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vendredi 29 avril 2016 à 07:37

La mine de fluorine à Antully

Plus de cent personnes à Broye pour la réunion d'informations 



A l’origine de cette réunion ? Le regroupement de cinq associations : Autun Morvan Ecologie, AAPPMA – Les Amis du Mesvrin, CAPEN 71, Creusot Montceau Terreco et le Collectif Planoise Sans Mine.

Ce regroupement d’associations n’en ai pas à sa première réunion, puisque nous les avions suivis au Creusot et Autun.

 

 

Voir nos précédents articles :

 

 

https://montceau-news.com/environnement/278352-la-mine-de-fluorine-a-antully.html

https://montceau-news.com/saone_et_loire/autunois/296823-la-fluorine-au-coeur-des-debats-a-autun.html

 

 

 

 

 

Ce mercredi soir, ils avaient d’abord placé une quarantaine de chaises dans la salle Charles Tomas de la commune de Broye. Au final, c’est plus d’une centaine de personnes qui s’est déplacée : elles étaient originaires aussi bien du Creusot, de la vallée du Mesvrin que particulièrement d’Antully.

 

 

 

 

Parmi les élus présents, Évelyne Couillerot et Pierre-Étienne Graffard représentaient la ville du Creusot ainsi que le Président du Conseil de la Communauté urbaine le Creusot Montceau. Jean-Baptiste Pierre, Maire de Sommant et Vice-Président de la Communauté de Communes du Grand Autunois Morvan était venu aussi prendre le pouls, intéressé par le sujet. Celui-ci avait déjà eu l’occasion de donner son opinion sur le projet dans la presse.

 

 

 

 

Plusieurs autres élus étaient quant à eux excusés, parmi lesquels Philippe Baumel, Rémi Rebeyrotte, André Accary ou encore David Marti.

 

 

 

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Un projet présentant d’énormes risques d’atteinte à l’environnement et à la santé publique

 

 

 

 

La soirée a été structurée par une première partie présentant les enjeux du projet, avant de permettre à la salle de poser des questions.

 

 

 

Patrice Notteghem (association CM Terreco) a ainsi rappelé les caractéristiques géologiques du terrain envisagé pour l’exploitation d’une mine de fluorine par l’entreprise Garrot Chaillac.

 

 

 

En effet, la fluorine se situe entre 10 et 13 m de profondeur et sur une épaisseur exploitable de 4 mètres.

 

 

 

Ce filon se situe dans le grès du Trias. Et d’après les associations, tous les ruisseaux proches du lieu d’exploitation convergent vers le réservoir de l’étang du Martinet, vers le barrage du Haut-Rançon.

 

 

 

L’entreprise a déclaré que le projet consisterait en une mine à ciel ouvert. La fluorine serait extraite par explosion. Le minerai serait ensuite broyé et lavé dans son usine, sur place. Les déchets issus de l’exploitation de la carrière – ce que l’exploitant nomme stériles – serait stocké sur place dans la carrière. Cela représenterait 330000Tonnes de déchets par an, selon les prévisions de Garrot Chaillac.

 

 

 

L’usine demanderait aussi pour son exploitation près de 380000m3 d’eau par an ; soit l’équivalent de la consommation d’eau annuelle d’une ville de la taille de Montchanin.

 

 

 

En résumé, le site d’Antully comporterait donc une mine et une usine afin d’extraire le minérai de fluorine de la roche.

 

 

 

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Des menaces pour la biodiversité

 

 

 

Tour à tour, les membres des associations ont présenté les menaces du projet. C’est d’abord Lucienne Haëse (AME) qui a présenté les menaces pour la forêt et la biodiversité. Elle a ainsi présenté un espace et des milieux jusqu’ici indemnes, une biodiversité remarquable, la présence d’espèces protégées et patrimoniales sur le site d’extraction envisagé, dont deux espèces protégées au niveau national.

 

 

 

Elle a rappelé ainsi le niveau de protection d’une partie de la zone : Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type 1.

 

 

De fait, la forêt de la Planoise est aussi bien visitée par des promeneurs, des randonneurs, des cueilleurs de champignons que des chasseurs.

