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dimanche 6 septembre 2015 à 19:33

Montceau-les-Mines

71e anniversaire de la libération



 

 

Ce dimanche matin a laissé place à Montceau-les-Mines à une matinée de célébration et de recueillement pour le 71e anniversaire de la libération de Montceau-les-Mines, en ce 6 septembre 2015.

 

 

La matinée a débuté aux Monuments aux fusillés. C’est Gilbert Clément, ancien combattant, qui a orchestré la matinée, en présence Marie-Claude Jarrot et de son conseil municipal, de Gilles Platret, Maire de Chalon, Monsieur le Sous-préfet de Chalon, Jean-Paul Émorine, sénateur, du Directeur de l’ONAC (Office National des Anciens Combattants), du commissaire de police de Montceau Jérôme Besse, de Fabrice Berthelon commandant de la police nationale de Montceau, Stéphane Fel de la police municipale et de Thierry Villemin, commandant de la caserne de pompiers de Montceau-les-Mines.

 

 

Pour célébrer la mémoire des événements du 6 septembre 1944, des anciens militaires étaient présents issus de la légion-parachustistes (bérets verts), des parachustistes (bérets rouges), de l’armée de Terre, mais aussi des pompiers et la Croix Rouge.

 

 

Les gadz’arts de Cluny étaient aussi représentés par leur porte-drapeau Lionel Duparay.

 

 

Le devoir de mémoire

 

 

Gilbert Clément, le premier, est revenu sur les événements du 6 septembre :

 

 

« Nous sommes réunis pour un devoir de mémoire. Le 6 septembre 1944. Souvenons-nous, la veille au soir, les Allemands étaient sur la place de l’église en train de s’en aller. Les maquisards avaient reçus des informations et avaient des craintes pour les installations minières. Les maquis s’étaient organisés. Le capitaine François mettait en route un train en direction du Galuzot pour éviter le passage du convoi allemand. Une bataille entre les maquisards et les allemands a eu lieu, lesquels se sont rendus. Puis une deuxième s’est engagée, puis une troisième. Beaucoup de matériel a été saisi et 700 prisonniers. Souvenons-nous de cette journée qui a permis de délivrer Montceau-les-Mines et tout le bassin minier ».

 

 

 

Après ce discours, Guy Seguin, Président du 5e Dragon et Jocelyne Buchalik, Maire adjointe, ont déposé des gerbes aux monuments aux fusillés.

 

 

Après un moment de recueillement et l’hymne, un cortège s’est formé.

 

 

Il a pris la direction de la stèle, où d’autres gerbes ont été déposées par Gérard Gronfier, au nom de la Mairie et par Monsieur Cohen.

 

 

Le cortège a fini son chemin au monument aux morts, place de l’église.

 

Après un nouveau dépôt de gerbes par Pierre Ruet, Président du 4e bataillon de choc, Marie-Thérèse Frizot, Vice-présidente du conseil départemental et adjointe au maire, Jean-Paul Émorine et Marie-Claude Jarrot, tous accompagnés des petits-enfants du capitaine François, Gilbert Clément a donné la parole à Marie-Claude Jarrot.

 

« Mesdames et messieurs les Elus, Mesdames, Messieurs…

 

 

Nous commémorons aujourd’hui la libération de Montceau les Mines. Et par delà celle de la France. Celle de la Nation. Celle d’un pays redevenu libre.

 

Se souvenir et célébrer une date, c’est refuser de voir un moment de l’histoire retourner dans le passé, c’est forcer les hommes à garder à l’esprit quelque chose que le temps éloigne.

 

Et ce quelque chose, c’est la liberté retrouvée. La fin d’un cauchemar.

 

Pour les Français. Pour les Montcelliens.

 

Ce ne fut pas sans peine. Ce ne fut pas sans pleurs. Dans toutes les larmes s’attarde un espoir.

 

Pour narrer les évènements d’août 1944 et notamment ceux de la libération de Paris, le commentateur radio dira : « Des trains de camions descendent des Champs-Elysées, chargés d’hommes et de matériel. On disait, autrefois : ils nous prennent tout. Bientôt, on dira ils nous ont tout pris. Sur ces avenues vides, Paris sent que quelque chose se prépare. Paris a compris que la libération est proche. »

 

Le rêve a commencé chez les résistants, chez les partisans du combat et de la révolte.

 

Et ce rêve est encore vivant aujourd’hui. Ici ou là.

 

A Montceau les Mines en tous cas où se sont déroulés ces faits d’armes opérés pour obtenir la fin des combats et la reddition de l’occupant.

