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mercredi 29 avril 2015 à 18:33

Cercle « Autour de la pensée de Marx » (Bassin minier)

Avril 2015 : "et si l'on parlait du coût du capital ?"



« Souvent on entend parler avec insistance du coût du travail. Le duo Pierre Gattaz président du Medef et François Hollande président de la République, relayés par certains « spécialistes », essayent de faire passer l’idée qu’une baisse du coût du travail serait nécessaire afin de favoriser la compétitivité des entreprises françaises.

 

Or le travail est avant tout l’unique facteur de production de richesse. Les tenants du système économique, basé sur la propriété privée des moyens de production, occultent complètement cette réalité en pratiquant une politique économique et sociale qui favorise le capital financier au détriment du travail. Ces dernières décennies ont vu une expansion mondiale, envahissante et pénétrante du capital financier, prenant le dessus sur les autres composantes du capital (capital industriel, capital commercial).

 

Déjà à son époque Karl Marx distinguait le capital industriel, le capital commercial et le capital financier qu’il appelait capital usuraire « Enfin, par rapport au capital usuraire, la forme A-M-A’ [Argent-Marchandise(moyens de production+force de travail)-Argent augmenté] est réduite à ses deux extrêmes sans terme moyen; elle se résume, en style lapidaire, en A-A’, argent qui vaut plus d’argent, valeur qui est plus grande qu’elle-même » (ES – Le Capital L1, p.120-121). Plus loin Marx définissait ainsi le capital financier « L’argent effectue des mouvements purement techniques dans le procès de circulation du capital industriel et (…) du capital commercial (…) il ne crée donc pas de valeur (…) le profit des banquiers n’est qu’une retenue sur la plus-value » (idem L3, p. 301-306)

 

Au cours des nos dernières contributions nous avons essayé de montré les coûts exorbitants du capital sous différents aspects. Avec cette contribution nous voulons faire un point global du coût du capital, certes d’une manière approximative, mais bien réelle.

 

Le surcoût du capital. Un prélèvement financier non nécessaire est imposé à l’activité économique sous la forme d’une « norme financière » établie à partir de 15%. Les détenteurs des moyens financiers exigent une rémunération qui va bien au delà de ce qui est nécessaire et justifié. Ce surcoût du capital est estimé à 100 milliards d’euros par an.

 

Le coût dû au manque de création de richesses. A cause du non travail des forces productives mises au chômage (l’ « armée de réserve des prolétaires » selon l’expression de Marx), une part très importante de richesse n’est pas produite. Avec 5,5 millions de travailleurs privés d’emploi, dont la moitié de longue durée, nous pouvons estimer, selon plusieurs estimations, que la perte est de 320 milliards d’euros par an.

 

Le coût social du non travail. Le maintien en vie des forces productives non employées nécessite, à juste titre, d’attribuer à ces forces des allocations et des aides suite à l’exclusion sociale Les aides et allocations pour indemniser les personnes privées d’emploi sont de l’ordre de 60 milliards d’euros par an.

 

Le coût du capital « assisté ». Depuis longtemps le capital bénéficie d’exonérations de cotisations sociales et de mesures fiscales: crédit impôt compétitivité emploi (CICE), pacte de responsabilité et de solidarité,…Ce coût est estimé à 70 milliards d’euros par an.

 

La fraude sociale des employeurs. La Cour des Comptes estime que seulement 10 à 15% des sommes dues au travail dissimulé sont effectivement recouvrées. Dans son dernier rapport elle chiffre la fraude patronale aux cotisations sociales de 20 à 25 milliards d’euros par an.

 

La fraude et l’évasion fiscale des employeurs. La fraude et l’évasion fiscale en général représenteraient, entre 60 et 80 milliards d’euros de recettes fiscales perdues chaque année, un manque à gagner dont les entreprises seraient responsables pour les 2/3 (impôts sur les sociétés et TVA). Ce qui revient à 40/53 milliards d’euros par an.