 

 

 

Les impacts de la mine projetée résiderait d’abord dans la coupe à blanc de 42 hectares de forêt. Lucienne Haëse a rappelé que le projet est situé sur une concession de 1400 hectares. Il pourrait donc s’agir d’une première partie seulement de l’exploitation d’une mine sur le plateau d’Antully. D’autres lieux riches en minerai ont déjà été inventoriés.

 

 

 

De ce déboisement découleraient d’autres conséquences : perte de l’habitat naturel, perte de ressources alimentaires et d’abri pour la faune, réduction de la fixation du carbone.

 

 

 

La carrière présenterait des perturbations pour la faune (bruit, vibrations, tirs de mine, circulation etc.). Et la fuite d’hydrocarbures constituerait une atteinte à la microfaune et à la faune aquatique.

 

 

 

Lucienne Haëse a conclu son discours en indiquant : « Rien ne peut remplacer une forêt variée comme celle-ci ».

 

 

 

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Menaces pour l’eau potable de la CUCM et de l’autunois

 

 

 

Patrice Notteghem (CM Terreco) a rappelé les caractéristiques de l’approvisionnement en eau de la CUCM et de l’autunois : absence d’eaux souterraines, uniquement des eaux de surface et très fragiles. Le plateau d’Antully et sa périphérie constituent donc un véritable « château d’eau » pour les deux territoires.

 

 

Les prises d’eau de Saint Sernin, du Martinet notamment, alimentent le Creusot.

 

 

 

Les réservoirs du Martinet, du Haut-Rançon constituent un environnement favorable pour une eau de qualité, car situés dans un secteur protégé. Mais la mine envisagée se situerait juste au contact du périmètre protégé.

 

 

 

L’autre réservoir de la CUCM, qui alimente le Sud de la Communauté est constitué de la Sorme. Ce réservoir est peu profond et est présenté comme très vulnérable. Sa protection est décrite comme onéreuse et contraignante (surveillance accrue, notamment lors des périodes chaudes).

 

 

 

Pour les autunois, le Pont du Roi qui contient un volume important d’eau est sous la menace de l’exploitation de la mine de fluorine.

 

 

 

Ainsi l’exploitation de la mine de fluorine présente des risques de pénurie d’eau et des risques sanitaires. Les risques de pénurie seraient dus à la captation d’eau en amont de l’étang du Martinet à destination du bassin de l’usine. Cette captation menacerait le remplissage du Martinet et du Haut-Rançon.

 

 

 

Les risques sanitaires résideraient dans les risques de pollution des réservoirs du Martinet et du Haut-Rançon, pollution chronique et/ou accidents.

 

 

 

Pour Patrice Notteghem, il est primordial de ne négliger aucune ressource en eau : « les ressources en eau sont toutes indispensables et complémentaires ».

 

 

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Poursuivant sur le sujet de l’eau, Christian Roux (AAPPMA) a donné des détails sur le bassin versant du Mesvrin, soit 120 km de rivières et ruisseaux. Il a montré le caractère exceptionnel de l’eau des rivières « qu’il faut protéger ». Pour lui, les rejets de l’usine constituent un risque de pollution des ruisseaux du bassin versant, du Rançon et du Mesvrin à cause des matières en suspension, des éléments chimiques utilisés lors de l’exploitation ou encore de la température anormalement élevée des cours d’eau.

 

 

 

Il a aussi montré le risque de disparition de plusieurs espèces aquatiques à cause de la perte du débit d’eau et de l’augmentation de la température de l’eau. Mais ce n’est pas tout. Pour l’AAPPMA, il y aurait aussi des risques sanitaires vétérinaires pour le bétail au pré à proximité du site d’extraction notamment.

 

 

 

Aussi « l’AAPPMA de Marmagne est opposée à la présence de la carrière en tête du bassin et à son exploitation » a conclu Monsieur Roux.

 

 

 

Pour information, à ce jour, l’Agence Régionale de Santé (ARS) a émis deux avis défavorables à l’ouverture de la mine de fluorine.

 

 

 

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Des riverains mécontents

 

 

 

Michelle Heras Frankling (Collectif Planoise Sans Mine) s’est exprimée au nom des riverains. Et l’on peut dire qu’elle a exprimé vivement son opposition aux méthodes de l’entreprise Garrot Chaillac.

