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lundi 31 août 2015 à 07:53

Obligatoire pour les autocars au 1er septembre 2015

L’éthylotest anti-démarrage ne fait pas que des heureux dans la profession



 

 

EAD… Quésako? Tout simplement un éthylotest anti-démarrage qui devra être installé sur tous les autocars de transport en commun de personnes (et sur tous les véhicules de plus de 9 places)  à partir du 1er septembre prochain. Et ce, afin de détecter une éventuelle alcoolémie du chauffeur.

 

 

 

En effet, ce dispositif d’analyse de l’haleine empêche le démarrage du véhicule en cas d’alcoolémie supérieure au taux autorisé (soit à partir d’une concentration d’alcool dans l’air expiré de 0,10 mg par litre). À chaque démarrage (sauf si le moteur a été arrêté moins de 30 minutes), le conducteur souffle dans l’EAD et dispose d’un délai de 5 minutes pour mettre en route le véhicule.

 

 

 

Votre serviteur a souhaité en savoir un peu plus sur le sujet, mais en cette période de congés annuels, difficile de trouver un responsable à qui parler. Pour sa part, M. Stépien, de la société  « Stépien Autocars » à Rozelay, a bien voulu éclairer notre lanterne.

 

 

En fait, une bonne partie de sa flotte est déjà équipée en EAD et notamment tous les véhicules sortis d’usine depuis trois ans. Pour tous les autres autocars, l’équipement est en cours et sera fin prêt pour la date fatidique. « Mais ce n’est facile » précise l’autocariste, « car les installateurs d’EAD ne sont pas nombreux et sont débordés ! ».

 

 

  1. Stépien précise que concernant la sécurité des véhicules, les autocars sont soumis à des contrôles réguliers et doivent respecter des normes de sécurité rigoureuses. Ils sont dotés d’équipements de sécurité obligatoires en grand nombre : éthylotests anti-démarrage, ceintures de sécurité, limiteurs de vitesse, ralentisseurs, chronotachygraphes… « Et c’est une bonne chose » dit-il.

 

 

 Toutefois, ce professionnel, qui officie depuis 40 ans dans son entreprise et s’il ne nie pas l’intérêt des EAD, constate : « Je suis curieux de savoir, avec les dizaines de milliers de cars qui roulent en France, le nombre de chauffeurs « chargés » au volant ! » . En sachant que l’autocar est un moyen de transport sûr, avec 3 fois moins d’accidents mortels qu’en train, 30 fois moins qu’en voiture et 300 fois moins qu’en moto…Et pour l’homme, cet EAD est « un souci supplémentaire » qui agace un peu les conducteurs car contraignant. De plus, l’EAD, comme tout instrument de mesure, doit être contrôlé chaque année.

 

 

Du côté des installateurs, direction les établissements Laurent au Bois-du-Verne. Et là non plus, ça ne rigole pas ! Didier, le chef d’atelier et Jean-Paul sont les seules personnes agréées pour installer l’EAD. Après une solide formation, tous deux ne chôment pas en ce moment. Car, comme ils le disent : « Certaines personnes ont anticipé l’obligation de l’EAD, d’autres un peu moins. Nous avons équipé des autocars, mais aussi des véhicules de plus de 9 places dans toutes les communes environnantes. Un sacré travail lorsque l’on sait qu’un seul équipement demande entre 3 heures et demie et 5 heures de boulot.

 

 

Et il faut dire que c’est un sacré chantier ! Il faut tout d’abord « désosser » le tableau de bord et ne pas s’emmêler les pinceaux avec les fils ! Les EAD proviennent de quatre sociétés (Alcolock, Dräger, Lion et Autowash). Outre le montage, le branchement électrique et la programmation, Didier et Jean-Paul doivent établir moult documents administratifs dont le certificat d’installation etc. Quant au prix de l’EAD, il se situe dans une large fourchette, allant de 100 à 1600 euros !

 

 

Mais comment fonctionne cet EAD ?

 

 

A chaque démarrage, le conducteur souffle dans l’appareil. En cas de taux d’alcoolémie égal ou supérieur à un taux prédéfini de concentration d’alcool, le dispositif empêche le démarrage du véhicule.

 

 

Si le test initial est négatif, le conducteur peut démarrer le véhicule dans un délai de 5 minutes. Après un arrêt du moteur, le véhicule peut redémarrer sans que le conducteur ait à utiliser l’EAD, dans un délai fixé par l’exploitant de transport compris entre 15 à 30 minutes. Par contre, si le test est positif, le véhicule ne démarre pas. Il est toutefois possible de faire un second essai après un délai d’une minute. Si le test est à nouveau positif, l’EAD bloque le démarrage du véhicule pendant 30 minutes.

 

 

Bien évidemment, de petits malins pourraient avoir l’idée de tricher si d’aventure ils avaient siroté un petit jaune avant de se glisser derrière le volant. Il est à noter que la FNTV (Fédération Nationale des Transports de Voyageurs) préconise un réglage des appareils à un taux strictement inférieur à ce seuil, soit 0.09 mg/l, afin de tenir compte des marges de tolérance propres aux appareils. En faisant par exemple souffler quelqu’un d’autre dans l’appareil ou en enlevant le plomb de l’appareil pour le désactiver… Mais attention, tout est enregistré et gare au fraudeur ! Car la note risque d’être salée.

 

 

Et en cas d’alcoolémie au volant : entre 0,5 et 0,8 g, il en coûte 135 euros et 6 points sur le permis, supérieur à 0,8g ce sera 4500 euros d’amende plus 8 points, 2 ans d’emprisonnement et suspension du permis pendant 3 ans ! En prime…Et cerise sur le gâteau : en cas d’accident, il vous en coûtera 30 000 euros et si celui-ci est mortel, 150 000 euros et 10 ans d’emprisonnement. Le jeu en vaut-il la chandelle ?

