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vendredi 15 mai 2015 à 05:35

Société

Le label, pas le moche !



 

 

Le label, pas le moche !

 

 

Bon, alors je choisi quoi ? Le poulet bio ou le poulet label rouge, ou alors celui de « nos régions ont du talent » ? Oui mais, dans le Bio il y a le label AB, le label Européen, le bio village, so’bio et ainsi de suite.

 

 

 

Le Label rouge c’est bien mais c’est mieux que de l’AOP, de l’AOC, de l’IGP, du STG ?

 

 

Puisque nous en sommes aux questions essentielles en voilà une existentielle quasiment, et c’est un besoin urgent qui me la fait poser : « l’aspirine c’est bio ? ».

 

 

Tout le monde, plus ceux que cela n’a jamais préoccupé, se pose mille questions sur les garanties de qualité et d’origine de ce que l’on mange.

 

Plus l’on nous enfile en toute conscience malhonnête et cynisme assumé des viandes ayant changé de nom ou impropres à la consommation dans nos raviolis ou notre charcuterie, plus nous tremblons d’avaler quoi que ce soit non revêtu du tampon magique : le label salvateur.

 

 

Mais d’abord qu’est-ce qu’un label, et en quoi cela se différencie de ce que nous disent les fabricants ?

 

 

Le secteur public assure la certification de produits et de services par un symbole identifiable de tous, le label, rattaché à des critères techniques objectifs. La marque, y compris ses attributs labellisants, relève du secteur privé elle identifie le producteur de produits et de service, et met en avant des critères subjectifs commerciaux.

 

 

Cela ne veut pas dire que les entreprises mentent forcément, qu’elles nous trompent. Non, simplement leurs intérêts ne sont pas les nôtres contrairement à ce que leur propagande voudrait nous faire croire.

 

 

Donc le label est une norme garantie par l’État en France et en Europe et la marque un argument commercial, voilà la différence qu’il faut intégrer d’office.

 

 

Ensuite il ne faut pas se laisser embarquer par les services communication qui utilisent les labels pour renforcer leurs messages publicitaires maison en nivelant le niveau d’information et en y substituant les stimuli qui vous feront acheter. Parfois même sans besoin ou à l’inverse de ce que vous vouliez.

 

 

Enfin il faut être certain de ce que l’on veut, car le résultat final pourra ne pas être le même selon les cas.

 

 

Les labels utilisent des critères précis portant pour le produit sur son origine (AOP, AOC, IGP), sur son niveau supérieur de qualité (label rouge), le savoir-faire pour le réaliser (La spécialité traditionnelle garantie (STG) du genre recette traditionnelle), sur le respect de l’environnement (label Bio).

 

 

Mais cela serait trop simple comme ça. Il faut ajouter plus ou moins de mentions valorisantes particulières pour les produits agricoles ou agroalimentaires. Elles sont facultatives.

 

 

Nous trouvons les mentions suivantes : produit de montagne (avec sous mention simple : montagne), produit pays, produit fermier (ou produit à la ferme, produit de la ferme). Ces mentions proviennent de normes Européennes, elles ont pour finalité de « génériser » les produits alors que le droit français fait tout pour individualiser les productions selon deux critères simples. Le lieu et le savoir-faire qui s’y attache. On ne dit pas « fromage frais au lait cru produit de la ferme », mais Saint Marcellin (par exemple).

 

 

Si nous détaillons cela un peu mieux ?

 

 

 

Le Label rouge, le plus connu voire le plus recherché, désigne des produits qui, par leurs conditions de production ou de fabrication, ont un niveau de qualité supérieure par rapport aux autres produits similaires. (Article L.641-1 du code rural).

L’État français, par le biais de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) attribue le label. Mais contrairement aux mentions valorisantes Européennes, L’INAO n’attribue pas directement le Label à un produit, mais à un organisme appelé Organisme de défense et de gestion (ODG) représentatif d’une filière collective de production. Un cahier des charges doit être respecté à toutes les étapes de la production et de l’élaboration.

