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jeudi 16 février 2017 à 11:35

Les accompagnants d’élèves en situation de handicap…

...dénoncent leur situation précaire



 

 

 

C’est ce mercredi au cours d’une conférence de presse à Montceau-les-Mines, en fin d’après-midi, que le collectif Accompagnant d’Élèves en Situation de Handicap (AESH 71) a expliqué non seulement ses missions mais a aussi présenté la situation de ceux qu’on appelait anciennement AVS pour Auxiliaire de Vie Scolaire.

 

 

En début d’année 2016 et de la volonté de plusieurs AESH est né le collectif départemental AESH 71. Il est né de la volonté de personnes voulant se regrouper : AVS et enseignants principalement. Ils viennent de Montceau-les-Mines, du Creusot, de Chalon-sur-Saône ou encore de Paray-le-Monial pour ne citer que quelques villes du département.

 

En revanche, les parents d’élèves ne sont pas représentés, ce que souhaiteraient grandement les membres du collectif.

 

 

La profession d’AVS voulait ainsi rompre l’isolement du personnel. En effet, beaucoup travaillent seuls dans les écoles, collèges ou lycées.

 

 

Le but du collectif était d’abord d’informer les collègues sur les droits du travail. Et à mesure que le collectif s’est construit, les objectifs ont évolué. Aujourd’hui l’objectif est surtout de faire avancer le débat public non seulement sur leur fonction mais aussi sur l’inclusion d’enfants en situation de handicap dans les établissements de l’éducation nationale.

 

 

Le collectif est ouvert à tous les parents, que leurs enfants soient ou non en situation de handicap.

 

 

Et pour les mobiliser ainsi que d’autres acteurs publics, institutionnels et politiques, le collectif organise une conférence débat le jeudi 9 mars à l’école Charles de Gaulle (avenue Charles de Gaulle) au Creusot de 18h30 à 20h30.

 

 

Des revendications sur…

 

 

Si les AVS ou AESH organisent ce débat conférence, c’est d’abord pour faire connaître leur métier, leurs difficultés et leurs revendications. C’est aussi pour mieux travailler avec les acteurs sociaux, l’ensemble des acteurs éducatifs et les parents d’élèves.

 

 

Trois points pour expliquer la situation des AVS :

 

– la façon d’exercer

 

– la formation

 

– la non reconnaissance du métier et du lieu d’affectation

 

 

D’abord afin qu’un enfant soit accompagné par un AVS dans son établissement scolaire, il lui faut d’abord obtenir une notification de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées). Ensuite l’éducation nationale pourvoit ou non au besoin de l’enfant.

 

 

Dans quelles conditions les AVS travaillent-ils ? Sur ce premier point, il s’agit d’abord d’indiquer qu’une écrasante majorité des contrats sont précaires. Deux tiers des AVS travaillent sous des contrats de type CUI, avec 20h hebdomadaire de travail et un salaire de 600 €. Un autre tiers est constitué d’autres CDD et une infime partie sont en CDI.

 

 

Mais tous ont des contrats à temps partiel, les obligeant à cumuler les emplois afin de pouvoir vivre.

 

 

Pourquoi existe-t-il des CDI ? Tout simplement car avec 6 ans d’ancienneté dans le public, le CDD est transformé en CDI. Toutefois cette titularisation dans l’éducation nationale ne constitue pas une titularisation sur un établissement. Même titulaire, les AVS en CDI se trouvent dans des situations précaires.

 

 

Ils racontent qu’à chaque rentrée, les cartes sont de nouveau redistribuées, avec une distribution en priorité sur les CUI et les CDI.

 

 

Quoiqu’il en soit, la précarité est à leurs yeux le point commun de tous ces contrats. Les salaires très bas se situent tous en-dessous du seuil de pauvreté.

 

Pourtant les AESH expliquent qu’il existe de gros besoins d’accompagnement d’enfants. Mais le nombre d’heures attribués par la MDPH n’est pas respecté, notamment pour faire des économies. Et cela passe par la méthode de la mutualisation. Il n’est ainsi par rare qu’un accompagnant qui devrait être assigné à un élève se retrouve partagé entre plusieurs élèves au sein du même établissement et parfois même sur plusieurs établissements. Des propositions sont ainsi faites à certains accompagnants de se partager entre les établissements dans la même journée sans prise en charge de leurs frais de déplacement et alors même qu’ils gagnent pour un bon nombre d’entre eux seulement 600 € par mois.

 

 

Deuxième point : la formation

 

 

Selon le collectif, quand on signe un contrat en tant qu’accompagnant, on doit recevoir 60h de formation. Ils indiquent que cette formation est très théorique et arrive souvent bien après l’intégration du poste.

 

L’éducation nationale a l’obligation de débuter cette formation au plus tard deux ans après le début du contrat. Et le recrutement du personnel accompagnant se fait tout au long de l’année, ce qui signifie que de nouveaux AESH peuvent avenir en plein milieu d’année scolaire.

 

 

Les formations se déroulent à Chalon-sur-Saône en général et tous les frais de déplacement ne sont pas pris en charge. Cela dépend de la distance avec le lieu d’habitation. Et quoiqu’il en soit, cette prise en charge est partielle. Ces formations réalisées en dehors du temps de travail du personnel accompagnant est très centrée sur ceux qu’on appelle les Dys alors qu’ils n’ont plus droit à ce type d’accompagnement.

 

 

Les AVS regrettent le manque de formation sur l’autisme, le manque de contacts avec des spécialistes et l’obsolescence des formations.

