Nos fameuses valeurs républicaines
Mais qu’est-ce donc ?
Je ne sais pas vous, mais moi je commence à saturer avec l’expression « les valeurs républicaines », non pas avec celles-ci fondamentalement, mais la sodomie de diptère que l’on pratique avec. Ces fameuses valeurs sont mises à toutes les sauces, utilisées à tort et à travers, conceptualisées dans l’idée d’un front républicain, remastérisées en diverses notions à la mode.
Comme disent les gosses « j’ai bien le droit, on est en république ». Mais qu’en est-il vraiment ? La république est-elle synonyme de liberté, de gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ? Il y a là un malentendu de base… On confond démocratie et république, représentation et république, mode de gouvernement et république.
La démocratie, « gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple » Ce n’est qu’un mode de décision politique, la souveraineté appartient à l’indivision des citoyens (sans distinction de naissance, de fortune ou de capacité), exprimant leur décision par le vote.
Il existe pourtant différents types de démocratie qui ne correspondent pas tous à la définition que nous en avons en moyenne : démocratie directe (pas de représentants, c’est le cas de la Suisse), démocratie représentative (le peuple élit des représentants, en fait dans la réalité, comme en France, une oligarchie élue a le pouvoir), démocratie participative (système mixte), la démocratie populaire, souvent dite totalitaire, (mixte mais basée sur un modèle idéologique unique et intangible, cf. URSS, ses satellites et quelques exemples encore vivants).
La démocratie n’est pas un mode de gouvernement ou à un régime politique, ou un standard juridique des libertés.
Les types de gouvernements sont de manière simplifiée, la république, l’empire, la royauté (et ses déclinaisons, en principautés, duchés, etc.), la confédération d’états ou de cantons.
Mais là encore rien n’est simple. Il est des républiques qui ne sont en rien démocratiques comme les républiques théologiques. Il y a eu des républiques (comme la république romaine qui fonctionna parfois avec des Dictateur) qui ne furent pas totalement démocratiques (le sénat et le peuple), ni garantes des libertés individuelles, comme les républiques populaires.
Par contre il existe des royautés représentatives. Rappelons qu’il existe encore 12 royautés en Europe dont 7 sont membres de l’union Européenne. Une des plus anciennes du Monde, la couronne d’Angleterre, a disposé d’une constitution bien avant tout le monde : Bill of Rights accordé en 1689 et fondant la monarchie constitutionnelle anglaise.
Mais le terme république désigne la majorité des régimes politiques dans le monde : (sur 193 pays, 136 sont des républiques, 34 des royaumes ou sultanats, trois des principautés et neuf des unions ou fédérations).
Mais bon la République populaire de chine, la république démocratique de Corée du nord sont aussi des républiques.
Je sais ce fut long, mais il fallait rappeler ça pour montrer que les mêmes termes couvrent des notions et des concepts très éloignés les uns des autres. Parfois même le terme recouvre des réalités antinomiques.
Pour en revenir à nos fameuses valeurs républicaines Françaises il convient de les rappeler.
Article 1er de la Constitution de 1958 : la République française est indivisible, laïque, démocratique et sociale. » Ce qui signifie que l’intégrité du territoire et l’unité politique du pays doivent être maintenues quels que soit les évènements et les modifications constitutionnelles, que l’État et ses fonctionnaires respectent toutes les religions sans en privilégier aucune, que la souveraineté appartient au peuple et qu’elle ne peut être que déléguée aux représentants du peuple, que la République est attachée à la protection des plus humbles.
Tout ceci se traduit en trois mots dans la devise nationale : liberté, égalité, fraternité »
Rappelons qu’il existe, parmi les « valeurs républicaines », des symboles normalement reconnus de tous : -Le drapeau tricolore, Marianne, la Marseillaise, le 14 juillet, le coq.
Donc lorsque l’on nous rebat les oreilles avec les fameuses valeurs républicaines on nous parle de cela.
Mais plus encore de ce qui en découle comme le droit du sol et le droit du sang.
Car comme toujours le droit français est mixte. En fait il s’agit d’un double droit du sol : « est français celui ou celle qui est né sur un territoire français dont un parent est également né sur un territoire français (droit du sol), mais, l’enfant d’un Français est français, quel que soit son lieu de naissance (droit du sang). De plus, un enfant né et ayant vécu au moins cinq ans en France de parents tous deux nés à l’étranger peut devenir français à sa majorité s’il a sa résidence habituelle en France (droit du sol).
On nous parle aussi aux travers de tous ces symboles, de solidarité, de protection des plus faibles, de générosité, d’empathie, d’altérité, d’équité, de justice. Et puis tout ceci participe à notre symbolisation en tant que pays des droits de l’homme.
Donc si jamais, mais peut-être suis-je paranoïaque, si jamais quelqu’un venait à dire que ces valeurs, les grandes valeurs républicaines, qui ont fait notre pays et sont le fruit des luttes de nos parents et ancêtres, devaient s’adapter aux circonstances d’un contexte dramatique, il serait bon que chacun sache en toute conscience ce qui va être sacrifié sur l’hôtel de la conjoncture politique. Mais cela peut-il arriver de la part de gens qui vous assènent sans cesse ces fameuses « valeurs républicaines » ?
