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vendredi 17 novembre 2017 à 06:33

TRIBUNAL

Comparution immédiate Le Creusot Montceau



 

 

 

 

 

Ce jeudi 16 novembre, à 8 jours d’un black Friday francisé, avènement hystérique d’un consumérisme entretenu sans répit par un calendrier haletant, deux mamans ont été jugées pour des vols à l’étalage dans des magasins de Montceau-les-Mines, du Creusot et au Breuil. Deux mamans qui finissent l’audience en larmes, anéanties de réaliser qu’elles pourraient faire un peu de prison : que deviendraient les petits ?

 

Les faits :

 

 

La plus âgée, Linda, 36 ans, est brune et tout habillée de noir. La plus jeune, Zohra, 27 ans, a choisi d’être blonde, et elle est vêtue de couleurs claires, c’est elle qu’un vigile a interceptée le jeudi 2 novembre à la sortie de la boutique « Une heure pour soi » au centre commercial Leclerc du Breuil. Dans son sac tapissé d’aluminium pour tromper les portiques de sécurité, on trouve des parfums, du maquillage. Linda a fuité, mais on la retrouvera. Son sac était également bricolé avec de l’alu. Elles venaient de Dijon expressément pour voler, et en fin de journée elles avaient fauché 3 paires de lunettes de soleil dans la vitrine d’Afflelou, des parfums et des testeurs de cosmétiques chez Nocibé, et à la boutique Une heure pour soi, sur les villes de Montceau et du Creusot. Les caméras de vidéosurveillance des boutiques vont restituer leur manège : l’une faisait mine d’acheter pour occuper une vendeuse, et l’autre piquait pour un préjudice total aux environs de 3000 euros. Les enquêteurs perquisitionnent aux domiciles et trouvent chez Linda des tas de fringues de tailles différentes portant encore les étiquettes de vente, des tas de paires de chaussures. Le commissariat les convoque ensuite, elles sont placées en garde à vue hier, 15 novembre.

 

Des vies compliquées

 

La grande brune vêtue de noire se fait gémissante et implorante, mais elle a tendance à raconter des bobards (« C’est la première fois que je vole », « Ah bon ? On verra à votre casier que non »), et elle a choisi de garder le silence durant toute sa garde à vue, ce qui agace le parquet. « Le temps de la garde à vue est aussi un temps d’enquête, on peut vérifier des choses, mais elle se tait, et parle quand le dossier est clos. » Maître Anne Richez-Pons reconnaît que sa cliente « bidouille » mais retrace un parcours pas drôle : elle naît en Tunisie, son père décède elle a 2 ans et sa mère part en France, sans elle, y « refaire sa vie ». Elle fait venir sa fille 15 ans plus tard, puis celle-ci vers l’âge de 22 ans repart en Tunisie pour y être mariée à un cousin. Deux enfants, un divorce, une vie de galère dit cette femme, dont le fils est déjà suivi, trop angoissé, pas solide, le petit. Un peu d’intérim à l’occasion, un peu d’ARE quand c’est possible, puis le RSA, et de la « bidouille », vols inclus. Pas mal de petits vols, dit le parquet, souvent classés sans suite, mais tous inscrits sur sa fiche, et une condamnation en 2014.

 

 

 

La petite blonde aux couleurs pastel ne gémit pas, mais sa voix chevrote lorsqu’elle évoque ses enfants. Elle a divorcé elle aussi. Au printemps son mari est parti. Elle a volé, parce qu’il était parti, elle a été condamnée en septembre (amende avec sursis). Et puis il est revenu, mais elle vole à nouveau parce que « on m’a supprimé tous mes droits », alors qu’il ne l’aide pas, endetté qu’il est par des crédits, et puis il paie encore le loyer de son ancien appartement, le temps de la dédite. « Il ne me reste que 60 euros pour le mois, et j’ai mes enfants à nourrir. » Compliquée, cette vie. Zohra dit qu’elle pensait vendre les produits « sur internet ». Maître Ronfard insiste pour sa défense sur sa franchise dès son interpellation : elle reconnaît, elle présente des excuses aux victimes

 

 

« Ces vols nous pourrissent un peu la vie »

 

Le parquet requiert contre Zohra la blonde 8 mois de prison dont 4 assortis d’un sursis mis à l’épreuve de 2 ans, et contre Linda la brune 12 mois dont 4 assortis d’un sursis mis à l’épreuve de 2 ans, « je vous demande de prononcer un mandat de dépôt à l’encontre de madame ».
« On n’est pas là pour envoyer les gens en prison, dit la patronne d’une des boutiques pendant le délibéré, je comprends des choses, j’ai des enfants aussi, mais en même temps, à un moment donné… », « Ces vols nous pourrissent un peu la vie, dit un autre, et aussi la vigilance requise quand on voit quelqu’un traîner dans la boutique ». « La surveillance, ça coûte cher, aussi. » Un des commerçants a demandé des dommages et intérêts pour ses frais de déplacements et le temps passé à cette histoire, « par principe » dit-il.

 

Pendant ce temps, dans le box, ça pleure à chaudes larmes.

 

Le tribunal condamne ces mamans voleuses : Zohra, à 4 mois de prison intégralement assortis d’un sursis mis à l’épreuve de 2 ans, avec obligation de travailler, d’indemniser les victimes, et interdiction de paraître dans les magasins volés. Intense soulagement, la jeune femme est prête à promettre ce qu’on veut, du moment qu’elle peut retrouver ses filles.

 

Linda est condamné à 8 mois de prison dont 4 assortis d’un suivi mis à l’épreuve de 2 ans, mêmes obligations que Zohra et même interdiction. « Le tribunal ne prononce pas de mandat de dépôt, vous pourrez solliciter un aménagement de peine. Mais s’il y a d’autres vols, vous irez en prison. »

 

FSA

 

Les deux femmes devront indemniser les victimes pour un montant total de 3948 euros.

 

 

 

 

tribunal 2208172

 

 

 

 



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