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jeudi 3 septembre 2020 à 17:58

Plan de relance (Economie)

Pour préparer l’agriculture de demain... « 1,2 milliard d’euros au service de nos agricultures, de nos agriculteurs et des consommateurs »





 

L’éditorial du ministre de l’agriculture et de l’alimentation 

« La crise de la Covid-19 a rappelé l’importance stratégique de notre agriculture. La mobilisation sans faille de l’ensemble de la chaîne agricole a permis de garantir à tous les Français, dans l’Hexagone et dans les Outre-mer, un accès à l’alimentation. Grâce aux efforts des femmes et des hommes de la ferme France, produire notre alimentation sur notre territoire est un atout pour assurer notre souveraineté alimentaire. Si la chaîne a tenu durant la crise, celle-ci a aussi révélé nos vulnérabilités à même de fragiliser notre indépendance alimentaire. Le paradoxe est connu : la France est la première puissance agricole en Europe mais nous dépendons encore de trop d’importations, par exemple en protéines. La priorité du plan de relance, et les moyens déployés sont à la hauteur, est la reconquête de cette indépendance.

 

Après des années d’agri-bashing, la crise de la Covid-19 a permis de rapprocher les Français de ceux qui les nourrissent pour leur permettre d’avoir accès à une alimentation saine, sûre, durable et de qualité, gage de leur santé. Les Français le disent : ils souhaitent pouvoir se nourrir avec des produits frais, locaux, respectueux de l’environnement et du bien-être animal. L’agriculture et l’agroalimentaire français possèdent tous les atouts pour répondre à cette demande. Notre rôle est de permettre au plus grand nombre d’accéder à une alimentation de qualité pour que ne se développe pas un système à deux vitesses où seuls les plus aisés pourraient en bénéficier. Ainsi, les cantines scolaires, les restaurants mais aussi les initiatives pour multiplier les jardins partagés sont autant d’accélérateurs.

 

Pour reconquérir notre souveraineté alimentaire, notre agriculture doit résolument être celle du XXIe siècle et réussir la transition agroécologique. Face aux aléas climatiques qui se multiplient, s’adapter à l’urgence écologique est une question d’indépendance. Pour mieux respirer, progresser vers la neutralité carbone et développer les matériaux écologiques et d’avenir comme le bois, le plan de relance mettra aussi l’accent sur les forêts : nous allons planter en France des arbres dans une ampleur inédite. Le plan de relance permet d’accompagner les agriculteurs, qui sont déjà nombreux à avoir entamé cette transition et les entreprises agroalimentaires, vers un modèle plus durable, respectueux de l’environnement et économiquement robuste. Structuration des filières notamment bio et à haute valeur environnementale, investissements pour la conversion vers des équipements plus performants, nos mesures doivent permettre de changer d’échelle et de créer un choc d’innovation. Pour sortir de la dépendance aux produits phytosanitaires, ce choc d’innovation doit ainsi permettre de renforcer les efforts entrepris et de créer de nouvelles alternatives toujours plus efficaces. L’agriculture de demain ne se fera qu’avec les agriculteurs : alors que la moitié des chefs d’exploitation partiront à la retraite d’ici 2030, le renouvellement des générations est un défi qui nous engage. Notre jeunesse est une chance : les jeunes que nous formons seront les meilleurs ambassadeurs pour réussir la transition agroécologique et assurer notre souveraineté alimentaire.

 

Le plan de relance consacre 1,2 milliard d’euros à l’accompagnement de notre chaîne alimentaire et en premier lieu de nos agriculteurs. Plus largement, ce sont tous les Français qui en bénéficieront. Avec le développement des circuits-courts, et en lien avec les enseignes de la grande distribution, nous allons collectivement progresser vers le juste prix, celui capable d’assurer une juste rémunération à ceux qui nous nourrissent. La volatilité des prix ne fait aucun gagnant et affecte à la fois les producteurs, les consommateurs et nos industries alimentaires. Les efforts entrepris depuis 2017 vont être renforcés pour permettre à nos agriculteurs de vivre décemment de leur travail et pouvoir se projeter dans l’avenir.

 

Avec ce plan de relance, nous donnons les moyens à notre agriculture et à ceux qui la font d’entreprendre la reconquête de notre souveraineté alimentaire. »

 

Julien Denormandie

 

Quoi ? Comment ? Pourquoi ? Des chiffres…

 

Volet “Transition agricole, alimentation et forêt” du plan de relance se fixe 3 objectifs :

 

renforcer la souveraineté alimentaire ; accélérer la transition agroécologique pour donner accès à tous les Français à une alimentation saine, durable et locale ; et adapter l’agriculture et la forêt au changement climatique. 1,2 milliard d’euros sont ainsi spécifiquement dédiés aux secteurs agricole et agroalimentaire, auxquels s’ajoutent les mesures transversales du plan de relance dont bénéficieront les agriculteurs et les industries agroalimentaires, notamment celles portées par le ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance et celles du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion.