Pourtant qui sait ce que va faire la main qui un jour tiendra le fléau de la justice, les guides de la liberté, les liens de la fraternité ?
Gilles Desnoix
8 commentaires sur “Nos fameuses valeurs républicaines”
Bonne explication de texte et bon rappel .
Comme toujours , certains utilisent des mots qu’ils ne comprennent pas et ils sont repris par d’autres qui ne cherchent pas plus loin et ainsi de suite .
Cette question »Qu’est-ce que les valeurs de la République » posée à bon nombre de politiques de tout bord donnerait sans doute beaucoup de grain à moudre à nos humoristes !
Merci à cet exposé magistral de Montceau News sur les valeurs Républicaines.
Dans leur fondement, elles ambitionnaient une portée universelle…Elles nous sont assénées ces temps ci, en forme d’exhortation, afin de réunir tous ceux qui, de ci delà, au fil des difficultés de l’existence, n’y trouvent pas leur compte et ne savent pas résister à la tentation du repli ( bouderie des bureaux de vote, fin de l’Etat Providence, délitement de la classe politique, affairisme généralisé).
Aussi bien, l’élan mobilisateur de la Reconstruction sur le champ de ruine post 1945, n’a pas trouvé son équivalent de la part des générations qui ont suivi.
A part peut être au début de la construction européenne et lors de la survenance de l’ID Citroen, du Concorde, et d’une décolonisation réussie (ou presque), évènements contemporains d’une République gaullienne.
Mais comme le Grand Homme affirmait, avec quelque présomption, que » tout le monde est, a été, ou sera gaulliste..! »…On peut conclure en disant :IL N’Y A PLUS QU’A…ou encore..YES WE CAN..!
J’adore vos contributions, M. Desnoix.
Ce condensé sur les valeurs républicaines est à la hauteur de vos articles précédents.
Vous écrivez :
» il serait bon que chacun sache en toute conscience ce qui va être sacrifié sur l’hôtel de la conjoncture politique »
La situation corse actuelle ne montrerait elle pas ce qui a déjà été sacrifié et les conséquences mécaniques qui en résultent ?
Amitiés
Bravo et merci POUR CES RAPPELS HISTORIQUES .
J C REY
Pourtant l’injustice est présente..dans tous les domaines ..condamnée par la justice si les faits sont connus..ou ignorés, qui place à la souffrance ..par l’incompétence aussi…le pouvoir de l’argent ou d’une position..ect..Beaucoup oublie les mots, « liberté, égalité, fraternité « .
Très bel article, à la fois bien écrit et surtout instructif !
Pour en revenir à votre propos, d’après moi, l’auteur se réfère aux privations de certaines libertés, dont on devrait faire sacrifice sur « l’hôtel de la conjoncture politique »…
Amicalement.
La privation de certaines libertés dans le conteste actuel est dû à un état de guerre..pour protéger la population entre autre et rejeter ceux qui en bafouent les valeurs. Beaucoup disent que la déchéance de nationalité ne servira pas..et que cela est contraire à nos valeurs..De père allemand, j’ai choisi de rester française à ma majorité..Mon père comme d’autres étrangers venus en France, ont respectés notre pays, ont travaillés, nous en ont inculquée des valeurs.. le respect d’autrui, qu’en est il aujourd’hui? Notre France souffre..Beaucoup de réforme sont à faire..dans tous les domaines..éducatives, parentales ect..Nier les faits, c’est reconnaître notre aveuglement..nos manques de vision de la réalité..
Il est des professions qui, à défaut d’efficacité, vivent par le spectacle et le buzz….
Dirais je qu’elles ont fort justement inspiré les Guignols de l’Info, lesquels viennent de perdre leur liberté dernièrement non ?
Avons nous oublié ?
La déchéance de la nationalité est un sujet d’une gravité extrême. Elle a été introduite à la veille de la Deuxième guerre mondiale par un décret-loi du 12 novembre 1938 d’Edouard Daladier, président du Conseil radical-socialiste, prévoyant la déchéance de la nationalité des Français naturalisés depuis moins de dix ans, ayant été condamnés à au moins un an de prison. Puis, c’est le gouvernement de la Libération, présidé par le général de Gaulle qui réforme cette mesure par ordonnance du 17 octobre 1945. La déchéance de la nationalité peut désormais intervenir pour le fait d’avoir commis, dans les 10 ans suivant l’acquisition de la nationalité française, un acte criminel ayant entraîné une condamnation à une peine d’au moins cinq années d’emprisonnement ou pour toute une série de faits comme les atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation, une «condamnation pour s’être soustrait aux obligations prévues par le code du service national». En 1996, Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur, l’étend aux actes terroristes. La loi Guigou, ministre de la Justice du gouvernement Jospin, le 16 mars 1998, supprime la déchéance de nationalité pour les personnes punies de 5 ans d’emprisonnement mais la maintient pour tous les autres motifs de condamnation: terrorisme, atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation, non-respect des obligations du code du service national.
La loi Guigou a t’elle été abrogée ?
« La déchéance de la nationalité figure aujourd’hui à l’article 25 du code civil. »
Tout ce remue ménage permet d’évaluer ce que sont réellement les « élites » du Parti Socialiste non ?
Amitiés