Autres journaux


mardi 7 octobre 2014 à 06:49

Envie de lire… La Mandragore : librairie aux vertus magiques…

Deuxième librairie de la série commencée avec le Point-Virgule de Paray : la chalonnaise Mandragore. Presque une institution au cœur de la ville !



 

Il faut prendre une voie perpendiculaire à la rue piétonne chalonnaise pour tomber sur les trois vitrines de La Mandragore. Habillée de rouge, la librairie est bien connue des habitants de la ville. En effet, elle est le fruit de la fusion de deux anciennes boutiques : Le Colegram, spécialisée jeunesse et Les Coquelicots, plus littéraire. Devenue La Mandragore dans les années 90, elle propose aujourd’hui une vaste sélection de BD, d’ouvrages destinés aux enfants, de beaux livres et de romans.

 

 

librairie chalon 07101411

 

C’est donc presque une ancienne dame que je suis partie visiter. Mais elle ne fait pas son âge ! Pimpante et lumineuse, elle propose ses trois salles au regard des passants. A l’entrée, la littérature française et étrangère se déploie sur les présentoirs, sous les yeux d’une belle chalonnaise sous-disant dangereuse et de Laëtitia Tillier, co-gérante des lieux avec Laurent Thomashausen, archéologue en pleine reconversion. Entre deux sonneries de téléphone et les demandes des clients, elle revient sur le parcours qui l’a conduit derrière la caisse : « Je suis arrivée ici en 2006, suite à ma formation de libraire à Lyon, et j’y ai travaillé pendant 6 ans. En 2012, l’ancien propriétaire a commencé à parler de retraite et m’a proposé de prendre sa suite. Après un long temps de réflexion et le fait que Laurent acceptait de venir gérer la maison à mes côtés, je me suis lancée. Cela représente une grosse masse de travail, mais c’était une chance à ne pas laisser passer ».

 

Au printemps 2014, la Mandragore a ainsi changé de mains. Du moins pour la direction, car on peut retrouver dans les rayons Odile, qui hante le rayon jeunesse depuis 23 ans et Anne, spécialiste des BD depuis bientôt 4 ans. Laurent et Camélia complètent cette équipe pour la comptabilité et une partie de la logistique. Quant au fonds, il est identique : une partie jeunesse, une partie BD, des beaux livres et de la littérature pour tous. « On a quand même évolué dans notre offre, explique Anne. La BD marche toujours très fort, en particulier auprès des amateurs et quand on veut faire un cadeau. Mais on a peu de mangas car cela prendrait trop de place. Et nous avons un spécialiste en la matière qui s’est installé tout prêt depuis 2 ans et propose de très belles choses. Du coup, on développe de plus en plus les romans graphiques : ce sont des BD format livre, qui racontent une histoire, un voyage, à la manière d’un roman, mais avec les dessins d’une BD. Les gens aiment beaucoup car ce sont de très beaux objets ». Du coup, elle a même changé son plan de classement et dédié des espaces selon les thématiques : mer, continents, sports… Mais les clients, qui n’ont d’ailleurs pas arrêté de défiler pendant ma visite, s’y retrouvent et profitent des nouveautés.

 

 

librairie chalon 0710149

 

« Notre clientèle est très fidèle », explique Laëtitia. Certains n’achètent qu’ici, et sont souvent prêt à attendre quelques jours pour avoir un ouvrage. Prêt de 40 % viennent chercher un titre précis, et les autres flânent dans les rayons. Si nous n’avons pas le livre en stock, je leur propose tout de suite de le commander. Depuis quelques temps, les sociétés de routage et les éditeurs font des efforts pour que les livraisons des librairies indépendantes soient effectuées sous 48h. Alors on explique aux clients qu’ils peuvent passer par nous, et éviter Internet. J’ai quand même l’impression qu’il y a une prise de conscience des achats locaux, comme pour les AMAP. A force d’expliquer, les gens comprennent que ce n’est pas plus cher de passer par nous et qu’ils bénéficient du conseil et de la proximité. C’est plutôt encourageant ! » conclue-t-elle.

 

Les collectivités aussi sont fidèles : la Bassin Minier a d’ailleurs un lien historique et profond avec cette librairie. Depuis des années, Le Creusot, Montceau, Montchanin, mais aussi Gueugnon ou Joncy bénéficient des conseils avisés de l’équipe. Une fois par mois, par exemple, Odile se rend à la médiathèque de Montchanin et fait un « office ». Entendez par là une présentation des nouveautés jeunesse et documentaires du mois, qui permet aux professionnelles de faire leur choix pour de futurs achats. De même, à Montceau, c’est Laëtitia qui remplit la fonction pour la littérature destinées aux adultes, et qui prête des ouvrages pour Livr’Ados. Ces présentations sont importantes pour les bibliothécaires qui n’hésitent pas à demander des renseignements auprès de l’une ou de l’autre.

 

Ces conseils éclairés de lecture, elles les partagent d’ailleurs avec d’autres collègues. La Mandragore fait en effet partie du réseau des « librairies Sorcières », label de l’association des librairies spécialisées jeunesse (ALSJ), et elle a tout dernièrement intégré l’association Initiales, qui regroupent des librairies indépendantes, dont 5 sont en Bourgogne. « Nous échangeons nos tuyaux, nos astuces. On bénéficie aussi de formations et de temps d’échanges entre professionnels, ce qui est loin d’être superflu quand on voit la quantité de bouquins qui sort chaque année ». Et ce sera là le seul bémol de Laëtitia : la trop grande production du monde de l’édition qui conduit à un important travail de sélection. Tout petit coup de gueule de la part d’une libraire qui, entre ses rayons de livres et ses clients, semble être pile à sa place.

