Découvre mon métier : éleveurs de volaille, Isabelle et Jean-Yves Desjours
Il est tombé dedans dès son enfance !
Nous débutons une nouvelle rubrique pour vous faire découvrir des métiers peu connus, leur quotidien et pourquoi ceux qui les pratiquent les aiment autant.
Isabelle et Jean-Yves Desjours travaillent au sein de l’entreprise familiale élevage avicole Desjours qui se situe aux Bizots.
L’entreprise créée en 1962 par les parents de Jean-Yves s’est installée aux Bizots en 1980. Et c’est dès l’âge de 14 ans que Jean-Yves est tombé dedans. Il venait aider ses parents. Plus tard, son épouse, Isabelle, a rejoint l’entreprise. Aujourd’hui ils travaillent aussi avec un salarié saisonnier qui reprendra prochainement avec eux dès le mois de mars.
Isabelle et Jean-Yves sont donc spécialisés dans l’élevage de volailles : poulets, poules pondeuses, pintades, canards, oies ou encore dindes. La principale activité porte sur le vivant.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Ils commandent des œufs à un couvoir pour recevoir des bébés volailles !
Pour recevoir des poussins, des poulettes ou des petits canetons, ils commanderont 21 jours à l’avance (temps de couvaison). Pour les dindes et les pintades, il faut compter 28 jours.
Une fois les petits reçus, ils vont les nourrir, les chouchouter, les tenir bien au chaud, au propre afin que les clients puissent les récupérer entre 3 semaines à 6 semaines plus tard.
Autrement dit Jean-Yves et Isabelle font partie des premiers humains que ces volailles rencontrent dans leurs vies.
Et c’est avec beaucoup d’amour et de douceur qu’ils évoquent les petits poussins par exemple ou les canetons.
Des clients allant des professionnels aux privés
Leurs clients sont des agriculteurs, des coopératives ou encore des particuliers. En plus de fournir dès le mois de mars des volailles, Isabelle et Jean-Yves vendent aussi tout le matériel nécessaire : mangeoire, thermomètre, lampe chauffante, nourriture.
En fin d’année, les deux époux préparent aussi des volailles de basse cour. La plupart des volailles vivent et se développent en intérieur dans des bâtiments chauffés. Ils sont élevés au sol. L’exploitation comprend des salles de 50m² minimum voire d’autres plus grandes. Sur plusieurs bâtiments, cela représente près de 2000 m² à disposition.
Les oies sont à part et ont un parcours extérieur.
Pour bien suivre la croissance de chaque volaille, celles-ci ne sont pas mélangées dans les bâtiments. Dès le mois de mars, Jean-Yves et Isabelle recevront progressivement tous les 15 jours des petits poussins. Après une période de vide sanitaire qu’ils ont débuté le 20 décembre dernier, ils reprennent progressivement avec les éleveurs/agriculteurs depuis janvier-février.
Jean-Yves nous explique que le vide sanitaire n’est pas obligatoire. Mais il préfère limiter l’utilisation de produits chimiques. Le vide sanitaire constitue pour son épouse et lui un ralentissement de l’activité d’élevage, un peu de repos et beaucoup de papiers !
Isabelle nous explique ainsi qu’avec l’augmentation des prix des céréales ou des cartons de transport (+ 20cts par exemple par carton), il faut recalculer tous les prix : les prix pour les particuliers, pour les professionnels, pour les revendeurs etc.
Reprise avec les poussins et les poulettes dès le mois de mars
Jean-Yves et Isabelle vont donc reprendre progressivement leur rythme de croisière. On croise Jean-Yves en train de finir ses bricolages et fier de montrer son nouveau camion. L’exploitation en possède deux à présent. Et afin de pouvoir livrer les clients, Isabelle vient de suivre une formation spécifique sur le transport des animaux.
Dès le mois de mars, le rythme passera à une semaine de réception des animaux, une semaine de vente. Pendant la semaine de réception des animaux « on les met en place » explique Isabelle.
« En moyenne il faut trois quatre semaines avant que le bâtiment soit vidé parfois 6 semaines. Il faut pouvoir les chauffer encore quand les clients viennent les chercher. Ils sont fragiles. Ensuite, pour nous, une fois le bâtiment vidé, il faut tout nettoyer, désinfecter. Cela prend plusieurs jours » ajoute Isabelle.
