11 vaccins obligatoires au 1er janvier 2018
Le débat est-il vraiment achevé ?
C’est une des réformes phares du nouveau gouvernement du Président Macron au niveau de la santé : l’obligation de 11 vaccins pour les nouveaux-nés.
Ces derniers mois ont montré que cette réforme était loin de faire l’unanimité.
Mais qui concerne-t-elle ? Qu’en pensent les parents ? Qu’en pensent les praticiens de santé eux-mêmes ? Essayons d’y voir plus clair.
Les 11 vaccins
Le 11 juillet dernier, le Ministère de la Santé annonçait via son site internet le projet de la ministre Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé de proposer au Parlement de rendre obligatoires 8 vaccins supplémentaires jusqu’alors recommandés pour la petite enfance, en complément des 3 vaccins jusqu’alors obligatoires. Les trois vaccins obligatoires concernaient la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite.
D’ailleurs le même ministère avait annoncé, en février dernier, sous le précédent gouvernement que les trois vaccins devaient être obligatoires en dehors de toute association avec d’autres souches, des associations de parents s’étant plaintes d’être contraints par le marché de vacciner leurs enfants contre des maladies contre lesquelles ils ne souhaitaient pas le faire. Le libre choix des parents n’était donc pas possible du fait du diktat du marché vaccinal.
Et à peine cinq mois plus tard, les associations de parents et les professionnels de santé se voient entendre que les 11 vaccins jusque-là préconisés par les professionnels de santé seront à présents obligatoires.
Les raisons avancées ? « Cette décision répond à une nécessité d’enrayer certaines maladies infectieuses, comme la rougeole. En effet, si la France a des taux de couverture vaccinale meilleurs que les autres pays pour les vaccins obligatoires, en revanche ils sont très insuffisants pour la plupart des vaccins recommandés. L’entrée en vigueur de cette loi est prévue pour le début d’année 2018. » Voilà ce qu’on peut encore lire aujourd’hui sur le site du Ministère qui n’a visiblement pas mis à jour ses données depuis les votes sur le sujet.
Quoiqu’il en soit, on passe donc de recommandations vaccinales à des obligations. Et qui dit obligations dit aussi pénalisation des familles qui ne respecteraient pas cette nouvelle loi. Oui mais comment ?
Quels sont les vaccins concernés ?
Mais revenons d’abord aux vaccins concernés.
En plus des 3 vaccins actuellement obligatoires (la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite) s’ajoutent : l’haemophilius influenzae B (bactérie provoquant notamment des pneumopathies et des méningites), la coqueluche, l’hépatite B, la rougeole, les oreillons, la rubéole, le méningocoque C (bactérie provoquant des méningites) et le pneumocoque (bactérie provoquant notamment des pneumopathies et des méningites)
On nous indique que ces 11 vaccins représentent 10 injections pour les enfants, étalées sur 2 ans. Et selon des sources ministérielles au moins 70 % des enfants connaissent déjà ces 10 injections sur 2 ans et 80 % plus de 8 injections.
La première mouture du texte explique que cette obligation vaccinale ne touchera d’abord que les enfants âgés de moins de deux ans au 1er janvier 2018.
Comment justifier une telle extension du nombre de vaccins obligatoires ? Le ministère de la santé avance l’argument de santé publique en s’appuyant notamment sur des données chiffrées concernant des vagues d’épidémies.
Il indique « Avant la généralisation de la vaccination, durant la seconde moitié du XXème siècle, on déplorait annuellement 3 000 décès par diphtérie et 200 décès d’enfants par poliomyélite en France. Le tétanos entraînait environ 1 000 décès par an, on en compte aujourd’hui moins de 5 chaque année.
Depuis l’introduction de la vaccination, les infections invasives à haemophilus influenzae de type B ont baissé de plus de 95% alors que l’on observait près de 600 cas par an auparavant.
