L’âne et le loup fable moderne
Le Patou ne fait pas tout, alors l’âne dépanne
Ça n’est pas d’aujourd’hui que le constat a été fait, l’âne gardien est efficace contre le loup. Nous ne remonteront pas à Ésope et sa fable Le Loup et l’Âne sur ceux qui légifèrent et désobéissent à leurs propres lois, mais nous profilerons l’ombre d’un âne comme disait Démosthène, même si lui employait cette formule dans son discours sur la paix pour signifier une chose sans valeur, sans intérêt. L’ombre ici est celle du défenseur, donc d’une grande valeur, d’un certain intérêt.
En effet, depuis longtemps, il a été constaté que l’âne s’avérait un bon gardien de troupeau contre les loups, chiens, lynx, coyotes, dingos, renards selon les pays et continents. De par le monde, en Ontario, au Québec, en Australie, aux États-Unis, en Afrique, les ânes sont utilisés comme gardien de troupeaux contre les prédateurs.
En Provence l’âne était utilisé par les bergers pour porter leur matériel lors des transhumances. Une fois sur place, ils paturaient avec les moutons et leur servaient de défenseurs lors d’attaques de prédateurs tels que les loups, chiens, lynx, etc.
Sur le continent Africain, l’âne protège les troupeaux ou les villages, depuis longtemps et avec succès.
Des milliers d’ânes sont utilisés à cette fin en Amérique, et ce avec des résultats remarquables tout comme au Québec, en Ontario, en Alberta au Canada.
Ils ont une conscience professionnelle car non seulement ils écartent le danger, font fuir les importuns mais tuent les prédateurs qui ne cèdent pas devant eux. En Australie la technique de l’âne gardien fait fureur, les dingos ne s’y mesurent pas.
Du côté des prédateurs, en particulier du loup qui nous intéresse, l’âne déplait fortement. Les Canis Lupus n’aiment pas l’odeur sui generis de l’équidé. Cela les importune sur le sentier de la chasse.
L’âne est un animal sociable, territorial, craignant la solitude et s’intègrant sans peine dans les troupeaux. C’est un herbivore qui s’attache aux autres animaux avec lesquels il vit, de plus, contrairement au chien, il ne vagabonde pas et reste donc en permanence avec le troupeau.
Cerise sur le picotin, les ânes n’ont pas peur des loups. Le contraire n’est pas forcément vrai.
Lorqu’il y a deux ânes, ils vont faire front commun et donner des coups de pied contre l’attaquant. On ne touche pas à leur territoire ou aux animaux de leur troupeau.
On rapporte deux exemples démontrant l’efficience de l’âne en cas d’attaque.
- Lors d’une randonnée sur le dos de son âne une jeune fille attaquée par un chien tombe au sol, le chien se jette sur elle, l’âne s’interpose et tue le chien
- Dans un parc où un fermier entretenait des ânes il a retrouvé un cadavre de coyote n’ayant plus un os entier tellement les ânes l’avaient totalement piétiné.
Comment agir ? Le mieux est d’avoir toujours au moins deux ânes afin de se prémunir contre les loups et un ratio d’un âne pour vingt têtes de bétail. Les meilleurs pour ce genre de mission sont les grands ânes, chapentés, ou des baudets du poitou.
Depuis une quinzaine d’années des initiatives se sont développées en Bretagne, dans le Jura, le Doubs, en Provence, dans les Pyrénées, souvent avec succès.
L’argument économique intervient aussi pour beaucoup. A l’achat, à la formation, à l’entretien, un âne coûte moins cher qu’un chien et est moins fragile de santé.
Dans toute la France le loup est suivi, marqué, photographié et source des toutes les rumeurs et des constats les plus affligeants. En 2023, le loup a été reconnu coupable de 252 attaques en Bourgogne-Franche-Comté dont 37 sur la Franche-Comté. Le problème ne peut être traité par-dessus la jambe.
Si l’on bannit la destruction des loups nomades traversant la région, les solutions ne se trouvent peut être pas dans le bicorne d’un polytechnicien mais peut être sous le sabot d’un âne ?
Gilles Desnoix