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vendredi 31 août 2018 à 06:08

Justice – violences volontaires avec arme à Saint-Vallier

15 mois de prison, dont 10 mois assortis d’un sursis



 




C’est l’histoire d’arrangements et d’embrouilles qui mènent à ce vers quoi inévitablement ça conduit quand c’est ficelé n’importe comment : au clash. Mais un coup de fusil (de chasse) a été tiré ce mardi 28 à Saint-Vallier, ça n’amuse personne, et l’auteur du coup a été jugé ce jeudi 30 août selon la procédure de comparution immédiate.

 

 

Lorsque l’escorte entre dans le box, on repère, par habitude, le deuxième à y pénétrer. On l’observe, et on note rapidement « bronzé, trapu, balaie très rapidement la salle d’un regard assuré », puis on voit l’arme à sa ceinture. Ce n’est pas le prévenu, c’est un policier de la BAC. Du coup on cherche le seul qui n’est pas armé, et le voici, Gérard X, né à Saint-Vallier en 95 dit le rôle d’audience. On peine à le croire : 23 ans ? On lui donne plus. Il a 4 enfants, une compagne qui tient à lui, elle est dans la salle. Il a le teint blanc, il est grand et dégingandé, il est plutôt maigre, il est accro à l’héroïne. Et avant-hier il est sorti de chez lui fusil en main, il en a tiré un coup, « il visait notre voiture », soutiennent les victimes (qui ne sont pas venues à l’audience), « pas du tout, j’ai tiré en l’air », affirme le prévenu. Que s’est-il passé ?

 

 

Gérard X s’est lié en prison avec un certain M.Y qui a une voiture à vendre, une Audi, pour 600 euros. Les deux prisonniers font affaire. Gérard semble-t-il lui en règle une partie. Il retrouve la liberté, et conjointement un travail, en CDD, son employeur est bien content de lui, il l’écrit au tribunal. L’autre sort quelques mois plus tard. « Une connaissance de la compagne ou amie de M.Y. s’introduit chez Gérard X et sa femme et tente de récupérer l’Audi, mais il l’accidente et s’enfuit », expliquera maître Sarikan. Voilà Gérard avec une Audi abîmée sur les bras, victime également qu’on se soit introduit chez lui.

 

 

M.Y décide donc d’aller chercher lui-même le solde des 600 euros et débarque au volant d’une Laguna noire, avec sa compagne ou amie. Gérard X est alors dans sa voiture justement, avec sa femme et les 4 enfants. Les insultes pleuvent, les enfants pleurent, Gérard vient de prendre un rail d’héroïne : il rentre en vitesse chez lui, ressort avec le fusil et tire un coup, puis menace « je compte jusqu’à 3, dégage sinon je tire ». L’autre finit par déguerpir. Les policiers trouvent la maison « peu tenue » relève pudiquement la présidente Grosjean qui alerte le prévenu sur la nécessité d’offrir aux enfants un cadre de vie qui tient la route.

 

 

Les enfants… soucient également le substitut du procureur Fenogli : « Si vous mettiez chaque jour dans une tirelire ce que vous dites dépenser pour vous droguer, en 10 jours vous auriez 200 euros, vous pourriez acheter du nécessaire aux enfants. » Le prévenu, plutôt ému, en convient, et sa femme ne cesse d’écraser des larmes avec la manche de sa veste. La présidente avait bordé l’histoire du coup tiré : « les policiers ont envisagé 3 hypothèses, et leur conclusion c’est que si vous aviez tiré en direction de la voiture, ils auraient trouvé un impact, puisque vous étiez à 20 mètres, or ils n’ont rien trouvé du tout », « néanmoins la violence est incontestable » requiert le substitut. Il demande 15 mois de prison dont 10 mois assortis d’un sursis mis à l’épreuve.

 

 

Le prévenu a déjà eu des peines de prison ferme, à cause des stupéfiants. « Je me dois de requérir un mandat de dépôt, en tant que parquetier, pour la forme, mais sur le fond, je me demande s’il faut le faire. On pourrait lui donner une chance, voir s’il est capable de se sortir de la drogue et de continuer à travailler. » Sur les menaces (« Je vais compter jusqu’à 3 et… »), Gérard explique clairement : « J’ai tiré en l’air pour qu’il ait peur, pour qu’il s’en aille, mais ça a pas réussi. C’est là qu’il a dit qu’il tuerait ma femme et mes enfants (M. Y ne reconnaît pas ces propos, mais le voisin témoin corrobore la menace). Alors… j’ai dit… »

 

 

Maître Bernard plaide vigoureusement pour la femme qui accompagnait M. Y., maître Sarikan replace les choses dans un contexte tel que la présence des 4 quatre petits n’a pas arrêté l’élan du couple. Le grand et malheureux Gérard a la parole en dernier, il agite ses longs bras, on dirait Nicole Ferroni, il ne veut plus aller en prison, il se désespère et veut présenter des excuses à la femme que représente maître Bernard. Il lance avec conviction à l’avocate : « Je me pardonne, de ce que j’ai fait. »

 

 

Le tribunal suit les réquisitions : 15 mois de prison, dont 10 mois assortis d’un sursis mis à l’épreuve de 2 ans, obligations de soins, interdiction de porter une arme, interdiction de contact avec les victimes. « La police m’a fait la morale, j’ai compris : s’il revient je les appelle », dit-il en désignant son escorte.

 

 

 

 

Florence Saint-Arroman

 

 

tribunal 2208172

 






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