La présidente du TGI, Catherine Grosjean, menait ce mardi 24 juin l’audience du référé introduit par les salariés d’Eolane Montceau qui demandent l’ouverture d’une nouvelle consultation des élus du comité d’entreprise et du CHCST : depuis l’annonce d’un PSE, cette filiale d’Eolane (qui en compte 17) est en lutte. L’audience rendait compte clairement des positions des parties.

 

 

« Explosion des risques psychosociaux », « management à la trique et à la hache, des procédures pour harcèlement moral sont en cours », « site condamné à l’avance », « pas de plan, rien de prévu, pas moyen de se projeter en cas de fermeture », « explosion de l’absentéisme : les salariés souffrent », maître Blindauer porte la parole des salariés inquiets et en colère, tendus de perdre leur travail, mais quand ? Mais comment ? Dans quelles conditions ? Au nom de quoi ? « Il faut annuler les consultations (précédentes, ndla) et recommencer dans un cadre clair, demande leur avocat, et, en attendant, ne rien mettre en œuvre. » Il sollicite la présidente : « Un arrêt de la Cour de Versailles confirme que même dans le cadre d’un PSE, le juge des référés est compétent pour interdire une organisation de travail qui est dangereuse pour les salariés. On sait juste que le groupe a l’intention de fermer le site Eolane-Montceau, c’est tout ! »

 

 

La partie adverse, la direction, lui répond, et rappelle à tout le monde que le groupe a frôlé la liquidation judiciaire, et que de nouveaux investisseurs ont évité la catastrophe, en injectant de l’argent, et « c’est pour ça qu’on a fait des consultations identiques dans toutes les filiales, et ça s’appelle Cap 2020, aussi pour rassurer les clients », plaide maître Calvayrac (barreau de Paris). Il cite, « sont envisagés des projets de fermeture », « envisagés », et si ça se faisait, ça ne serait pas avant 2020. « Soit on favorisera la recherche de repreneurs, et on vous en informera, soit on poursuivra l’activité, soit on fermera et si oui, pas avant 2020. »

 

 

La salle d’audience est pleine, une soixantaine de salariés sont venus jusqu’au TGI de Chalon dans un bus spécialement affrété, et ça réagit lorsque l’avocat affirme : « A aucun moment les élus des comités, dans les procès-verbaux, ne demandent d’information complémentaire. » On rit, et on proteste… « On ne sait pas trop ce qu’on nous réclame aujourd’hui, conclut l’avocat. On s’est battu pour que les clients restent. »

 

 

« Compte-tenu de la période estivale, la décision sera rendue le 18 septembre, mise à disposition au greffe », annonce la juge. Chacun sort campé sur ses positions. « Le meilleur truc pour diminuer le stress, nous expose maître Calvayrac, c’est la communication, et on ne cesse de communiquer. » Les salariés, eux, trouve que « communiquer », peut-être, mais sur quoi ? En quoi cela répond-il à leurs questions et à leurs attentes ? « En septembre dernier, quand on nous a présenté un diaporama, on a bien vu que trois sites étaient concernés par la fermeture, dont Montceau. On a vécu dans le flou, on y est encore. Ils disent que les clients ne partent pas mais ça n’est pas vrai, on est bien placé pour le constater. »

 

 

Même le fait que l’audience de référé initialement prévue le 5 juin dernier ait été reportée au 24 juillet à la demande de la direction, est vécu comme une manœuvre dilatoire. « Gérer » les affaires, est une chose, les vivre en est une autre, et c’est là que les salariés veulent que les regards se portent. Eolane fabrique des cartes électroniques et en assure l’intégration dans les produits finis pour certains clients.

 

La fermeture du site mettrait 85 salariés sur le carreau, dans un bassin qui n’offrira pas de reconversion cohérente à la plupart d’entre eux.

 

 

Florence Saint-Arroman

 

 

 

Pour mémoire quelques articles importants dans l’histoire de ce dossier : https://montceau-news.com/social/436093-eolane-montceau-les-mines-4.html

 

https://montceau-news.com/saone_et_loire/450604-eolane-montceau-2.html

 

https://montceau-news.com/economie/464454-eolane-montceau-4.html

 

 

 

 

Photo d’archives