 

Ce combat qui appelle la mémoire, l’émotion et la reconnaissance.

 

Dans l’esprit des participants de l’époque mais aussi dans celui des femmes et des hommes des générations suivantes qui leur en expriment, comme aujourd’hui, gratitude et admiration.

 

 

Il y a ceux qui s’en sont sortis et qui sont encore plein du bonheur de l’instant, de la difficulté à y croire, de l’explosion de leur joie, de la tristesse pour ceux qui sont morts, du sentiment du retour du bien.

 

 

Un grand soulagement. Le début d’autre chose. Après ces années d’épouvante.

 

 

Le 3 septembre 1939 en effet, la guerre éclate en France. Le 10 mai 40, l’offensive allemande se déclenche. Le 13 mai, Winston Churchill prononce à la Chambre des Communes un des discours les plus célèbres de l’histoire. « Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, de la sueur et des larmes. »

 

 

 

En quelques semaines, le paradis terrestre s’engloutit dans le passé. L’existence devient difficile.

 

 

Le calendrier se déroule impitoyablement avec ses heures d’outrage, ses minutes de déclin mais aussi ses instants d’espoir où le courage et la résistance tiennent en de petits gestes quotidiens : se taire, aider, transmettre un message, baptiser un enfant pour lui éviter la déportation.

 

 

La déportation…. Cet enfer sur terre.

 

 

Simone Veil, ancien ministre d’Etat, racontera qu’une amie, arrêtée avec elle, parce qu’elle avait eu la mauvaise idée, lui expliquera t’on plus tard, de naître dans une famille juive, avait conservé un petit flacon de parfum.

Sous les cheminées des crématoires, d’où sort une fumée pestilentielle qui obscurcit le ciel, elles se sont aspergées, à trois ou quatre, de ce dernier lambeau de civilisation avant la barbarie.

 

 

Jusqu’à ce que chacun perde son identité à la faveur, plutôt au déshonneur, d’un seul numéro et pour toutes les femmes le prénom de Sarah.

 

 

Elle qui dira, 60 ans plus tard, devant le Bundestag, que la Shoah était devenue le critère d’inhumanité auquel se réfère la conscience moderne chaque fois qu’elle craint de s’égarer.

 

 

Elle rappelait aussi qu’il fallait s’épargner des naïvetés coupables et que le « plus jamais ça » n’a jamais suffi à épargner les générations à venir.

 

 

La responsabilité des commémorations est cruciale sauf à retomber dans l’abîme où beaucoup sont tombés.

Dans les camps, dans ce cauchemar devenu réalité, il a fallu s’obstiner à survivre.

 

 

Dans ce monde de la terreur et de l’humiliation fait pour détruire tout sentiment humain et dont le spectre ne cesse de hanter notre temps, il est resté parfois encore des sentiments nobles.

 

 

La charité a vécu à quelques occasions même si le partage est impossible quand il y a plus rien à partager. Sauf la douleur et la rancœur. Ceux qui découvriront ce spectacle à la libération, sauront ce que veut dire le néant. Revivre après être passé par le royaume de l’abjection est presque au-dessus des forces humaines. Ce qui a pu sauver les survivants du désespoir, c’est le courage, l’intelligence, la force de caractère et d’âme. Et c’est peut être l’amour qui succède à la haine.

 

 

Il faut tenter de reconstruire une vie. Ce qu’il en reste.

 

 

Et parfois cette vie, qui a été si dure avec certains, ne cesse, cependant, comme pour s’excuser, d’offrir des chances qui sont autant d’hommages à leur personne.

 

 

Disons-le sans affectation, je suis très attachée à ce souvenir cruel mais indispensable des outrages du passé de la seconde guerre mondiale. Très attachée à leurs acteurs. Les acteurs de cette résistance que Malraux appellera plus tard ce « désordre de courage ».

 

 

Au cœur de la vie politique, se souvenir permet parfois d’offrir des occasions républicaines et morales d’exercer le plus longtemps possible les esprits embrumés au souvenir et plus encore d’y puiser des leçons pour l’avenir.

 

 

Certains considèrent parfois les associations d’anciens résistants, d’anciens combattants comme des cénacles d’où les coups d’encensoir jaillissent parce que leurs acteurs passent beaucoup de temps à s’asperger d’éloges mutuelles.

 

 

Je refuse cette voie si facile. La rue Du Capitaine François sera d’ailleurs découverte de sa plaque en l’honneur d’un combattant de l’ombre.

