Ce lundi a marqué le début des entrainements d’Olivier Masurel et Xavier Dorey, à l’aéroclub de Pouilloux. Un entrainement quelque peu perturbé le matin par la pluie. Mais cet après-midi, les deux champions étaient attendus de pied ferme par un public fourni, qui s’impatientait en attendant les pilotes.

 

 

 

« Il n’y a qu’à Montceau que les riverains râlent quand on ne vole pas » rigole Xavier Dorey lorsqu’une personne est venue lui demander à quelle heure les pilotes voltigeraient.

 

 

Les deux pilotes, souriants et sympathiques, se sont volontiers prêtés au jeu des questions-réponses de Montceau-News. Entre deux vols d’entrainement…

 

 

 

Xavier Dorey

 

 

Champion de France Excellence en 2016, 12^e au Championnat de France Elite en 2017, entre autres, ce voltigeur est originaire de Bretagne, pratique la voltige aérienne depuis 10 ans et fréquente les aéroclubs depuis l’âge de 13 ans.

 

 

Modeste, il ne cesse de vanter les qualités de son ami Olivier Masurel et votre serviteur doit lui rappeler gentiment, à plusieurs reprises, que nous sommes là pour parler de lui…

 

 

 

Montceau-News : Pourquoi choisir l’aéroclub de Pouilloux pour vos entrainements ?

 

 

 

Xavier Dorey : Tout d’abord, nous aimons venir à Pouilloux car nous sommes toujours extrêmement bien reçus. Et nous ne sommes pas les seuls à nous entrainer ici. La plateforme est super-accueillante et se prête bien à notre activité, en matière d’infrastructure et d’agencement de la piste. Par ailleurs, il n’y a ici pas trop de trafic et pas trop de contraintes annexes.

 

 

Par contre, c’est un peu haut en altitude, et avec la chaleur, on dégrade facilement les performances du moteur. Ce qui est un handicap intéressant car, comme les compétitions ont souvent lieu dans les pays de l’est en été, il fait chaud aussi et nous sommes donc aguerris à ce petit handicap.  Si on s’entraine toujours sous le même climat, on risque d’être pénalisé en en trouvant un autre.  L’avion changeant de caractéristiques, il va perdre en précision.

 

 

Donc, nous aimons cet aéroclub, mais nous changeons quand même souvent de terrain. Car la voltige est un sport basé sur la référence visuelle et on essaie de ne pas trop s’habituer à un lieu en particulier. Des repères liés au terrain se mettent vite en place et pourraient nous perturber.

 

 

MN : Vous perturber ?

 

 

 

XD :  Oui, cela parait idiot, mais la voltige, ce sont des figures codifiées, jugées au vu de leur précision. A tel point que lors des compétitions, on peut avoir des juges au sol qui ne sont pas pilotes et qui ont un catalogue de figures, établi strictement, avec des critères attribués à chaque figure.

Preuve en est que l’on peut juger la voltige sans être pilote : il suffit juste d’adhérer aux critères. Et dans un sens, cela vaut presque mieux, car si le juge n’est pas pilote, il va se référer aux critères stricts, sans chercher à voir si le pilote a « triché » pour arriver à effectuer une figure.

 

 

 

MN : Comment cela ?

 

 

 

XD : Par exemple, quand on effectue un tonneau vertical, on va juger une verticale parfaite. Quand on a le nez en air, le ciel est bleu, on ne voit absolument rien. Pour faire un tonneau, un tour complet donc, l’avion tourne très vite, un tour à la seconde et 400 degrés par seconde, et pour s’arrêter dans la même position après ce tonneau, il faut trouver ses repères.

 

 

Il faut savoir qu’on est jugé à 5 degrés près. 1/10^e de seconde, c’est déjà 40 degrés. Vous verrez sur notre avion Extra 330 SC, en bout d’ailes, des triangles qui forment des tiges, comme un rapporteur d’angle. Ce sont nos repères… On travaille avec des repères visuels et si on s’entraine toujours sur le même terrain, on se basera toujours sur l’église, par exemple, mais le jour où on est sur le terrain de compétition et qu’il n’y a pas d’église, on est coincés !

 

 

 

MN : C’est donc l’une des raisons pour laquelle vous changez souvent de terrain. Quelle est la seconde ?

 

 

 

XD : La seconde raison est que nous ne voulons pas déranger les riverains outre mesure. Les avions font du bruit (NDLR Pas plus que certaines motos qui font un bruit d’enfer à longueur de journée) et nous essayons de tourner un maximum, pour diluer la nuisance sonore.

Même si souvent, nos entrainements restent un attrait pour les riverains qui s’intéressent à l’aéronautique. Sans exaspérer ceux qui ne sont pas intéressés.

Mais nous avons très peu de limites en la matière : on peut voltiger du matin au soir, mais nous ne le faisons pas…Nous nous contentons de 4 vols d’environ 15-20 minutes par jour.

 

 

 

MN : Vous préparez les Championnats d’Europe qui auront lieu en septembre en République Tchèque…

 

 

 

XD : Oui… Mais contrairement à Olivier (Masurel) qui fait beaucoup de compétitions internationales, je fais beaucoup de national. Moi, je recherche surtout le plaisir de voltiger.

 

 

 

MN : Avec le freestyle, par exemple ?

 

 

 

XD : Tout à fait ! Le freestyle, même s’il est moins représenté, qu’il est plus marginal, laisse place à l’imagination, puisque par essence, freestyle signifie « Style libre ». Cela permet de rechercher la perfection dans la figure. Sans faire n’importe quoi, bien évidemment.

 

 

Freestyle d’accord, mais pas de prise de risque (d’ailleurs il n’y a aucune prise de risque en voltige aérienne, précise Xavier) et surtout, pas question de voler super-bas, par exemple, pour impressionner le juge. Il aura peur et ce sera un zéro et une disqualification. Avec raison…

 

 

Suite à cet entretien, Xavier a effectué quelques figures en freestyle…Etonnant ! Bravo au champion qui a été applaudi par le public présent.

 

 

Demain, l’interview d’Olivier Masurel dans nos colonnes. L’entrainement continue ce jour, ainsi que jeudi (Éric Lovicourt rejoindra les deux pilotes précités), vendredi et samedi (pas d’entrainement mercredi 15 août).

 

 

Le public est invité à venir admirer ces exercices de voltige.