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mardi 23 juin 2015 à 07:27

Agence d’Urbanisme Sud Bourgogne de Saône-et-Loire…

Conférence-débat : Quelles politiques des traces numériques ?  



 

 

 

 

Quelles politiques des traces numériques ?

 

 

 

Ce lundi soir au C2 de Torcy, se tenait la conférence-débat intitulée « Politiques des traces numériques dans les villes intelligentes » présentée par Dominique Boullier, professeur des Universités en sociologie à Sciences Po Paris.

 

 

Celle-ci se tenait dans le cadre du cycle de conférences « Les leviers de l’attractivité » organisé l’Agence d’Urbanisme Sud Bourgogne.

 

Spécialisé dans les recherches sur le développement numérique, Dominique Boullier est également chercheur au laboratoire de recherche en méthodologies numériques Médialab.

Les enjeux des politiques publiques et des villes, il les connaît bien, car il a été lui-même élu.

 

Son rôle tel qu’il le décrit est d’aider les décideurs à ne pas se laisser entraîner par des offres alléchantes en terme de nouvelles technologies. « J’essaie de montrer qu’il y a des solutions, qu’on peut faire des politiques différentes ».

 

Et d’ajouter : « le problème général, c’est qu’on cherche tous à se copier, à suivre des prescriptions. Souvent on se dit qu’on n’a qu’à mettre des tuyaux et que cela réglera tous les problèmes. On prend des risques à s’enfermer dans une solution unique. Le pluralisme est important. Le très haut débit n’est pas forcément pertinent pour tous, ni même utile. En suivant nos démarches actuelles, ce n’est pas comme cela qu’on fait du développement durable au sens d’appropriation des pratiques et du contenu. ».

 

Et pour présenter les différentes problématiques des villes en termes de traces numériques, le chercheur s’est appuyé sur quatre types de villes qu’il a mis en évidence lors de ses recherches avec d’autres chercheurs.

 

La boussole historique des villes

 

Avant d’entamer sa présentation, le conférencier a souhaité indiquer l’importance de réhabiliter la nécessité de faire de la politique, en nous posant la question : quel monde voulons-nous éclairer ?

 

Dès lors, il a expliqué que les quatre types de villes mises en évidence s’appuyaient sur deux axes en tension, le premier certitudes-incertitudes, le second détachement-attachement.

 

On a pu ainsi entendre parler de la « ville forte et sacrée » marquée par la centralité. On insiste sur le côté fortifié. Proche de nous, on peut donner l’exemple de Chalon-sur-Saône. Le deuxième type de ville présenté est « la ville marché » qui a pour valeur centrale l’accessibilité. On y créé des places qui favorisent les échanges. La troisième ville est la « ville flux et opinion ». Et la quatrième ville est la « ville cosmopolitique » qui recompose tout cela. Elle re-compose les qualités des unes et des autres d’après le chercheur.

 

A partir de ces archétypes, Dominique Boullier s’est questionné sur les techniques numériques pour la centralité. Il a alors rappelé qu’on a pu se servir des techniques numériques dans les années 90 pour représenter le pouvoir. Il a même questionné l’audience sur le rôle des sites internet des villes : qui est représenté ? Qui est visible ?

 

De là, il est arrivé à la nouvelle centralité sur internet : Google ! Il a ainsi montré le rôle central de Google dans toutes nos recherches d’information mais aussi toutes les traces que nous pouvions lui laisser.

 

S’interrogeant sur l’accessibilité comme qualité urbaine, il a mis en évidence qu’elle pose problème sur des territoires ruraux comme les nôtres. Sur cette notion d’accessibilité, il a ainsi rappelé que l’accessibilité de masse n’existait plus.

« Internet n’est pas une autoroute, mais il est distribué. Aujourd’hui on parle d’accès personnalisé. On a des accès différenciés. » a-t-il déclaré.

 

Ainsi avec le réseau, il y a des politiques de données urbaines. Quand on gère cela, on gère des traces.

 

La gestion des traces par les villes numériques

 

Reprenant les premiers archétypes de villes présentées, le chercheur y a superposé la problématique numérique. Les travaux des chercheurs ont ainsi dégagé quatre archétypes de villes numériques et de gestion des traces : la smart city, la data city, la wiki city et la good old city.

 

Ces présentations ont cherché à faire comprendre à l’assemblée les différences de technnologies, mais aussi de philosophies entre les modèles. Ainsi par exemple, le modèle Wikicity est lié au citoyen et fonctionne selon un mode collaboratif. La Data city, quant à elle, récupère des traces et fait des corrélations d’information.

 

La Smart city produit des des probabilités et des modèles d’aide à la décision. Tout le monde est défini. Avec ce modèle, on se plie au logiciel et pas l’inverse.

 

La Date city est aussi nommée Google city. Elle s’appuie sur les cartes de google map. Et autant dire qu’avec toutes les applications qui permettent de nous géolocaliser, nous renvoyons à chaque instant des informations à ce système. Vous êtes dans un monde interconnecté en permanence.

 

Avec la Wikicity, on se retrouve dans un modèle où tout le monde peut contribuer. C’est alors un modèle qui pousse les villes à agir sous la pression des citoyens.

Le conférencier a cité ainsi plusieurs villes américaines fonctionnant selon ce modèle.

 

Après cette présentation, il a laissé place aux questions intéressées de la salle.

Une personne dans la salle a ainsi exprimé : « Cela fait un peu peur, avec toutes ces proliférations d’informations. Mais qui détient l’information vraie ? »

 

Une autre question a porté sur l’argent mobilisé dans le développement de la fibre optique au nom de l’égalité d’accès pour tous. Sur ce point, le conférencier a indiqué qu’il existait d’autres solutions que la fibre optique, moins coûteuse et pratiquement autant performantes. Par ailleurs, il a indiqué que l’une des difficultés de ces travaux était de croire que la technologie réglerait à elle-seule tous les problèmes. Il a alors préconisé des investissements équivalents dans le contenu (que met-on par exemple sur une chaîne de télévision une fois qu’elle a été créée?), les terminaux et la formation (un cartable numérique ne sert à rien si les élèves ne sont pas formés à l’utiliser) et pour les services (comment tient-on compte des usagers ? Le design etc.) que pour que cela fonctionne.

 

D’autres dans la salle se sont interrogés : et s’il y a une panne ? Pour le conférencier, il ne peut y avoir de dysfonctionnement technique. En revanche, il considère Internet comme fragile.

Pour lui, « d’ici 5 ans, il y a un risque de Fukushima. Le système n’a pas été fait pour la sécurité. Du point de vue des données, cela fuit partout. La panne est plutôt celle de la confiance. Les faiblesses de ce système pourraient conduire à un écroulement des uns et des autres ».

 

La soirée s’est poursuivie par d’autres questions portant sur les spécificités du territoire et les moyens à notre disposition actuellement.

 

A l’issue, les échanges se sont approfondis autour d’un verre.

 

On l’aura compris : ce chercheur a montré à quel point nous laissions beaucoup de traces sur Internet, des traces non maîtrisées. Ferez-vous davantage attention à présent ? Et quelle sera notre ville numérique de demain ?

 

Émilie Mondoloni

 

 

 

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