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mardi 14 août 2018 à 11:18

Justice – Suite de l’affaire de violences conjugales à Montceau

8 mois de prison ferme et incarcération immédiate !



 




 

 

 

Il sort de garde à vue, trois policiers de la BAC de Montceau-les-Mines l’escortent. Il a 33 ans, taille moyenne, visage agréable. Il est alcoolique, mais ne veut pas le savoir. Il passe en comparution immédiate ce lundi 13 août, parce que samedi dernier à Montceau, il a frappé sa compagne.

 

Il est allé loin, jusqu’à l’étrangler pour qu’elle lui donne le bébé, 8 mois, qu’elle portait, qu’elle a serré contre elle jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus le protéger.

 

 

Coups, strangulation, tout pour qu’elle ne parte pas avec le petit

 

 

A la police qui débarque un peu après 20 heures, il dit qu’il a aussi reçu des coups, que la scène fut violente, mais il a 1.80 gramme d’alcool par litre de sang, et la jeune maman (on dirait une brindille, un bout de femme qui semble avoir 20 ans, et les a peut-être) sort de l’hôpital avec 10 jours d’ITT. Œdèmes, traces de coups, plaies et dermabrasions, choc émotionnel important. Elle avait fini par lâcher le petit, seul moyen sans doute de lui éviter de prendre aussi. La voisine qui est intervenue a repris l’enfant au père ivre et l’a redonné à sa mère, laquelle a peur, parce que ce n’était pas la première fois. En février dernier elle s’était déjà rendue au commissariat, du Creusot cette fois-ci, raconter une autre scène d’alcool, de reproches, de dispute, de gifles assénées avec le revers de la main, le bébé avait 1 mois.

 

 

 

« On n’aime pas se faire traiter d’alcoolique, c’est vexant »

 

 

Ce 13 août il dit des choses comme : « J’ai une consommation d’alcool qui est régulière, mais qui n’est pas journalière. C’est une habitude que j’ai prise comme ça, à l’adolescence. Et quand on me fait des réflexions, c’est vexant. On n’aime pas se faire traiter d’alcoolique, quand à toutes les tables françaises on aime boire. Mais quand j’ai bu, elle le voit tout de suite, et elle se fâche. » Et lui, il la frappe. Il la frappe et elle le quitte, ensuite il déprime noir, ils s’appellent, il lui promet que c’était la der, elle revient. La jeune brindille ne veut pas se porter partie civile et ne demande aucune réparation, si ce n’est que cette audience met fin définitivement à cette relation. « Il a recommencé, alors c’est terminé. »

 

 

« Un petit de 8 mois, c’est fragile, et innocent. Je suis révoltée par ces violences »

 

 

La présidente Therme acère ses questions, et la vice-procureur, Aline Saenz-Cobo, dresse un portrait à l’encre sèche de sa situation, parce que l’homme, aussi malheureux soit-il de cet enfer qui revient en boucle, et pour cause, en est encore à finasser sur la sémantique : « Je reconnais avoir frappé ma femme, mais je ne l’ai pas tabassée, si ça peut vous aider », lance-t-il au tribunal. Ce genre de remarque ne l’aide pas, lui, car l’image de la jeune femme recroquevillée au sol enroulée sur son petit pour le protéger empêche d’entrer dans les nuances, pour les magistrats cette violence-là porte bien son nom. « L’enfant est victime collatérale, requiert la vice-procureur. Un petit de 8 mois, c’est fragile, et innocent. Je suis révoltée par ces violences, le chemin de monsieur sera long, très long. » Elle requiert 1 an de prison dont 6 mois assortis d’un sursis mis à l’épreuve de 3 ans, mandat de dépôt.

 

 

Une vie qui se disloque lentement et violemment

 

 

Cette audience donne à voir une vie qui se disloque lentement, sous l’effet d’une maladie (on dit de l’alcoolisme qu’il en est une, désormais) dont le jeune papa ne veut pas se savoir atteint. Déjà père d’un petit de 2 ans, né d’une précédente liaison qui a mal tourné, il n’a pu rencontrer son fils que lorsque celui-ci avait 4 mois. La maman lui en avait caché la naissance, et il a dû bagarrer pour que la pré-reconnaissance en mairie s’actualise à l’état civil. Cette violence qui lui fut faite porte bien son nom elle aussi, mais sa volonté d’enfin assumer ses paternités s’est brisée sur les cannettes de bière, les verres de vin, les godets de rhum. Brisée.  Son travail aussi. Il est pourtant qualifié, il fut artisan, il gagnait sa croûte, mais rien ne résiste à l’alcool. Sa propre mère ne veut pas l’héberger : son mari à elle buvait, il la frappait, elle ne remettra plus le couvert, c’est au-dessus de ses forces.

 

 

« Je n’ai pas besoin de suivi psychologique, je suis stable »

 

 

 

La présidente Therme essaie encore : « Vous avez fait une tentative de suicide et un séjour à Dracy, et vous n’avez pas poursuivi les soins psychologiques ? – Je n’en ai pas besoin, je suis stable, c’est que l’alcool (qui pose problème, ndla). » Il est stable. Et il comparait pourquoi ? « Pour des violences. » Il pointe une autre question sémantique : ce que sa mère appelle de « mauvaises fréquentations », lui il les appelle « une bande de bons vivants ». Question de regard ? Pas tout à fait. Il y a des éléments objectifs, et ce qu’ils fabriquent, produisent. Ici, des violences intrafamiliales. Alors il a beau raisonner, il tourne à vide. Il faut toujours se méfier des gens qui raisonnent sans cesse : ils ne cherchent qu’à légitimer/rationaliser leurs comportements, au mépris des autres et des liens, au détriment des relations, car l’important c’est de repeindre la façade. Ce ne sont pas des monstres, non, ce sont des gens qui souffrent beaucoup, mais la limite c’est celle des conséquences sur les autres, et de cela ils n’ont aucune conscience. « J’ai frappé la femme que j’aime, alors demander pardon aujourd’hui n’aurait pas de sens. Je dois d’abord purger ma peine, et après je verrai à demander pardon. Pour l’instant, c’est moi que je dois pardonner. » Il parle calmement, le bébé est dans le hall du tribunal, on l’entend crier un peu, comme crient les bébés, c’est un beau poupon.

 

 

8 mois de prison ferme, incarcération immédiate

 

 

 

Il dit n’avoir jamais été violent contre ses enfants. « Mon fils de 2 ans, il a pris une fessée en juillet, oui, mais une fessée. Il m’avait fait une pisse sur le canapé, et depuis il est propre. – Vous avez connu la violence quand vous étiez petit ? lui renvoie au quart de tour la présidente. » 

 

Au casier, quelques condamnations : conduite sans assurance, conduite sous l’empire de l’alcool, délit de fuite, menaces de mort contre la mère du fils aîné. Le tribunal le condamne à 18 mois de prison dont 10 mois assortis d’un sursis mis à l’épreuve. Obligation de travailler, de se soigner (addiction à l’alcool et soins psychologiques), interdiction de paraître au domicile de la victime, interdiction de contact, faire un stage de sensibilisation aux violences conjugales. Le tribunal décerne mandat de dépôt pour les 8 mois ferme, incarcération immédiate, la BAC fera un crochet par le centre pénitentiaire avant de rentrer sur Montceau. « Même la présence de votre enfant dans les bras de sa mère ne vous arrêtait pas ? »

 

 

 

Florence Saint-Arroman

 

 

Pour mémoire : https://montceau-news.com/faits_divers/481962-encore-des-affaires-de-violences-conjugales-a-montceau.html

 

 

 

tribunal 2208172

 

 

 



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