux qui jouent « la ville contre la campagne ». La logique de rationalisation touche à sa fin ; elle a aujourd’hui comme conséquence de laisser des territoires sans solution de soins et aura donc une conséquence sur l’aménagement du territoire de demain.

Enfin, je ne voudrais pas terminer mon intervention sans une pensée particulière pour les salariés du secteur de la santé qui, chaque jour, restent engagés auprès des patients et de leur famille, malgré les difficultés, le manque de moyens et la dégradation de leurs conditions de travail.

 

 

 

 

Intervention EELV
Pierre-Etienne GRAFFARD

A l’occasion du projet régional de santé Bourgogne Franche comté, nous ne pouvons donner que notre avis, et c’est bien regrettable.
Ce qui est aussi regrettable c’est le côté récurrent de cette question de la santé sur nos territoires. C’est sans fin. Sous couvert de rationalité induisant une prétendue efficacité, nous avons à faire face à d’incessantes inquiétudes sur l’offre de soin et l’accès aux soins.

Ce n’est jamais fini, ce n’est jamais assez.

La tarification à l’acte avec ses effets induits complétée par la demande de coopération entre les hôpitaux, conduisent à une neutralisation pour ces deux politiques de santé. Comment envisager, en effet,  une coopération quand les budgets des établissements sont basés sur la concurrence.
Concurrence exacerbée par les différents statuts des établissements mais aussi par les organisations des services au sein même d’un établissement.

Alors quand il s’agit de décliner ces politiques à l’échelle d’un territoire, on se retrouve avec des services fermés, des services en inquiétude pour leur avenir, des déserts médicaux, des accès différenciés, etc, etc.

 

C’est ce que nous retrouvons  dans ce rapport qui nous est présenté pour lequel nous nous faut donner notre simple avis c’est à dire pas grand chose pour l’ARS. Désolant.

Sur des problématiques complexes comme l’est le système de santé qui voit la population vieillir, la technicité progresser, la fracture sociale s’accentuer, la rentabilité en lieu et place de la bonne gestion, il serait parfois indispensable de faire appel au bon sens et à l’intérêt général.
La notion de service publique qui devrait être au cœur de cette problématique de santé, s’efface peu à peu tant la place des intérêts privés s’accentue dans l’organisation de notre système de santé, soit par un statut clairement posé, soit par mimétisme de gestion pour les établissements publics ou assimilés.

Mais si nous avons un avis défavorable, si nous avons encore et toujours des inquiétudes, si nous imaginons des structures, des dispositifs d’aides pour la médecine générale, c’est parce qu’une politique nationale de santé est en œuvre.
Pas de fatalisme s’il vous plait.
D’autres politiques sont envisageables pour répondre à l’intérêt général dans l’offre et l’accès aux soins pour tous :

•    Revenir sur la tarification à l’acte, c’est possible.
•    Bâtir des coopérations entre la médecine de ville et l’hôpital, c’est plus que souhaitable. Et c’est à faire.
•    Organiser la médecine générale par l’université afin d’éviter la surenchère et la concurrence des dispositifs locaux, c’est fait pour le personnel éducatif, pour nos forces de sécurité, pour les domaines de service public en général.
Cela doit être envisageable pour les médecins, non?  

Dans ce domaine comme dans bien d’autres, les gouvernements qui posent en préalable « pas d’alternative » pour imposer leurs politiques, trompent nos concitoyens mais aussi le personnel qui subit ces politiques dans leur lieu de travail, dans l’exercice de leurs missions.

Et que dire des patients et de leurs familles ; et de la nécessaire proximité et du temps de disponibilité toujours plus contraint accordé aux malades.
Quelle est leurs places dans cette gestion comptable ? Dans ces dispositifs où pour une maternité on se pose la question de nouvelles synergies nécessaires car 600 naissances ne suffisent pas.
Dans cette logique comptable où on ne parle que de rentabilité, on peut être effrayé de la possible ouverture d’un service d’oncologie. Quel sera le seuil de cancer traité pour satisfaire le ministère de la santé ? Effrayant !