 

 

A Montceau, nous ne pourrons jamais remercier les uns et les autres des héros de la guerre à la hauteur de leurs sacrifices.

 

 

Avec sa liberté retrouvée, notre ville pouvait se tourner vers l’avenir et reconstruire, jour après jour, une vie normale. Presque normale. Parce que sortir de tant d’années de conflit, de privations, de peur sans espoir n’est pas une chose facile. La ville de Montceau, que les Allemands ont très vite taxé de « centre noir » tant elle devint vite un territoire de sabotage et de renseignement et s’affirma comme la capitale résistante de la région.

 

 

Le tiers des maquisards sur le territoire minier est fourni par Montceau. Les mineurs, les « Gueules noires », reconnues et recherchées, forcent, déjà, l’admiration par l’audace de leurs innombrables sabotages et embuscades et par leur participation active aux combats. Le 5 septembre, l’effervescence est à son comble dans tout le bassin minier.

 

 

Le 6 septembre au matin, Montceau est vidé de ses occupants. Le maquis y fait son entrée dans les rues pavoisées, au milieu d’un accueil délirant par lequel la population témoigne sa joie et sa reconnaissance aux combattants. Mais ce combat n’est pas terminé. Un accrochage se produit à l’entrée de la ville. Un groupe de sabotage fait sauter la voie ferrée.

 

 

Peu après, un train allemand est annoncé. S’ensuit la bataille de Galuzot. Trois heures de combat et les Allemands acceptent de déposer les armes et de se constituer prisonniers. Puis un second train.

 

 

Après cinq heures de combat, la bataille est terminée. Les maquisards font près de 700 prisonniers.

 

 

Si la libération a donné à Montceau le bonheur de se relever elle ne signifiait pas pour autant la fin des difficultés. Il a fallu bien des efforts à tous les Montcelliens pour écrire des pages nouvelles. L’existence toute entière est un combat ; la vie, c’est une victoire qui dure.

 

 

N’oublions pas non plus les suspicions, les rancœurs des uns et des autres qui ont parfois ajouté des épisodes dramatiques et douloureux.

 

 

La paix aussi est une bataille. C’est la victoire contre l’oubli.

 

 

C’est la raison pour laquelle il nous revient d’entretenir le souvenir comme le symbole de notre liberté actuelle. La Seconde Guerre mondiale a provoqué cette indicible meurtrissure, qui s’est répandue sur plusieurs générations.

 

 

Nous sommes tous, élus et citoyens, chargés d’ouvrir les yeux sur la chance que nous avons de vivre dans une démocratie, fût-elle parfois mise à mal par de sombres desseins où quand nous avons le devoir d’éviter les dramatiques conséquences de l’inconséquence…

 

 

La leçon de la Libération, c’est aussi le refus de toute négligence, de toute complaisance, dans la lutte contre toutes les formes de haine.

 

 

Le souvenir de 1944 nous ramène à l’impératif absolu de la transmission ce qui suppose l’enseignement de l’Histoire, dont la place, dans l’école de la République, doit être confortée.

 

 

La leçon de la Libération, c’est celle d’un peuple capable de se relever, d’une Nation qui sait affronter l’avenir avec lucidité, cohérence et courage.

 

 

Aujourd’hui où nous voulons à tous prix le contrôle absolu de nos vies, où chaque petit contretemps apparaît comme une catastrophe, il est bon de se remémorer les choses.

 

 

La France n’a pas gagné sa liberté du jour au lendemain.

 

 

Elle ne construira pas son avenir à l’instant.

 

 

J’aime ce poème de Desnos, écrivain épris de liberté «  Le veilleur du Pont-au-Change » :

 

 

Je vous écoute et vous entends. Norvégiens, Danois, Hollandais,
Belges, Tchèques, Polonais, Grecs, Luxembourgeois, Albanais et Yougoslaves, camarades de lutte.
J’entends vos voix et je vous appelle,
Je vous appelle dans ma langue connue de tous
Une langue qui n’a qu’un mot :
Liberté !

 

 

 

Je vous remercie. »

 

 

Le chant des partisans et l’hymne national ont accompagné l’ensemble des commémorations. A l’issue de celles-ci, une autre célébration allait se dérouler près de l’embarcadère, l’inauguration d’une nouvelle rue, la rue Georges Griveaud, suivie de la remise de la légion d’honneur à deux de nos anciens combattants, Robert Martignoni et Lucien Androd.

 

 

 

Émilie Mondoloni et Annabelle Berthier

 

 

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