Il nous charme avec ses œuvres
Le flegme britannique doublé d’un incroyable talent pour le peintre John Allen
Le flegme britannique doublé
d’un incroyable talent pour le peintre John Allen
Le plus « British » des Montcelliens !
Lorsque je lui demande dans quel quartier il crée ses œuvres, je comprends « Veuve noire » ! John se marre et me dit : « No, no, Venois ! ».

En fait, je finis par comprendre qu’il exerce son incroyable talent au Vernois… Hé oui, John Allen est un vrai « British », façon Jane Birkin au masculin. Et l’entretien mené par votre humble serviteur se déroule de façon charmante, avec des phrases commencées en français et terminées en anglais. Mais pour admirer les peintures de l’artiste, nul besoin de parler, il faut juste ouvrir grand les mirettes.
John Allen est né en 1950 à Lincoln, au centre-est de l’Angleterre. Il est issu d’une fratrie de sept enfants. Après des études de topographie, c’est dans le sport, qui a toujours été sa passion qu’il oriente sa carrière. « Quel rapport avec la peinture ? » me direz-vous. « Aucune » vous répondrais-je, mais cela explique toutefois la grande forme physique du désormais sexagénaire pour mener une vie encore très active à ce jour.
Donc, dans les années 70, il devient moniteur de canoë-kayak et d’escalade. Il pratique aussi le ski de fond avec l’équipe d’Angleterre. En 1977, il remporte le trophée Victoire Ladorum (qui représente le prix du meilleur sportif de l’année. Et de fait, John sillonne, par le biais du sport tous les pays d’Europe.
Mais venons au talent de l’artiste en matière de peinture. « Je n’ai pas fait d’études de peinture » révèle celui qui vit désormais en France depuis 1989. Précisant qu’il peint naturellement depuis que, pour un Noël, il reçoit en cadeau une superbe mallette de peinture. Il a 10 ans et les dés sont jetés…
De 1985 à 1989, John travaille…dans les explosifs ! Plus précisément à Troyes, puis à Verdun. Mais le travail est éreintant, intense et l’homme décide de changer de registre. En 1989, il s’installe en France pour s’adonner à son autre passion : la peinture. Au fil des quatre années « explosives », il avait eu le temps de découvrir les paysages français, les musées et une Histoire de France riche en évènements. « Et puis, la lumière ici n’est pas la même qu’en Angleterre ! » se félicite l’artiste. Bien plus claire, lumineuse à souhait, bref, parfaite pour retranscrire son inspiration et son imagination débordantes.
John Allen, ayant pris ses marques, commence donc à travailler sérieusement la peinture et développe ses connaissances en la matière. Tellement bien qu’il expose à Troyes, en Ardennes, dans l’Ain, en Saône-et-Loire et à Paris où il reçoit le prix « Main d’Or ». Excusez du peu !
En vingt ans, il expérimente différentes techniques, en travaillant avec des enfants et des adolescents en difficulté en milieu hospitalier.
Il consacre beaucoup de temps à la recherche de nouvelles techniques certes, mais aussi de nouvelles textures. Il y parvient tellement bien que ses tableaux sont d’une diversité bluffante. Le britannique aime « jouer » en alliant diverses matières et peintures. Il passe du pinceau au couteau, de l’acrylique à l’huile, sans oublier d’autres matières et supports qui se prêtent à son imagination. Il laisse errer cette dernière « entre le réel et l’abstrait, l’émotion, les paysages de France et d’Angleterre d’où on peut s’évader dans les immensités et se perdre à l’infini dans une grande sérénité… ». Et serein, il l’est John !
Surtout quand il pose son regard sur ses sujets d’inspiration : les paysages et les gens, certes, mais il scrute et décortique également les évènements, l’actualité, les grandes manifestations. D’ailleurs, l’artiste n’a pas manqué de rendre hommage à Charlie lors de la terrible actualité de ce début d’année.
Comme il le dit avec un grand sourire : « Je vis pour peindre, je ne peins pas pour vivre ! ». C’est pourquoi, tranquillement, John produit, à son rythme. D’ailleurs, s’il retourne quelques fois dans l’année en Angleterre pour y rejoindre sa famille et sa compagne, il apprécie de « ne pas avoir de femme à longueur d’année à la maison (c’est tellement tentant de se voir proposer un petit thé ou autre douceurs…). Appartement, on s’en doute, transformé en atelier et lieu de stockage de ses tableaux. Ainsi, dit-il, je peux me consacrer pleinement à mon art !