 

Le coût total du capital. En additionnant tous ces coûts (directes et indirectes) nous arrivons à environ 620 milliards d’euros par an.

 

A titre de comparaison, le budget de l’Etat pour 2014 était de 370,5 milliards d’euros. À la fin du 4e trimestre 2014, la dette publique s’établissait à 2.037,8 milliards d’euros (95% du PIB), en hausse de 4,3% sur un an.

 

Les tenants du pouvoir et les commentateurs à leur service essayent d’imposer l’idée de la nécessité de réduire les dépenses publiques à tous les niveau, de l’Etat à la Commune. Mais en réalité le problème ne sont pas les dépenses, ce sont les recettes insuffisantes pour couvrir les dépenses. Nous venons de démontrer que les ressources existent, ou qu’elles pourraient exister, il faut voir du côté du Capital!

 

Les coûts des accidents du travail et des maladies professionnelles. La branche accidents de travail-maladies professionnelles chiffre ces coûts à 12 milliards d’euros par an (nvo 12.13). Dans ce domaine il faut noter que chaque année ce sont près de 100 millions d’euros de dépenses liées aux accidents du travail qui sont imputés à tort à l’assurance maladie. L’exploitation capitaliste engendre des accidents et des maladies bien au de là de ce qu’on pourrait appeler « un risque normal » lié à toutes activités humaines. Il serait intéressant d’en calculer le coût annuel.

 

Dans nos contributions nous nous sommes limités à établir un bilan exclusivement financier du coût du capital, mais l’exploitation capitaliste engendre aussi une souffrance morale et physique importante. Les travailleurs privés d’emploi vivent la perte d’emploi comme un moment traumatique,au sens clinique du terme selon le psychiatre Michel Debout.

 

Aucune instance ne s’intéresse à la santé des chômeurs, qui n’ont plus accès au médecin du travail.

 

A suivre... »

 

Bruno Silla, Jacky Jordery, Serge Roigt,

 

 Montceau-les-Mines 

 

 

MARX 29 04 15

 

 

 

 



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3 commentaires sur “Cercle « Autour de la pensée de Marx » (Bassin minier)”

  1. chimel dit :

    slt ,

    bien séduisants la dénonciation et l’anathème mais vous proposez quoi de réaliste pour remplacer ce système économique ?

  2. Daniel Z dit :

    Je trouve que vos rubriques sont intéressantes et bien d’actualité .

    http://www.challenges.fr/economie/20140818.CHA6780/le-capital-au-xxie-siecle-faites-comme-si-vous-alliez-lu-le-best-seller-de-piketty.html

    Mais une analyse peut être plus objective ne conduirait elle pas à répartir ce coût « du capital »

    « Les tenants du système économique, basé sur la propriété privée des moyens de production…. » dites vous.

    Cette « privatisation » des moyens de production ne résulte t’ elle pas des résultats généralement calamiteux de la gestion des entreprises par la collectivité ?

    Au final, le bilan ne serait il pas la preuve que la gestion collectiviste n’est pas adaptée à l’ évolution des sociétés humaines ?

    Amitiés

  3. sillabruno dit :

    Ci-dessous un extrait de notre charte sur les objectifs.
    « article 2: le premier objectif est de faire connaître MARX et de susciter l’intérêt pour ses travaux.
    article 3: le deuxième est d’exploiter la méthode d’analyse de la société et les concepts marxiens pour comprendre le monde actuel, le capitalisme d’aujourd’hui, les causes de ses crises…
    article 4: le troisième objectif est de rendre possible une meilleure compréhension de notre réalité économique proche (restructurations, concentrations, réorganisations, redéploiements, fermetures,…) en s’efforçant de relier en permanence le local et le global et vice versa.
    article 5: le quatrième objectif est de faire connaître, sous diverses formes, les études issues du travail collectif, dans le but de donner des repères et du poids au combat contre le capitalisme mondialisé et de contribuer à faire surgir une nouvelle forme d’organisation économique alternative au capitalisme. »
    Bruno Silla