 

La crise de la Covid a rappelé les enjeux stratégiques de la souveraineté alimentaire, à l’échelle européenne et nationale. Elle a également fragilisé plusieurs secteurs agricoles, privés de débouchés avec en particulier la fermeture des restaurants et bars. Mais elle a aussi été le reflet de l’intérêt grandissant des Français pour une alimentation issue des circuits courts, saine et durable. Par ailleurs, l’année en cours, comme les précédentes, a montré la répétition des aléas climatiques qui affectent les agricultures. C’est sur ces constats qu’ont été bâties les mesures du plan de relance relatives à l’agriculture, l’alimentation et la forêt.

 

Face à la crise, le Gouvernement et le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation ont déployé dès les premiers mois des plans de soutien aux filières les plus en difficulté. Dans la suite de ces mesures déjà mises en œuvre, le volet agricole du plan de relance amplifiera le soutien au secteur et en ce sens s’inscrit pleinement dans les priorités du plan de relance du Gouvernement : la transition écologique, la compétitivité et la cohésion territoriale. Il permet un choc de modernisation, de compétitivité et d’investissement et un soutien aux projets portés par les territoires. Il sera l’opportunité de construire l’agriculture de demain, plus résiliente aux aléas climatiques, d’accompagner les agriculteurs dans la transition agroécologique et de renforcer notre souveraineté alimentaire en favorisant l’accès à tous les Français à une alimentation plus saine, plus locale et plus durable.

 

Pour reconquérir la souveraineté alimentaire de la France, le plan dédie 364 millions d’euros[1].

 

– Bâtir notre souveraineté alimentaire passe par une mesure essentielle : le plan protéines végétales, annoncé par le Président de la République et doté d’une enveloppe de 100 millions d’euros (qui sera complétée par des crédits du PIA), afin de diminuer fortement l’importation des protéines destinées à l’élevage.

 

– Pour assurer la souveraineté alimentaire de la France, il est aussi essentiel d’assurer la relève par une nouvelle génération d’agriculteurs, alors que 50 % des chefs d’exploitation partiront en retraite dans les 10 prochaines années. L’agriculture et le secteur agroalimentaire recrutent fortement et pourtant peinent à recruter. Une campagne grand public sera lancée pour faire connaître les 200 métiers et formations de l’agriculture et l’agroalimentaire et les besoins en recrutement.

 

– Produire en France est aussi l’opportunité de répondre aux hautes exigences des consommateurs français, en faveur d’une alimentation sûre, saine et attentive bien-être animal. Un plan de modernisation des abattoirs et des élevages répond à ces enjeux, en renforçant leur compétitivité, en assurant le respect du bien-être animal tout en investissant dans la biosécurité pour réduire l’exposition aux crises sanitaires de demain.

 

Mais l’enjeu du bien-être animal passe aussi par l’accompagnement de la prise en charge des animaux de compagnie abandonnés ou en fin de vie, la France détenant le triste record du nombre d’abandons d’animaux. Un plan à l’accueil des animaux abandonnés et en fin de vie soutiendra le secteur associatif et les refuges, facilitant aussi l’accès aux soins vétérinaires. L’ensemble de ces mesures en faveur de la modernisation des abattoirs et biosécurité en élevage, élevage en plein air et bien-être animal sera doté de 250 millions d’euros.

 

2e priorité, l’accélération de la transition agro-écologique est au service d’une alimentation saine, durable et locale pour tous les Français, dotée de 346 millions d’euros pour le volet des moyens de production et 200 millions d’euros pour le volet alimentation[2].

 

La transition écologique de notre agriculture a été amorcée depuis plusieurs années et les agriculteurs sont les acteurs de cette transformation. Pour les accompagner, le plan de relance prévoit de :

 

– Amplifier la vague de conversion vers le bio et la certification Haute Valeur Environnementale (HVE) via le maintien du crédit d’impôt bio et la création d’un crédit d’impôt HVE, un renforcement du fonds Avenir bio, une aide à la structuration de ces filières et un bon « bilan carbone » pour les jeunes agriculteurs pour faciliter leur installation.

 

– Miser sur l’innovation pour réduire l’usage des produits phytosanitaires via une prime à la conversion des agro-équipements afin de permettre aux agriculteurs d’investir dans des outils plus sobres en ressources, tout en rendant l’agriculture française plus moderne et compétitive et plus rémunératrice pour l’agriculteur. Les entreprises d’agroéquipements qui les conçoivent et les fabriquent bénéficieront aussi d’un accélérateur pour développer de tels agroéquipements.

 

– Pour favoriser la biodiversité autour des cultures, un programme « plantons des haies ! » soutiendra les agriculteurs qui souhaitent favoriser la biodiversité autour de leurs cultures et reconstituer les haies bocagères. L’objectif : la plantation de 7.000 km de haies et la gestion durable de 90.000 km de haies existantes.