 

 

 

Interrogeant plusieurs experts immobiliers, ceux-ci lui ont indiqué qu’au minimum la valeur des biens immobiliers proches de la mine perdrait près de 25% de leur valeur actuelle. Mais comme l’indiquait la représentant du Collectif, c’est sans compter le fait que l’acheteur – s’il devait y avoir – serait en rapport de force et pourrait négocier encore davantage.

 

 

« Si on a envie de partir, on part à perte. Si on reste, on prend des risques » indiquait-elle.

 

 

 

La porte-parole s’est plainte du manque d’informations de la part de Garrot Chaillac : « On aurait voulu être intégrés dans le projet dès le début. Dans les faits, il y a un mutisme de l’entreprise et un mépris des riverains. »

Et d’ajouter : « Qu’en est-il de nos propriétés ? Que se passe-t-il si un seuil est dépassé pour nous ? »

 

 

 

Des menaces pour la santé

 

 

 

Marie Bixel (CAPEN 71) a indiqué succinctement les risques d’une telle exploitation pour la santé : poussières, pollutions d’eau et d’air.

 

 

 

Précisément sur la question du fluor, un expert, Philippe Perrin, assurera une conférence-débat « Fluor, la mine en débat », le 27 juin à 19h, 1 rue des Pierres à Autun.

 

 

 

Par ailleurs, les cinq associations ont exprimés leur vive inquiétude sur « l’après », mentionnant des risques importants que le site se retrouve orphelin avant la fin de son exploitation du fait de la très forte variabilité des cours de fluorine.

 

 

 

A l’issue de la présentation, les cinq associations ont appelé à l’arrêt du projet d’exploitation de la mine de fluorine.

 

 

 

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Des conséquences sous-estimées par l’exploitant ?

 

 

 

C’est ce qu’a laissé plané la remarque de l’élu du Grand Autunois, Jean-Baptiste Pierre, sur la circulation des eaux souterraines souvent méconnues et donc non maîtrisées. En prenant la parole, celui-ci indiquait « Je crois que je me suis fait peur, à l’analyse de vos croquis. En surface, on sait dans quel sens va l’eau. Mais en profondeur, on ne sait jamais. »

 

 

 

 

Dans la salle, plusieurs habitants d’Antully se sont étonnés de la non-communication de l’entreprise pour une usine, qui selon l’exploitant, « ne ferait ni bruit ni poussière ». Un autre de demander : Pourquoi ne s’appuie-t-on pas sur ce qui a été fait dans le Tarn ? (où il y a un précédent dans l’exploitation d’une mine de fluorine en France).

 

 

 

Évelyne Couillerot a indiqué pour sa part que la CUCM n’avait pas eu de nouvelles de la part de Garrot Chaillac. « La CUCM et le Conseil départemental ont sollicité le Préfet. Il n’a toujours pas reçu de dossiers de la part de l’exploitant à notre connaissance. Il est clair qu’il y a un problème de communication de l’exploitant qui rejette la responsabilité des problèmes d’eau sur les collectivités. Cela revient à dire que ce seront les citoyens qui en porteraient les conséquences financières en cas de problèmes. Ce n’est pas acceptable.

 

 

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Pour réponse à une question de la salle, je peux dire que nous n’avons jamais été en rupture d’eau. Mais on est en tension. Mais ce risque supplémentaire ne peut être pris s’il y a un souci au nord ou au sud du bassin… ».

 

 

 

 

Les échanges entre la salle et le regroupement d’associations s’est poursuivi sur des sujets variés tels la distribution d’eau, les débits des cours d’eau mais aussi le prélèvement de 40 tonnes de minerai en septembre 2015 et l’emplacement de ce prélèvement. A ce jour, la DREAL n’a toujours pas communiqué les documents demandés aux associations. Aujourd’hui celles-ci demandent une expertise indépendante pour vérifier l’emplacement exact de ce prélèvement. Les associations, devant l’absence de communication de l’entreprise Garrot Chaillac, ont perdu toute confiance.

 

 

 

En outre, elles espèrent que l’État (il faut entendre le Préfet, son représentant) administrera convenablement le dossier, notamment en produisant une contre-expertise.

 

 

 

Affaire à suivre,

 

 

EM

 

 

 

 

 






 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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