Beaucoup de particuliers achètent des poules pondeuses.
Et soucieux du bien-être des animaux qu’ils ont élevé, Jean-Yves et Isabelle conseillent de poursuivre avec la même alimentation.
Chaque matin, ils vont donc veiller sur leurs petits : les nourrir, les surveiller, leur remettre de l’eau, veiller au bon fonctionnement et réglage du chauffage et à la propreté. Une poule a besoin d’être au sec et au chaud.
Toute l’année Jean-Yves et Isabelle élèvent des poulettes prêtes à pondre. Ils élèvent pintades et pintadeaux entre avril et juillet, des dindonneaux entre fin mai et fin juillet, des canetons entre avril et juillet et des oisons entre mai et juin.
En fin d’année, Isabelle et Jean-Yves préparent quelques volailles pour les fêtes. Ils confient les animaux à un abattoir.
Une vie de poule !
Et la vie peut sembler belle pour une poule et toute autre volaille chez Jean-Yves et Isabelle. Deux jours avant l’arrivée des petits, ils mettent à chauffer les bâtiments qui les accueilleront. Les poussins, les poulettes et les canards ont besoin d’une température d’ambiance à 30°C. Et les pintades et les dindes ont besoin d’une température à 32°C… enfin tout du moins à leur arrivée.
Au cours de la croissance des volailles, les températures seront baissées progressivement.
Toutefois les nouveaux propriétaires devront assurer un confort chaleureux à leurs volailles pendant encore quelques semaines.
Isabelle et Jean-Yves ne sont pas avares de conseils.
Ils rappellent que pour le particulier, l’espace où se trouvent leurs volailles doit être fermé au moins par un filet.
« Prévoyez vos commandes 3 semaines à l’avance car nous nous réservons le droit, si nécessaire d’un décalage de 15 jours. L’âge de nos volailles démarrées peut varier au maximum de 3 jours suivant le jour de l’éclosion.
Nos volailles de 4e semaine, c’est-à-dire entre 3 et 4 semaines, sont toujours vendues à cette période. Nous refusons la vente inférieure à 3 semaines car ce serait compromettre la croissance. Nous chauffons beaucoup jusqu’à 18 jours et vitaminés à partir du 15e jour, cela pendant 4 jours.
Nous sommes en permanence à la recherche de qualité et de souches améliorées. Nous suivons un plan sanitaire constant. Cela fait partie des règles que nous ne devons pas négliger. » expliquent-ils.
Et d’ajouter : « Nos volailles de 4 semaines ont encore besoin de soins précieux, d’une température ambiante chez vous de 22°C pour les poulets et les poulettes, de 25°C pour les pintades et les dindes, températures prises à 1m50 du sol, cela pendant la 1e semaine de réadaptation. Ensuite diminuez de 1°C par semaine pour atteindre le plus bas (18 à 19° poulets et poulettes et 20 à 22° dindes et pintades). Attention aux changements brutaux de température qui contribuent au développement de maladies, ce qui handicape énormément un lot de volailles. Dès le moindre soupçon, voyez votre vétérinaire qui vous conseillera un traitement préventif. Si vous attendez plusieurs jours, il faudra traiter curativement. ».
Lors des gros épisodes de grippe aviaire, ils avaient été très impactés au niveau de leur activité. En revanche, lors du tout premier confinement, Jean-Yves et Isabelle ont su rebondir rapidement en proposant eux-même la livraison de leurs produits.
Ils assurent d’ailleurs ce service dès l’achat de grands lots.
Encore un dernier conseil ? « Conditionnez bien vos volailles dès l’arrivée chez vous. Assurez la température ambiante conseillée, litière sèche. Aérez sans courant d’air. Évitez la liberté sous la pluie. L’humidité est néfaste pour toutes les volailles en période de croissance, ainsi que le froid et les courants d’air. Important : réchauffez votre local un jour avant la livraison de toute volaille. Donnez des vitamines ensuite un anticoccidien. Votre vétérinaire vous conseillera. Éclairez les premières nuits avec deux ampoules ».
Après 40 années pour Jean-Yves et près de 20 ans pour Isabelle, ils sont toujours aussi émerveillés par les poussins, les oisons et bébés volailles. Une belle passion qu’ils vivent au quotidien.
EM