 

 

Par exemple pour du pain label rouge.

 

 

– Des règles précises du semis à la récolte
– Un stockage adapté et sans recours aux produits phytosanitaires
– Des blés soigneusement sélectionnés pour leur qualité boulangère

 

 

Les farines Label Rouge font toutes l’objet d’un contrôle de panification avant livraison aux boulangers puis de contrôles sanitaires et physico-chimiques réguliers par des laboratoires qui font partie d’un réseau d’inter comparaison. Elles sont garanties sans additif conformément à la réglementation pour le pain de tradition française.

 

 

Mais attention Label rouge ne veut pas dire BIO et donc Label AB. Voyons les différences entre les deux labels pour le poulet.

 

 

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Obligations : Label rouge : de résultat (qualité gustative supérieure). AB : de moyens (respect de l’environnement et du bien-être de l’animal) (aucune obligations pour l’élevage intensif).

 

Durée d’élevage : LR : 81/90 jours. AB : 112 jours (38/40 jours pour l’élevage intensif)

 

Conditions d’élevage en intérieur : LR : 10 bêtes au m2. AB 2,5 Bêtes au m2 (17/22 au m2 pour l’élevage intensif). Mais LR et AB comportent aussi une partie de l’élevage en extérieur. Mais le poulet fermier doit être élevé exclusivement en liberté. Cela concerne moins de 20% des poulets labels Rouge, AB, AOC.

 

Alimentation : LR : De l’herbe sur la prairie, 70% de céréales, 25% de farines riches en protéines végétales et un apport minéral. AB : De l’herbe sur la prairie, et des céréales, légumineuses, des semences, oléagineuses, …. à 90% Bio garantis sans pesticides, sans engrais chimiques et sans OGM. (Aucune exigence pour l’élevage intensif. Pire les reproducteurs sont affamés pour qu’ils ne vieillissent pas trop vite afin de procréer plus longtemps.).

 

Soins médicaux : LR : Les antibiotiques favorisant la croissance sont interdits, mais autorisés à des fins thérapeutiques. AB : les produits phytothérapiques homéopathiques sont seuls autorisés pour les traitements. (Aucune limitation pour l’élevage intensif qui génère plein de maladies et de difformités pathologiques).

 

 

A vos caddies et lisez bien les étiquettes.

 

 

Donc résumons, les labels c’est l’Etat Français ou l’Europe. Les européens sont plus laxistes que les Français, bien que le label rouge ait un peu été assoupli.

 

 

Le reste c’est commercial.

 

 

Mais le BIO, le bio, le bio…

 

 

Alors là attachez vos ceintures parce que ça secoue dans les virages.

 

 

Vous allez vous trouver avec une liste, sans doute pas exhaustive, de labels tous certifiés Bio. Certifiés, mais je ne suis pas allé contrôler qui contrôle tout ça.

 

Et pourtant ils ont nombreux à appliquer leur tampon un peu partout.

 

Ecocert, Ecocert équitable, Agriculture biologique, Agrocert, Certipaq, Bureau Véritas Certification, Certisud, Certis, Bureau Alpes Contrôles et Qualisud, Nature et Progrès, Max Havelaar, Demeter, Natrue, Austria Bio Garantie, USDA Organic, BDIH, Soil Association, Cosmebio.

 

 

Mais surtout en Europe seul le logo européen est en vigueur.

 

 

En 1991, le premier règlement européen introduisait un principe de subsidiarité, permettant aux États membres de le compléter ou de le rendre plus strict sur leur territoire. Il a disparu en janvier 2009 dans le but de simplifier les réglementations et limiter les distorsions de concurrence. En 1992 la France avait renforcé son label AB (qui est dorénavant d’utilisation volontaire) de ce fait il y a une brusque baisse des exigences réglementaires pour les producteurs français.

 

 

 

 

 

Donc résumons-nous c’est 

 

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et non

 

 

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qui est la règle maintenant.