Agir avec volontarisme sur la qualité de l’air, de l’alimentation, sur la composition de nos produits domestiques, sur nos mobilités, feraient fermer les services de santé faute d’actes médicaux suffisants pour la rentabilité réclamée par l’ARS. Quelle horreur !

Je regrette d’utiliser un peu de cynisme dans mes propos mais notre système de santé dans son organisation, dans son évolution conduit à cela.

Car oui, inexorablement, avec l’ARS ce n’est jamais fini, ce n’est jamais assez.
Par contre, il n’est jamais trop tard pour de nouvelles politiques.

 

 

 

Intervention

 

Evelyne Couillerot

 

Quelques mots pour dire que les actes et les objectifs qui sont pour beaucoup la reprise du PRS précédent. Nous y sommes favorables. Les zonages ne permettent pas l’utilisation des équipements du territoire de manière équitable. C’est l’ARS qui écrit le PRS, qui gère la santé selon mois-disante. A un moment donné, il s’agit d’une politique d’État, une politique nationale. Je pense qu’à un moment donné, il devriendra compliqué de ne pas révisé et de ne pas avoir une réflexion profonde sur l’organisation de notre système de santé. Effectivement nous étions dans une réunion des départements de France hier, cela a été évoqué de demander à des jeunes professionnels de santé financés par la Région d’avoir un exercice pendant un temps donné sur cette région. Pourquoi pas ? Nous sommes depuis toujours sur des offres, des incitations. Les incitations touchent leurs limites. Les communautés font tout ce qu’elles peuvent pour valoriser leurs territoires parfois les unes contre les autres.
Les établissements médicaux-sociaux et notamment ceux accueillant des personnes âgées et dépendantes concernent directement les PRS. Le contexte est bien écrit sur les bases données par l’Observatoire Régionale de Santé avec un enjeu d’avenir : avoir un accueil digne de ce nom. Au-delà ce de diagnostic, nous nous posons la question de la représentativité de l’offre. Nous pouvons chercher des réponses. Là-dessus, nous ne les trouvons pas. Il y a une absence flagrante de réponses. Comment l’ARS peut rattraper le retard ? Les personnels sont en souffrance. Les personnes âgées n’ont pas les réponses qu’elles sont en droit d’attendre. Ce financement de soins est mal assuré par l’ARS. Et le PRS n’apporte pas de réponses sur ce point.
De la même façon que nous parlons du glissement de la population aucune création nouvelle en EHPAD n’est évoquée dans ce PRS. On parle seulement de ventilation. Je mets au défi le directeur de l’ARS de fermer des places ailleurs pour en ouvrir dans un autre lieu.

 

Jean-Claude Lagrange

 

Ce travail de long débat au Conseil Régional, le PRS atteint un objectif. Il est soporifique. Il nous éloigne des vrais réalités de terrain. Cela a été une approche territoire par territoire. Adopter un document indiquant des choses déjà faites, c’est dramatique. C’est un vrai problème national. Quand on pose des questions au directeur de l’ARS qui applique des directives nationales, on a l’impression qu’il y prend du plaisir. A un moment donné, on doit être des relais. On est dans un territoire qui de plus en plus est obligé d’être solidaire. Le passé est derrière. Aujourd’hui c’est tous ensemble pour défendre ce service public. Quand on porte des valeurs de gauche, on ne peut se complaire de propos traitant la santé sous le trait libéral.

 

Charles Landre

 

Tout le monde partage un constat commun. On ne connaît pas la volonté du gouvernement et pour cause. Nous ne connaitrons les politiques de santé que dans quelques mois. Bien sûr, c’est un document qui nous présente une gestion des risques. Pour le territoire, le GHT nous ne comprenons pas la vision d’avenir. Et puis il y a quelque chose : la diminution des heures du SMUR. Un document qui insiste beaucoup sur la médecine préventive, prédictive pour moins de soignants, moins de médecins. La médecine, la santé ne peut pas se faire de loin et avec de moins en moins de praticien.
Ne répétons pas les erreurs du passé. Sachons enfin construire des pistes pour l’avenir du territoire dans l’intérêt des habitants et des différents bassins.

 

 

 

 

 

 

ccm 2604184

 



Laisser un commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire.


» Se connecter / S'enregistrer