Grâce à la vaccination contre les infections invasives à pneumocoque chez l’enfant depuis 2003, le nombre de ces infections, source d’hospitalisation et de complications, a été réduit de moitié. Grâce à l’immunité de groupe, on observe également une diminution de 40% de ces infections sévères chez l’adulte et les personnes âgées. »
Et d’ajouter : « Les infections invasives à méningocoque C peuvent provoquer de graves séquelles (notamment un retard mental) et sont parfois mortelles. Entre 2011 et 2015, 255 cas ont été déclarés chez des sujets âgés de 1 à 24 ans. Parmi eux, 25 sont décédés. Ces cas et ces décès auraient pu être évités par la vaccination.
Les couvertures vaccinales contre l’hépatite B sont insuffisantes en France : 40% chez l’adolescent, 60% chez l’adulte. On estime que plus de 2 000 cas d’hépatite B sont survenus en France entre 2006 et 2013 chez des sujets non vaccinés. Outre les atteintes aigües parfois mortelles (14 hépatites fulminantes en 2016-2013 parmi les 408 survenues chez des sujets non vaccinés), ces infections peuvent exposer à des formes chroniques sévères (cirrhose, cancer du foie).
En ce qui concerne la rougeole, la couverture vaccinale à 2 ans est de 78% alors que, tant qu’elle n’atteindra pas le niveau de 95 %, le risque de vagues épidémiques périodiques persistera. Entre 2008 et 2016, plus de 24 000 cas de rougeole ont été déclarés en France. Près de 1 500 cas ont présenté une pneumopathie grave, 34 une complication neurologique et 10 sont décédés. »
Et de conclure : « L’extension de l’obligation vaccinale permettra de répondre à ces enjeux majeurs de santé publique. »
L’Assemblée nationale a voté en faveur de ce dispositif, vendredi 27 octobre, en première lecture, par 63 voix contre 3.
La Ministre a annoncé qu’elle ferait preuve de pédagogie auprès des parents récalcitrants avant toutefois de se dire prête à utiliser la coercition face à ce problème de santé publique. « Il y a des fois où l’obligation est une bonne chose pour permettre à la société d’évoluer », s’explique-t-elle. En effet refuser de se conformer à des obligations « au point de compromettre la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation de son enfant » est passible de deux ans de prison et 30 000 euros d’amende par le Code pénal.
Le libre choix demandé par tant de parents semble donc bien compromis.
Pro-vaccins vs contre-vaccins ?
Des associations de parents, des parents indépendants mais aussi des professionnels de santé restent toutefois dubitatifs devant la démarche.
Et loin de se limiter à deux camps qui s’affrontent, le débat est un peu plus complexe qu’il n’y paraît.
Parmi les professionnels, nous avons pu recueillir les avis de trois pédiatres, une sage-femme de la communauté urbaine et des infirmières. Et les avis sont loin d’être unanimes.
A la question, que pensez-vous des 11 vaccins ? Un premier pédiatre a répondu embarrassé : « je fais ce qu’on me demande de faire ».
Puis échangeant sur le sujet devant des secrétaires médicales toutes vaccinées et ne voyant pas le problème d’un tel procédé sur des tout-petits, le médecin a expliqué avoir pris connaissance d’une étude récente faisant part du fait que certaines épidémies – contre toutes idées reçues – ne trouveraient pas leur origine chez un patient non vacciné, mais bien chez un individu vacciné dont la souche du vaccin aurait été mal réalisée rendant l’individu porteur d’une maladie au lieu de le protéger.
Voilà qui vient donner de l’eau au moulin des parents qui ne comprennent pas les paroles de la ministre disant que les non vaccinés mettent en danger les vaccinés. On peut lire sur des fils de discussions de forums santé « s’ils sont protégés, que peuvent-ils craindre des enfants non vaccinés ? Cela n’a pas de sens ! ».
