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mercredi 8 décembre 2010 à 06:58

Extension de la carrière de Lugny et création d’une nouvelle à Burgy

Une partie des habitants s'oppose à ces projets et reçoit le soutien de Nicole Eschmann (Europe Ecologie)



Extension de la carrière de Lugny et création d’une nouvelle carrière à Burgy, une partie de la population s’y oppose et Nicole Eschmann, vice-présidente Europe Ecologie au Conseil régional de Bourgogne, soutient ce mouvement.



« Samedi 4 décembre 2010, je me suis rendue à l’invitation d’habitants de Burgy, à la mairie du village, dans le canton de Lugny, pour participer à l’enquête publique sur un projet d’extension de carrière à Lugny et de création d’une seconde carrière à Burgy.


Dans une mairie noire de monde, à l’initiative d’une association créée à cette occasion, les habitants ont débattu,  questionné le commissaire-enquêteur, et rendu par écrit leurs argumentations.


J’ai moi aussi exprimé mon désaccord avec ce projet pour les raisons suivantes :


1°) environnementales


Car le projet se trouve en zone ZNIEFF de type 2, Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique, « secteur du territoire particulièrement intéressant sur le plan écologique, participant au maintien des grands équilibres naturels ou constituant le milieu de vie d’espèces animales et végétales rares, caractéristiques du patrimoine naturel régional. » . La ZNIEFF de type II réunit des milieux naturels formant un ou plusieurs ensembles* possédant une cohésion élevée et entretenant de fortes relations entre eux. Elle se distingue de la moyenne du territoire régional environnant par son contenu patrimonial plus riche et son degré d’artificialisation plus faible. * Chaque ensemble constitutif de la zone est un assemblage d’unités écologiques, homogènes dans leur structure ou leur fonctionnement.


L’absence de prise en compte d’une Znieff lors d’une opération  d’aménagement relèverait d’une erreur manifeste d’appréciation susceptible de faire l’objet d’un recours. Le TA d’Amiens a annulé l’arrêté d’autorisation d’une carrière en ZNIEFF de type I et II (TA d’Amiens – 22/05/94).


Impact visuel : 13 ha d’exploitation dont 6 ha déboisés de forêt sur une belle combe en face du village, offrira une éventration de la colline visible depuis la vallée et le versant opposé, le village de Burgy et la route départementale 455 : impact paysager négatif sur la qualité du village de burgy, charmant petit village avec un habitat de qualité, une église classée … C’est aussi une atteinte patrimoniale aux habitants de la vallée.


Impact sur la faune : on ne peut déroger à l’interdiction de dérangement, de destruction ou de délocalisation de l’habitat des espèces protégées. Or le milieu de nombreuses espèces protégées sera détruit ou fortement endommagé sur de grandes distances : par exemple le gobemouche gris, le pouillot siffleur, espèces en déclin, menacées et vulnérables ; mais aussi le lézard vert, la martre, la salamandre.  Le projet ne précise pas les autres espèces d’oiseaux bénéficiant d’une protection au titre de la réglementation nationale. La loi de 1976 sur la protection de la nature impose aux PLU de respecter les préoccupations d’environnement, et interdit aux aménagements projetés de « détruire, altérer ou dégrader le milieu particulier » à des espèces animales ou végétales protégées (figurant sur une liste fixée par décret en Conseil d’Etat).


Impact sur l’alimentation des sources : le projet ne donne pas de coupe hydrogéologie.


Impact sur le rejet des eaux de ruissellement : le projet ne les précise pas


Impact sur les nouvelles lisières de forêts exposées aux effets de vent : le projet ne les précise pas


Impact sur les chemins de randonnée : tracé modifié du chemin de crête, les autres chemins de randonnée ne sont pas mentionnés dans le projet, alors qu’ils font partie du patrimoine public de Burgy et environs.


2°) de nuisances  à la communauté


Nuisances sonores permanentes : une noria de gros camions de chantiers sur de petites routes, à plein et à vide, avec le bruit violent des caisses des camions sur les trains de roues. En plus de l’exploitation de carrière au sens de l’article 4 du code minier,  un gros matériel de chantier travaillera  en permanence sur le site : concassage, broyage, criblage, ensachage…

.

Détérioration des routes par cette noria de camions (200000 t par an): ce serait irresponsable de laisser croire à la population que les collectivités territoriales, étranglées par la réforme, pourraient supporter le coût de leur réparation et de leur entretien. Alors qui, sinon les petites communes en supporteront le coût supplémentaire ?

Dépose de poussière sur tout le vallon, en particulier sur un territoire viticole.

Augmentation de l’accidentologie avec le croisement de ces camions et  de la circulation habituelle;





3°) de coûts injustement pris en charge par la communauté


Comme très souvent dans les projets d’installations nouvelles, les coûts ne sont pas pris en compte à leur juste valeur, dans la droite ligne de la « privatisation des profits et la mutualisation des charges » : dans le cas de Burgy, ce sont les conséquences des poussières, la réfection des routes, la remise en état complète des lieux.


Concernant la remise en état du site : le projet ne donne pas de coupes de terrains ou de représentations en relief permettant d’apprécier les conditions d’une remise en état. Le projet n’évoque pas la possibilité de supprimer l’impact du nouveau front de taille. Il n’y a pas de simulation de relief nécessaire pour apprécier la qualité du site en fin d’exploitation. Le projet ne définit pas les responsables de la gestion future de l’entretien des secteurs recréés, alors qu’il faut un véritable projet paysager  réalisé par un professionnel de la conception paysagère, avec un véritable programme d’ingénierie.


4°) de l’insuffisance de justifications de la nécessité de l’extension du site :


Elle est insuffisamment justifiée, uniquement par des prévisions de chantier sans analyse de solutions alternatives.


On sait pourtant que  si on veut respecter les engagements de Grenelle, on sera obligé :


–    de bâtir autrement, avec  d’autres matériaux (bois, nouveaux produits)


–    de se déplacer autrement : construire beaucoup moins de routes, et plus du tout d’autoroutes et de privilégier le rail (voyageurs, fret). Le débat sur la mise en concession de la RCEA est à ce titre très instructif.


En conclusion, aujourd’hui, aucun projet ne peut se mener contre l’avis des populations concernées. L’absence de prise en compte d’une Znieff  est susceptible de faire l’objet d’un recours. Enfin, il est nécessaire d’avoir une approche globale de la situation, en anticipant l’avenir, en concertation avec tous les acteurs, en ne minimisant pas les impacts sur ceux qui n’en subiront que des désagréments : la population, les petites communes, la faune, le territoire paysager, l’environnement
« .


Nicole Eschmann


Vice-Présidente Europe-Ecologie au Conseil régional de Bourgogne



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