 

 

Les coups de coeur de la librairie

 

Le coup de coeur de la rentrée littéraire : « L’île du Point Némo »

C’est vraiment un roman époustouflant. L’histoire déjà est totalement baroque et farfelue : une équipe de dandys part à la recherche d’un dimant et va se retrouver, chemin faisant dans des situations et des lieux vraiment improbables. C’est de la même veine que le précédent toman de l’auteur (Là où les tigres sont chez eux).
L’ïle du Point Némo. Jean-Maris Blas de Roblès. Editions Zulma

 

LE livre : « Réparer les vivants »

« Ce n’est la plus livre le plus facile à lire du fait de son sujet : la transplantation cardiaque. Plusieurs personnages s’y croisent : un jeune mort cérébralement, le médecin qui constate le décès, celui qui fait l’annonce à la famille, l’équipe de préleveurs, celle qui transplante, le receveur… Mais c’est un formidable livre sur la vie :l’auteur a une incroyable empathie pour les personnages et l’écriture est très belle ».
Réparer les vivants. Maylis de Kerangal. Edition Gallimard

 

Trois autres très bons livres :

– « Le liseur du 6h27 » – Jean-Paul Didierlaurent. Editions Au Diable Vauvert
« Un roman très frais et pétillant de drôlerie et de fantaisie, sans prétention ! L’histoire d’un homme travaillant au pilon d’une entreprise d’édition, qui récupère les feuillets volants tombés de la machine et qui les lit à haute voix dans le RER de 6h27… »

– « L’homme de la montagne » – Joyce Maynard. Edition Philippe Rey
« Un beau roman sur l’adolescence qui parle des 13 ans de l’auteur, en 1979. Cette histoire très romanesque nous conduit dans une intrigue policière dans laquelle l’héroïne part à la recherche d’un meurtrier ».

– « Comme les amours » – Javier Marias. Editions Gallimard
« Magnifique roman envoûtant sur l’amour, la mort, mais qui nécessite un peu d’attention car la lecture n’est pas si facile. La belle histoire d’une femme qui voit tous les jours un couple en face de chez elle. Un jour, ce couple disparait et elle part sur ses traces… »

 

Pour aller plus loin :
Librairie la Mandragore : http://www.librairie-la-mandragore.com/
Réseau Librairies Sorcières : http://www.librairies-sorcieres.fr/
Association Initiales : http://www.initiales.org/

 

 

Véronique Décrenisse-Kieny

 

 

librairie chalon 07101413 librairie chalon 07101412


librairie chalon 07101410

 

librairie chalon 0710148

 

 

librairie chalon 0710147

 

 

librairie chalon 0710146

 

 

librairie chalon 0710145

 

 

librairie chalon 0710144

 

 

librairie chalon 0710143

 

librairie chalon 0710142

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 






Un commentaire sur “Envie de lire… La Mandragore : librairie aux vertus magiques…”

  1. Electron libre dit :

    Autrefois , principalement dans les campagnes , la maîtrise de la langue et l’accès aux livres ont été durablement le privilège de ceux qui détenaient les pouvoirs : les notables et les représentants de l’état et de l’église .

    Ceux-ci avaient une volonté farouche « d’encadrer » l’envie de lecture de leurs protégés , de leurs administrés ou de leurs ouailles !
    Surtout l’église , qui ne supportait pas que l’on puisse lire des textes considérés comme « profanes » parce qu’échappant au contrôle et à l’approbation des thèses bibliques !
    A l’époque , s’immerger dans une autre littérature , sans intermédiaire et sans « chaperon » était considéré comme un acte de rébellion vis-à-vis du pouvoir politique ou religieux !

    Les temps ont changés … certes …
    Aujourd’hui , les responsables de la Nation se désintéressent allègrement du niveau de culture de leur peuple et l’église n’a plus , fort heureusement , aucune emprise morale sur la société …
    Mais , les mentalités par rapport à l’acte de lire ont-elles pour autant évoluées ?

    N’y a-t-il pas encore dans nos campagnes , des épouses d’agriculteurs ou d’ouvriers , qui se « cachent » pour lire , de peur d’attirer les reproches de leur entourage :« Ton mari se crève au boulot … et toi … tu bouquines … !»
    N’oublions pas que dans beaucoup de strates de la société , la lecture n’est pas considérée comme étant porteuse de culture ou d’érudition , mais plutôt comme synonyme de paresse ou d’oisiveté !

    Dans d’autres milieux , n’y a-t-il pas encore des jeunes garçons qui nient leur amour pour la poésie par peur d’être raillés par leurs familles ou leurs amis ?

    Il est fort regrettable que de nos jours , « lire » soit encore un acte qui vous écarte de la meute !

    J’ai toujours été très étonné par cette « peur du livre » , autant inspirée par les non-lecteurs que ressentie par les lecteurs !

    Il est d’ailleurs intéressant de noter que cette peur touche même les élites .
    J’ai souvent constaté que les universitaires , quand ils sont en groupe dans leur salle de repos , ne lisent rien d’autre que des thèses ou des articles scientifiques par peur d’être jugés sur leurs goûts littéraires !

    Bien qu’il soit dommage que cette excellente rubrique n’attire pas les commentaires qu’elle mérite , je vous encourage néanmoins vivement à la poursuivre !

    Bien amicalement !