 

 

Dernier détail : inutile de faire souffler un enfant à votre place, cela ne déclenchera pas l’appareil. Et pour l’avoir testé, il faut un sacré souffle pour aller au bout du déclic. Mais bingo ! L’appareil me dit que tout est ok, que je peux démarrer et il me souhaite même bonne route !  Et avant de prendre congé de Didier et de Jean-Paul, j’apprends également que certains parfums et certains produits d’entretien (par exemple le produit à vitres) peuvent générer un test positif, car contenant de l’alcool.

 

 

 

Et outre l’obligation de l’EAD, les autocars doivent aussi être munis de ceintures de sécurité. M. Stépien, interrogé également sur cette obligation, répond que ses véhicules en sont équipés depuis longtemps. Pour le plus grand bonheur des chauffeurs qui ont constaté (particulièrement dans les transports scolaires) que maintenant que les élèves bouclent leurs ceintures, les déplacements des trublions dans le bus sont impossibles ! Et cela est une bonne chose, qui a apporté plus de calme et de discipline dans les véhicules.

 

 

 

« Par ailleurs, livre l’autocariste, des contrôles (soit par les gendarmes, soit par les contrôleurs du Conseil Général) ont été opérés et plusieurs enfants ont été verbalisés pour défaut de ceinture de sécurité. M. Stépien remarque aussi que beaucoup moins de sièges sont détériorés et beaucoup moins de ceintures sont…coupées ! Ficelé à son siège, on a certes une moins grande liberté de mouvements…

 

 

 

Alors, en fin de compte, l’éthylotest anti-démarrage, une bonne idée ? A vous de nous le dire, même si nous nous doutons de la réponse…

 

 

 

 

bus 3108154

 
 
bus 3108156
 
Démontage du tableau de bord
 
 
bus 3108155
 
 
 
Didier et Jean-Paul, agréés pour l’installation des EAD
 
 
bus 31081511
 
 
 
 Appareil servant au contrôle annuel des EAD
 
 
 
 
bus 31081510
 
 
 
 Le fameux bouton rouge servant à débloquer le système en cas d’urgence
 
 
bus 3108158
 
 
Un boitier et son embout qui demandent un sacré souffle
 
 
 
bus 3108157
 
 
 
882 Les deux installeurs militent pour l’EAD

 

 

 

bus 3108153

 

 

 

 

Gilbert souffle dans l’éthylotest avant le départ
 
Test ok ! Le bus démarre. Bonne route!
 
 
bus 3108152
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


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5 commentaires sur “Obligatoire pour les autocars au 1er septembre 2015”

  1. loupblanc dit :

    je fais la fête , fais souffler un collègue qui ne boît pas . Est ce que l’autocar cale !!!!!!
    encore un gadget , business is business

  2. roussillon dit :

    bien entendu c’est une bonne mesure…que faut il posséder comme diplôme pour devenir installateur ?

    ça va créer de l’emploi et comme les bus vont remplacer le rail tout vient à point !

  3. Daniel Z dit :

    Daniel Z dit :

    Ne soyons pas caustiques. Toutes ces normes sont faites pour que le « vulgarus » concitoyen ne représentât pas une menace pour la société.

    Il est défini que les personnes amenées à prendre des décisions doivent être en possession de tous leurs moyens et psychologiquement sereines.
    Ainsi ne grosse société aurait « appareillé » des volontaires dans le but d’évaluer l’évolution de leur stress.

    Petit à petit, l’avenir se précise.
    Bientôt les sièges seront équipés pour que la connexion avec, par exemple, les conductrices et conducteurs soit automatique et détermine leur capacité à occuper un poste….

    Je divague ? Pas si sûr car il existe déjà de multiples engins légers à même de signaler l’état physique, voire psychique de leur porteur.

    Mais où je me pose des questions, c’est sur les contrôles qu’il serait indispensables d’effectuer sur les « politiques » afin que leurs décisions soient issues d’ un certain niveau de conscience et soient homogènes « pour notre bien »!

    Des morts résultent, pour une fraction non négligeable, de l’action des législateurs français..

    La route est l’objet de toutes leurs attentions car :
    « 3 384 personnes ont perdu la vie en 2014 sur les routes de France, soit 116 de plus que l’année précédente (+3,5%) »

    Oui, mais la société qu’ils ont organisée produit, par exemple :
    « Près de 28 décès par jour et 700 tentatives. Ces chiffres alarmants illustrent le problème de santé publique que représente le suicide. Au total, 10 359 Français se sont donné la mort.
    Avec 16,2 suicides pour 100 000 habitants, la France se situe dans le groupe des pays européens à taux élevés de suicide »

    IL serait possible de considérer d’autres domaines….

    Alors que penser de cette boulimie de textes, normes et autres « bricoles » secondaires alors que la catastrophe se précise tous les jours ?

    Amitiés

  4. liloujack dit :

    étant moi même chauffeur de car je trouve que l’EAD est une très bonne chose car je pense qu’il est normal de ne pas boire lorsque l’on conduit de plus en ayant des client dans son car, et pour répondre a monsieur loupblanc non ce n’est pas un business et je trouve qu’il est pas très intelligent de dire de faire souffler un collègue ( si vous avez des enfants et qu’il arrive un accident de car dû a l’alcool, qu’elle va être votre réaction ) un peu de reflexion

  5. gilbert71 dit :

    une tres bonne idée à généraliser aux chauffeurs de PL