Poursuivons avec l’avis des professionnels de santé. Un autre pédiatre rencontré s’est montré plus ferme sur les obligations vaccinales indiquant qu’il fallait au moins réaliser la coqueluche, celle-ci pouvant avoir de graves conséquences sur les enfants comme sur les adultes.
Et le dernier pédiatre rencontré a indiqué que les 11 vaccins avaient fait leurs preuves, nous encourageant à nous rendre sur le site de la société française de pédiatrie.
Dès le 26 juin 2017, la Société Française de Pédiatrie annonçait sa position en faveur des 11 vaccins obligatoires. On pouvait lire dans son communiqué de presse : « Ces 11 vaccins sont tous nécessaires et réalisés depuis longtemps chez la grande majorité des enfants. Une certaine méfiance vis-à-vis des vaccins voit cependant le jour particulièrement en France.
L’élargissement de l’obligation aux 11 vaccinations de l’enfant correspond aux recommandations du comité d’orientation de la Concertation Citoyenne sur la Vaccination rendues publiques le 30 novembre 2016 et soutenues par les sociétés signataires de ce communiqué. »
Et de conclure : « Sur des bases scientifiques et médicales, les sociétés confirment leur position en faveur de la nécessité impérieuse de tous les vaccins préconisés par le calendrier vaccinal de l’enfant, qu’ils soient actuellement obligatoires ou recommandés. Il est irrationnel de privilégier les uns ou les autres.
L’élargissement provisoire des obligations est la seule réponse aujourd’hui adaptée face au danger que représentent ces maladies infectieuses et compte tenu de la défiance qui se répand vis-à-vis des vaccins, dans notre pays plus que nulle part ailleurs dans le Monde. Cette défiance expose les patients, en particulier les plus vulnérables, à des risques non acceptables. Cette décision ne ferait que clarifier et renforcer les recommandations officielles françaises appliquées en routine depuis de nombreuses années par la plupart des médecins à la majorité de leurs patients. »
Au cours de notre « prise de pouls » sur le sujet auprès de professionnels de santé, nous avons pu remarquer que le scepticisme sur le caractère obligatoire de l’élargissement de la couverture vaccinale s’étendait aussi bien à certaines sage-femmes qu’à des infirmières. Les raisons avancées par les unes et les autres : les réactions constatées de certains individus aux vaccins, qu’ils soient adultes ou non. Une professionnelle de santé elle-même a fait une réaction au vaccin de l’hépatite B, réaction reconnue par la médecine du travail.
Comment les études mises en avant par la SFP (Société Française de Pédiatrie) tiennent-elles compte de ces cas ? Difficile d’avoir une lecture claire des résultats présentés sur ce point.
Certains parents prônent la prudence
Parmi les parents de jeunes enfants, plusieurs voix se font entendre là aussi. Il y a très clairement des parents qui refusent toute vaccination, certains se déclarant pour la « sélection naturelle ». Une opinion qui a le mérite d’être claire. D’autres refusent la vaccination non personnalisée et automatique pour avoir constaté des effets sur leurs propres enfants.
Autre nuance, celle des vaccins avec adjuvant d’aluminium. Les adjuvants d’aluminium ont été ajoutés aux anciens vaccins afin, nous dit-on, de stabiliser les vaccins. Il semblerait toutefois que certaines personnes auraient eu des réactions importantes voire très invalidantes pour les plus graves.
Les professionnels de santé interrogés sur le sujet nient l’existence de telles réactions alors même que l’on peut recueillir auprès d’associations anglosaxones et espagnoles, les témoignages d’études portant sur les effets de l’aluminium sur l’organisme humain.
Les associations de personnes se disant malades à cause de ces adjuvants appellent les pouvoirs publics à la reconnaissance de ce problème d’une part et à davantage de prudence dans l’utilisation de ce type d’adjuvants d’autre part, puisque les effets à long terme sur la population ne semblent pas connus selon eux ou en tout cas trop peu considérés.
