A Montceau vit une dame âgée de 85 ans qui souffre d’une dégénérescence de la vue, mais qui, confiante en son environnement habituel, gardait toute son autonomie. Le 18 mai dernier, 2 hommes lui ont piqué son portefeuille dans le supermarché où elle fait ses courses, et depuis, elle a perdu son sentiment de sécurité, celui qui lui permettait en dépit de son âge et de ses fragilités, de continuer à assumer sa vie quotidienne.

 

 

Petites causes, grands effets, cela arrive souvent, mais les 2 prévenus, tous deux roumains et assistés d’une interprète, semblent le découvrir à l’audience.

 

 

Le 18 mai dernier, madame W. se rend à Intermarché, comme elle le fait toujours. Devant le rayon des produits laitiers, un homme l’accoste et lui demande son avis : quelle est la meilleure marque de beurre ?

 

 

Depuis le Dernier tango à Paris, on sait tous à quoi peut servir le beurre, et les deux prévenus semblent le savoir aussi, car, pendant que Sorin, 54 ans, entretient cette dame qui gentiment le conseille, Constantin, 50 ans, tente de lui piquer son portefeuille. Il y parvient. 170 euros en liquide.

 

Les agents de sécurité voient le manège sur leurs écrans de surveillance, ils retiennent les compères et la police vient les arrêter.

 

 

On pourrait penser que l’affaire est pliée, mais ça discute à la barre : Sorin essaye de se défausser sur Constantin, lequel invoque des drames familiaux personnels et « la boisson qui est dans ma tête », il plaide la pulsion, l’inspiration de dernière minute.

 

« Rien n’est spontané, tout est organisé, il y a deux rôles. » Les prévenus ont des casiers judiciaires vierges, la procureur requiert 3 mois de prison ferme chacun.

 

Maître Mathilde Leray se fait la voix de la vieille dame qui voudrait bien qu’on interdise à ces hommes de paraître à Montceau : « Madame W. ne se sent pas de les croiser à nouveau, elle est toujours choquée, elle a confiance dans son environnement et elle a été dupée, et en plus ils l’ont bousculée. Elle a eu 3 jours d’ITT, un choc émotionnel avec anxiété. Aujourd’hui elle a la crainte de subir de nouveaux faits, et de les revoir. » L’avocate demande 1500 euros de dommages et intérêts.

 

 

Les comparses sont embêtés, « on » leur a dit qu’ils pouvaient faire jusqu’à 10 ans de prison, ça fout les jetons c’est sûr. Alors Constantin fait sourire toute la salle en proposant d’aller travailler gratuitement chez cette dame pendant 1 an, pour l’aider… « Elle ne doit pas avoir envie de vous voir chez elle, monsieur », répond la présidente.

 

 

Lorsqu’ils entendent que le tribunal les condamne à 4 mois de prison avec sursis, ainsi qu’à payer solidairement 600 euros d’indemnités à leur victime, et 600 euros pour ses frais de défense, ils sont si rassurés que l’un des deux est prêt à commencer à payer tout de suite, en donnant au tribunal les 20 euros qu’il a dans sa poche.

 

 

FSA