 

 

Pour eux, le champ d’action a bougé et il est nécessaire que les formations soient adaptées au nouveau champ d’application des AVS.

 

Sur l’autisme, les accompagnants reçoivent 6h de cours théoriques sur une soixantaine d’heures de formation au total.

 

 

En outre, ils se rendent bien compte que pour un même handicap, les enfants sont tous différents. Et les AVS aimeraient savoir comment répondre concrètement aux pathologies des enfants.

 

 

Ils expliquent ainsi : « Ce qui serait intéressant, ce serait d’avoir un suivi, des échanges avec des professionnels, une formation continue. On peut parler de carrière. »

 

 

Une dame en CDI et travaillant depuis 8 ans dans ces fonctions explique que « quand on demande une formation, on a une fin de non recevoir ».

 

Il semblerait qu’il n’existe pas de ligne budgétaire dans l’éducation nationale afin de financer des formations régulières et en continue de ce personnel.

 

 

Une enseignante explique pour sa part : « Ce sont les syndicats enseignants qui organisent des formations. Mais tout le monde n’ose pas y aller ».

 

 

Troisième point : la non reconnaissance du métier ou lieu d’affectation

 

 

« On est à disposition sans être intégrés réellement aux équipes pédagogiques. On peut être invités aux conseils d’école selon la volonté du chef d’établissement » expliquent les accompagnants présents.

 

 

Dans le discours de ces personnes se mêlent à la fois le sentiment d’être démunis face aux situations quotidiennes de leur travail mais aussi celui de ne pas appartenir à l’institution et donc de ne pas être reconnus.

 

 

Et les lieux d’affectation ne sont jamais gagnés. Le principe est inclure autant qu’on peut les enfants en situation de handicap dans les classes classiques, sinon ils intègrent les dispositifs ULIS. Dans le premier cas, un AVS est dédié à un élève. Dans le deuxième cas, l’AVS peut avoir jusqu’à 12 enfants sous sa responsabilité.

 

 

Et les classes ULIS (Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaire) n’accueillent pas toutes le même public puisqu’elles sont créées selon des thèmes.

 

 

S’agissant des affectations, les accompagnants comme les parents déplorent le non respect de leurs vœux. Ainsi les AVS peuvent se retrouver dans d’autres localités que celles demandées ou encore avec d’autres tranches d’âge.

 

 

En outre, la stabilité de l’accompagnant pour l’enfant n’est même pas assurée puisque son AVS peut changer en cours d’année selon les dates de contrat. Le collectif déplore ainsi un mode de gestion du personnel non transparent.

 

 

Et les bilans de compétences réalisés – normalement – annuellement avec instituteurs et chefs d’établissement ne convainquent pas par leur utilité.

 

 

Une conférence débat pour informer

 

 

C’est dans ce contexte que le collectif AESH 71 organise la conférence débat du 9 mars prochain afin d’informer le personnel, les parents, les personnes spécialisées dans le handicap, les élus locaux, les associations sur l’autisme par exemple, la MDPH, le centre médico-psychologique. L’IME du Breuil, les élus locaux et le maire du Creusot ont également été invités.

 

 

Cette soirée est aussi l’occasion de revendiquer un vrai statut, un vrai salaire, des titularisations et une formation adéquate.

 

 

Aujourd’hui le personnel souhaite obtenir des contrats qui permettent réellement de couvrir les besoins des élèves ce qui n’est pas le cas. Ces besoins ne s’arrêtent d’ailleurs pas aux portes de l’école, nous ont-ils fait remarquer. A la cantine, à la garderie ou en soutien, les enfants en situation de handicap ont encore des besoins. Avec cynisme, ils déclarent : « Quand l’AVS part, il n’y a plus de handicap, il n’y a plus d’enfant handicapé ».

 

 

Et le départ de l’AVS en cours de journée ou de semaine peut laisser bien démunis plus d’un enseignant.

 

 

Enseignants et accompagnants aimeraient ainsi que les collectivités travaillent davantage avec l’éducation nationale sur ce sujet.

 

 

La conférence débat est aussi à destination des parents dont les accompagnants reconnaissent aisément l’isolement par rapport au handicap.

 

 

Et le rôle de l’AVS variant selon la pathologie de l’enfant, les accompagnants demandent des formations adaptées et d’avoir accès à certaines informations sur les troubles de l’enfant afin de mieux savoir réagir. Aujourd’hui l’accès à ces informations leur est interdit sous couvert de secret médical. Mais ils se posent la question : comment faire pour travailler avec des enfants dont on ne connaît pas la pathologie et appréhender au mieux leurs comportements ?

 

 

Au cours de cette soirée débat mais aussi au sein du collectif AESH 71, les accompagnants cherchent à avoir le soutien de psychologues également : « parfois on a des confidences. Qu’en fait-on ? Il est important d’avoir des passerelles plus importantes avec les partenaires sociaux ».

 

 

La conférence débat du jeudi 9 mars devrait donc être l’occasion pour le collectif AESH 71 de lancer des appels et pourquoi pas des collaborations avec de nouveaux partenaires pour construire leur métier, pour mieux accompagner les enfants en situation de handicap et assurer améliorer les conditions d’accueil pour tous les élèves des établissements de l’éducation nationale.

 

 

Rendez-vous jeudi 9 mars de 18h30 à 20h30, à l’école Charles de Gaulle au Creusot pour une conférence « Inclusion scolaire et handicap » suivie d’un débat.

 

 

EM

 

 

 

 

 

ASH 16 02 17

 

 

 

 

 



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