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dimanche 31 janvier 2016 à 07:34

Cercle « Autour de la pensée de Marx » (Montceau-les-Mines)

Les phases historiques de l'expansion géographique du capitalisme 



 

Troisième partie :

 

« Phase V de l’expansion géographique – La lutte pour la suprématie mondiale entre les deux superpuissances (Etats-Unis et Chine) a pris ces derniers temps une nouvelle dimension. Un redéploiement de force financière, sans précédent depuis le plan Marshall, est à l’oeuvre.

 

La Chine : A créé ,en juillet 2014, avec le Brésil, la Russie, l’Inde et l’Afrique du Sud (les BRICS)

 

– le Brics Contingent Reserve Arrangement (fonds de réserve d’urgence), doté de 100 milliards de $ (la Chine détenant 41% du capital), destiné à contourner le Fond Monétaire International (FMI) en cas de crise financière ou d’attaque spéculative contre les monnaies de ces pays

 

– La Brics New Development Bank, dotée de 100 Mds $ (la Chine détenant 20% du capital), destinée à devenir une alternative à la banque mondiale dans le financement du développement

 

En décembre 2014, elle a créé : le Silk Road Fund (fonds ouvert à tous les investisseurs), doté de 40 Mds $ (la Chine détenant 100% du capital), destiné à financer les infrastructures portuaires, ferroviaires, aéroportuaires et routières en Eurasie afin d’améliorer les nœuds de communication avec une soixantaine de pays.

 

En cours de création : l’AIIB (Asian Infrastructure Investment Bank), dotée de 100 Mds $ (la Chine détenant 50% du capital), destinée au financement des infrastructures en Asie ; 46 pays se sont candidatés pour être membres dont 13 européens (dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France). La création de l’ AIIB est un coup dur pour les Etats-Unis qui ont tenté, sans succès, de dissuader leurs alliés européens, mais aussi asiatiques, de rejoindre cette banque.

 

A cela s’ajoute le CAD Fund (fonds de développement Chine-Afrique) qui a déjà investi dans une trentaine de pays africains. Le commerce entre la Chine et l’Afrique dépasse aujourd’hui les 100 Mds $, un millier d’entreprises chinoises sont présentes en Afrique. La Chine est désormais le premier partenaire commercial de l’Afrique où elle a l’avantage de ne porter aucun héritage colonial.

 

Les Etats-Unis : Après 5 années d’intenses négociations, ont conclu le 5 octobre dernier un accord pour la mise en place d’un mégatraité, le TPP(partenariat transpacifique) qui couvre 40% du commerce mondial et 800 millions de consommateurs (la plus grande zone de libre échange au monde). Outre les Etats-Unis, il regroupe Canada, Mexique, Chili, Pérou, Japon, Malaisie, Vietnam, Singapour, Brunei, Australie, Nouvelle-Zélande, mais exclu la Chine.

 

En outre, les Etats-Unis cherchent depuis 2006 a conclure un traité, le TTIP (partenariat transatlantique de commerce et d’investissement) avec l’Union Européenne, destiné à construire un énorme marché unique (une zone de libre échange couvrant 45,5% du PIB mondial). Mais les négociations s’avèrent très compliquées à cause des exigences américaines et des intérêts antagoniques des 28 pays de l’Union Européenne qui compliquent une stratégie commerciale commune. De plus, les détracteurs du traité dénoncent le pouvoir exorbitant donné aux entreprises face aux états.
Un nouveau contexte international. La création par Pékin de ses propres institutions multilatérales représente un premier pas vers une émancipation financière envers les institutions actuelles (FMI, Banque Mondiale), issues de la conférence de Bretton Woods de juillet 1944 à laquelle ont participé 44 pays, dont la Chine.

 

Il est vrai que les grands pays émergents ont de quoi nourrir quelques ressentiments vis à vis d’institutions considérées comme chasse gardée des Etats-Unis. Leur montée en puissance n’y est guère prise en compte.

 

Ainsi, la réforme des quotes-parts (1) du FMI, établies par le G 20 à Séoul en 2010 et qui devaient être modifiées en 2015 (en faveur des pays émergents dont la part de quota devait augmenter de 6%), a été bloquée par le Congrès américain.

 

Au FMI, la Chine, aujourd’hui deuxième puissance économique de la planète, ne pèse que 3,81% des voix et sa contribution financière au capital du FMI n’est que de 4%. En comparaison, les Etats-Unis, première puissance économique, pèsent 16,74% des voix et leur contribution financière est à hauteur de 17,68% . Même chose à la Banque Mondiale où la quote-part de la Chine ne reflète plus son poids réel dans l’économie mondiale (elle ne pèse que 4,2% des voix).

 

L’architecture de Bretton Woods est aujourd’hui clairement déséquilibrée en faveur des pays occidentaux alors que l’émergence de l’Asie dans l’économie mondiale est telle que certains spécialistes du monde des affaires et de la géopolitique voient le 21è siècle comme le « siècle asiatique ».
Rien d’étonnant donc que les pays émergents, et notamment les BRICS (2), souhaitent désormais créer d’autres structures au sein desquelles ils occupent une place plus en cohérence avec leur poids économique et leur rôle dans les relations internationales.

 

Ces grandes manœuvres révèlent une intense compétition entre les deux superpuissances pour s’assurer la suprématie sur le commerce et l’économie mondiale via la construction d’immenses zones géographiques. Il s’agit là d’une nouvelle phase d’expansion dans l’histoire du capitalisme. A l’évidence, jamais la prééminence financière américaine n’avait été aussi contestée depuis Bretton Woods !

 

« Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » ainsi se termine le manifeste du parti communiste de 1847 et ainsi s’ouvre l’ère des grands bouleversements sociaux . Après cet appel historique, le monde s’est considérablement transformé. L’expansion géographique du capitalisme est en voie d’atteindre ses limites (les limites géographiques de la planète). Comme annoncé par Marx et Engels dans le manifeste (pages 23 à 26 éditions 10/18, 1980), le capitalisme s’est mondialisé et les moyens de production ont été révolutionnés. Ils concluaient « les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes ; ils ont un monde à gagner »(un monde qui ne se construirait pas sans eux ni contre eux, qui ne générerait pas tant d’inégalités, d’injustices, de drames humains, économiques et écologiques.

 

 

« jamais la violence, l’inégalité, l’exclusion, la famine et donc l’oppression économique n’ont affecté autant d’êtres humains dans l’histoire de la terre et de l’humanité » (Jacques Derrida, philosophe) »

 

 

 

Jacky Jordery, Serge Roigt, Bruno Silla, Martine Boguet – Montceau-les-Mines – le 27 janvier 2016

 

 

(1) la quote-part d’un pays membre détermine son engagement financier ainsi que son pouvoir de vote. Les quotes-parts, qui déterminent le capital du FMI, sont calculées en fonction du poids relatif de chaque pays dans l’économie mondiale

 

(2) les BRICS pèsent aujourd’hui 18% du PIB mondial, 40% de la population, 15% du commerce, 40% des réserves monétaires de la planète. Depuis que la banque américaine Goldman Sachs a inventé le terme BRIC en 2001 (l’Afrique du Sud n’a rejoint le groupe qu’en 2011), les économies de ces pays ont représenté 30% de la croissance mondiale et quatre de ses membres figurent en 2015 parmi les dix plus grandes puissances économiques mondiales : Chine (2è), Brésil (7è), Inde (8è), Russie (10è).

 

 

 

cercle marx 3103152

 

 

 



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