 

Pour donner à tous les Français accès à une alimentation saine, durable et locale, le plan de relance traite tous les lieux de consommation, la restauration hors domicile comme à domicile. Ils permettent à la fois de sensibiliser les Français à ces enjeux dans leurs habitudes quotidiennes tout en assurant aux agriculteurs des débouchés durables :

 

– Un plan de soutien aux cantines scolaires des petites communes leur permettra de s’équiper et de former leur personnel afin de pouvoir proposer des repas issus d’un approvisionnement frais et local.

 

– Enfin les territoires doivent être moteurs pour développer cette alimentation locale, durable et saine en créant ces passerelles entre agriculteurs et consommateurs. Les Projets alimentaires territoriaux (PAT) visent à soutenir de telles initiatives : création de circuits courts, lutte contre le gaspillage, pratiques exemplaires, filières locales. L’objectif est fixé d’au moins un PAT par département d’ici 2022.

 

– Via l’opération « 1000 restaurants durables » menée avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères dans le cadre du Tourisme durable, 1000 restaurants situés en particulier dans les communes rurales de moins de 20 000 habitants seront aidés à développer ou à adapter des activités de restauration durable.

 

– Pour soutenir l’accès à ces produits aux ménages les plus modestes, l’initiative « Jardins partagés » accélérera leur développement, afin de soutenir une dynamique enclenchée depuis plusieurs années mais souvent confrontée à des investissements initiaux importants.

 

– Dans la même perspective, l’opération « Paniers fraicheurs » soutiendra les acteurs (groupements d’achat ou de coopératives de consommateurs, de magasins de producteurs, d’associations…) engagés dans le développement de l’accès à des produits locaux des plus modestes et concitoyens isolés.

 

Enfin, 3e priorité, adapter l’agriculture et la forêt françaises au changement climatique est une urgence que la multiplication des aléas climatiques a rappelée. Le plan de relance y dédie 300 millions d’euros[3].

 

– Face aux sécheresses, les agriculteurs ont besoin d’être accompagnés dans les investissements nécessaires, notamment dans la gestion de la ressource. Autre clé, la diversification des cultures nécessitent d’en assurer les débouchés. C’est pourquoi le plan de relance soutiendra ainsi la structuration de filières, via des appels à projets de Bpifrance. Enfin, la recherche de semences plus résistantes pourra être soutenue dans le cadre de projets de recherche et développement.

 

– Face à la grêle ou au gel, les agriculteurs ont besoin d’être accompagnés. Le plan de relance prévoit une aide aux investissements de protection face aux aléas climatiques.

 

– La filière forêt-bois permet de compenser environ 20 % des émissions françaises de CO2. Véritable puits de carbone, les forêts françaises ont été fragilisées par les sécheresses et les attaques de scolytes dans certaines régions. Le plan de relance lance donc un grand plan de reboisement des forêts françaises. Cette mesure s’accompagnera d’un fonds bois, d’un renforcement des dispositifs de soutien aux filières bois et filières graines et plants et du développement de la couverture LIDAR HD, un outil basé sur la technologie laser permettant de cartographier la forêt française pour mieux la gérer et en prévenir les risques.

 

Ces mesures dédiées à l’agriculture l’alimentation et la forêt, d’un budget de 1,2 milliard d’euros, s’ajoutent aux autres mesures portées par le Gouvernement et dont les secteurs agricoles et agro-alimentaires bénéficieront pleinement, notamment :

 

– Les mesures de relocalisation de la production industrielle dans les territoires

 

– Le renforcement des fonds propres des TPE/PME et ETI

 

– La rénovation des bâtiments, notamment de l’enseignement et des TPE/PME

 

– La décarbonation de l’industrie

 

– Le renforcement des filières de la pêche et de l’aquaculture pour une meilleure résilience et souveraineté de la France

 

– L’investissement dans les technologies d’avenir via le 4e programme d’Investissement d’Avenir

 

– L’aide à l’embauche des jeunes de moins de 26 ans

 

– La formation des jeunes sur les secteurs stratégiques et porteurs

 

– Le maintien de l’emploi et des compétences via l’activité partielle de longue durée et le FNE-Formation

 

– Le renforcement des compétences des actifs et la transformation de la formation professionnelle

 

1. Ce montant correspond aux mesures « Plan en faveur de l’indépendance protéinique » et « modernisation des abattoirs et biosécurité en élevage, élevage en plein air et bien-être animal » du tableau budgétaire du dossier de presse « Plan de relance » du Gouvernement.

 

2. Ces montants correspondent à la mesure « accélération de la transformation du secteur agricole et une partie de la mesure « renouvellement des agroéquipements » du tableau budgétaire du dossier de presse « Plan de relance » du Gouvernement.

 

3. Ce montant correspond aux mesures « Forêt » et une partie « Renouvellement des agroéquipements » du tableau budgétaire du dossier de presse « Plan de relance » du Gouvernement.

 

 

 

Le ministre est venu, le 18 août dernier, à Saint-Eusèbe pour soutenir les éleveurs et propriétaires  de chevaux

 

 

 



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