 

 

Après il faudra bien sérier vos attentes, vous ne pouvez tout avoir à la fois.

 

Si vous voulez du bio éthique qui a les caractéristiques du label rouge vous êtes mal partis.

 

L’éthique c’est bien, c’est généreux, c’est la voie à suivre pour lutter contre la paupérisation imposée par les mastodontes multinationaux de l’agroalimentaire. Mais ça peut aussi être un piège à… gogos.

 

 

 

Le commerce équitable recouvre des réalités complexes.

 

 

 

L’article 60 de la loi du 2 août 2005 définit que le commerce équitable s’inscrit dans la stratégie nationale de développement durable. Qu’au sein des activités du commerce, de l’artisanat et des services, le commerce équitable organise des échanges de biens et de services entre des pays développés et des producteurs désavantagés situés dans des pays en développement.

 

 

Ce commerce vise à l’établissement de relations durables ayant pour effet d’assurer le progrès économique et social de ces producteurs. Les personnes physiques ou morales qui veillent au respect des conditions définies ci-dessus sont reconnues par une commission dont la composition, les compétences et les critères de reconnaissance des personnes précitées sont définis par décret en Conseil d’Etat. C’est du commerce après vous mettez les bons sentiments que vous voulez, ou pas.

 

 

 

5 ans après installation de la Commission Nationale du Commerce Equitable.

 

 

 

Neuf ans après… L’article 9 de la loi du 7 juillet 2014 précise que « la politique de développement et de solidarité internationale favorise le développement des échanges fondés sur le commerce équitable et contribue au soutien des initiatives d’économie sociale et solidaire et du micro-crédit ans les pays partenaires ».

 

 

 

La loi « Economie sociale et solidaire » du 31 juillet 2014, modifie la conception géographique du commerce équitable en y incluant les échanges Nord-Nord.

 

 

Et vlan voilà la loi Macron, le catalogue législatif rappelant celui de Manufrance, qui envisage de supprimer la Commission Nationale du Commerce Equitable et de la remplacer par une commission de concertation du commerce (dite commission 3C). Elle se verrait confier les attributions de reconnaissance des labels privés du commerce équitable.

 

 

Synthétisons donc, le commerce équitable a donc une reconnaissance étatique qui l’inscrit dans l’économie solidaire et sociale, mais il n’y a pas de label étatique. Ils ne sont que privés.

 

 

 

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Donc si le concept a été avalisé, si les critères sont définis et suivis, les labels qui en découlent ne sont en aucun cas des garanties.

 

 

En France, l’accord AFNor* X50-340, (signé par 51 organisations) structure les pratiques existantes en apportant des garanties aux consommateurs, mais n’a pas de valeur normative et engage seulement moralement les personnes qui en sont signataires.

 

 

Des marques : Max Havelaar, Artisans du monde, Alter Eco, Fairtrade, NOW! New Organic World, Sageco, SIRA KURA, Sweet Blossom, TUDO BOM, Artisanat Sel, ATES : Association pour le Tourisme Equitable et Solidaire, Boutic Ethic, ETHIQUABLE, Ethishirt, Forest People, GUAYAPI, Jardins de Gaïa.

 

 

 

Des organismes certificateurs privés et donc des labels privés :

– Fairtrade Max Havelaar : la garantie Max Havelaar est créée en 1988 et accrédité ISO65.

 

– Ecocert Equitable : (accrédité ISO65, a créé fin 2007 son référentiel ESR (échanges Equitable, Solidaire, Responsable), un système de garantie de filières et de produits à la fois biologiques et équitables.

 

 

– Fair trade organization (FTO) : lancée en 2004, la marque FTO (Organisation de commerce équitable en français) est la garantie de la World FTO, attribuée non pas à un produit mais à une organisation.

 

 

A vous maintenant de faire le tri et de choisir en toute connaissance de cause. Mais le sujet mérite de vrais échanges et Montceau News est justement là pour ça. Donc à vos claviers.

Gilles Desnoix

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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