Il y a aussi des parents qui sont pour les vaccins mais seulement les trois premiers en tant que vaccins obligatoires, demandant aux autorités davantage de souplesse sur le sujet.
Une jeune mère d’un petit garçon de deux ans nous confiait être contente que la loi ne la concerne pas pour l’instant. Un papa d’une petite fille de 4 mois s’est dit quant à lui déçu qu’on lui enlève le libre choix des autres vaccins. Il reconnaît l’intérêt des trois premiers, mais ne voit pas clairement celui des autres vaccins surtout lorsqu’ils concernent des pathologies auxquelles l’enfant en bas âge ne sera pas confronté immédiatement.
On l’aura compris : si la loi doit rentrer en application dès le 1er janvier 2018, elle risque toutefois de rencontrer encore des contestataires et voire aussi des certificats de complaisance, pratique déjà en cours par ailleurs.
Le Ministère de la Santé s’est dit prêt à durcir le ton et les contrôles sur des certificats réalisés par les médecins / pédiatres et tout autre personnel de santé, certificats qui viseraient à limiter le nombre de vaccinations pour les individus.
Le bras de fer entre les différentes parties semble loin d’être fini.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
EM
4 commentaires sur “11 vaccins obligatoires au 1er janvier 2018”
encore une fois, on impose aux gens pour enrichier les fabricants, cela avec le risque de voir des jeunes déclarer des maladies par une mauvaise acceptation du corps des ces « virus amoindris »! de plus ,si l’état craint une propagation? pourquoi tous ceux qui viennent d’ailleurs en France par milliers ne sont pas obligés de se vacciner avant de mettre un pied sur le territoire!!!
Je plains les parents des trés jeunes enfants d’aujourd’hui qui assistent impuissants à ce gavage de médicaments…sauf à signaler des contre-indications avérées.
Pour la grippe, mon médecin m’a dit « si vous en êtes atteint » je vous soignerai…Donc pas de vaccin.
Pour les maux bénins, mais si gênants, tisanes,aérosols,baumes,homéopathie..
Si je me fais vacciner lors d’une expédition au bout du monde, réciproquement le carnet de vaccination de nos visiteurs doit être à jour !
Article très étonnant sur certains points! Quelques phrases ou paragraphes me « dérangent »:
« Le libre choix des parents n’était donc pas possible du fait du diktat du marché vaccinal. » Quel est ce marché qui imposerait son diktat…mystère d’autant qu’il a été clairement démontré, chiffres à l’apuis par toute la chaine du médicament, que le « surcout » était très inférieur au milliard d’euros à rapporter aux dizaines de vies qui seront sauvées et aux coûts des handicaps évités (suite à coqueluche, rougeole…).
Plus loin les vaccinations des adultes servent de prétextes contre les vaccinations des nourrissons. C’est de la manipulation car les réactions peuvent être différentes surtout si le médecin qui prescrit ne questionne pas sur les antécédents familiaux de déficience immunitaire ou de maladie auto-immune.
Quant à ceux qui préfèrent la « sélection naturelle »…merci pour leurs enfants qui apprécieront cette attention parentale! Ils seront sans doute les premiers à porter plainte en cas de problème.
Quant à l’aluminium, et comme sur d’autres affirmations, l’article reste très vague avec toujours, en arrière plan, la confusion faite entre âges de vaccination, vaccins concernés…
Quand les arguments des anti-santé publique ne fonctionnent plus ils en inventent d’autres qu’il faudrait prouver « par défaut »!
C’est intellectuellement malhonnête et cela met en danger la vie d’autrui…ce qui est me semble-t-il condamnable.
PS Dès que j’ai su que ma fille attendait un enfant je me suis fait revacciné contre la coqueluche!
Il ne s’agit que de vaccins qui étaient déjà fortement conseillés. La majorité des enfants les recevaient déjà !
Se vacciner est un acte civique. Beaucoup l’oublient, coincés qu’ils sont dans leur petit égoïsme rabougri.