Il a à son actif entre 200 et 400 petits bijoux. Scènes naïves mettant en valeur des enfants dans leur vie quotidienne, des bouquets sublimes, hauts en couleurs, des animaux, sans parler de cette bestiole au long cou et à la longue queue, affublé d’une peau façon léopard… Et, et, et…vous avez remarqué ? Tous ces tableaux ont un point commun : ils sont ornés du fameux drapeau de l’Angleterre. Une façon pour John de mettre de la couleur et, il faut bien le dire, rappeler ses origines britanniques !
Très doué également pour les nus, J. Allen avoue avoir recours à de « vrais » modèles, en chair et en os. Pourtant, comme il le constate avec un peu de dépit : « En général, ce sont les femmes qui achètent des tableaux. Or, une femme n’achètera pas un nu représentant une femme ! ». Je lui suggère alors de peindre des hommes nus ! John se marre et dit : « Ah no ! Car même si elles sont sensibles à cette peinture, elles n’acquerront pas le tableau non plus ! « Question de pudeur » pense John. Mouais…
Et si John a vendu ses tableaux les années passées, depuis 2010, il ne le fait plus. Il préfère garder les originaux et… fais reproduire ses œuvres. Il travaille en général par le biais du procédé « giclée ». « Un sommet dans l’impression d’œuvres d’art » commente le peintre. Ce procédé est une technique d’impression de très haute résolution, instaurée dans les années 90. Elle a été développée aux Etats-Unis. Ce sont d’ailleurs les Américains qui lui ont donné un nom français ! Cerise sur le gâteau : les grands musées, tels que le Louvre, le British Muséum et le Chicago Art Institute ont adopté le « giclée ».
« Ce procédé peut servir à imprimer des œuvres à partir de tableaux originaux, de photographies ou d’art numérique. Les artistes peuvent reproduire plusieurs impressions, les décorer à la main, les numéroter et les signer pour ensuite les vendre » note John.
Il faut dire que le giclée est inégalé en matière de conformité avec l’œuvre originale. La définition est telle qu’aucune trame n’est visible, même à la loupe. « De plus, grâce aux nouvelles formulations d’encres pour giclées, la conservation a été grandement améliorée par rapport à la lithographie offset, les encres pigmentées sont évaluées à une norme entre 60 et 100 ans sans décoloration apparente ! » se réjouit le peintre. Ce qui veut dire que 100 ans plus tard, votre reproduction sera encore intacte. « A condition qu’elle soit mise sous verre ! » précise l’artiste.
Mais quel est donc ce procédé giclée ? Celui-ci consiste en une imprimante très sophistiquée (dont les buses sont plus petites qu’un cheveu humain) qui pulvérise des millions de microgouttelettes à la seconde sur le papier ou la toile). Il n’y a qu’à regarder les lithographies de J. Allen : de vraies petites merveilles travaillées en collaboration avec Sandrine, une photographe installée à Montchanin, qui photographie les tableaux de John et mets les photos sur CD. Puis, le britannique envoie le CD en Angleterre pour reproduction. Un pays où il se ravitaille également en matières premières, même si « Cultura à Mâcon recueille aussi ses faveurs ».
John Allen est riche de moult expositions, dans toute la France. Il est aussi le « père » d’un immense tableau en 3D et d’une fresque de quatre mètres de haut, exposée sur la scène de la salle des fêtes de Saint Romain sous Gourdon (en 1990).
Mais le talent de John ne s’arrête pas là puisqu’il travaille aussi la terre. De ses sculptures émane la grande sensibilité de son regard sur les êtres humains. D’ailleurs, à propos de sculptures, il lui revient en mémoire une anecdote savoureuse.
« Sur commande, j’avais crée une sculpture qui représentait une vieille dame allongée, en train de vivre ses derniers instants (sic). Un gamin qui passait par là l’a fait tomber et bien évidemment, l’œuvre fut sérieusement endommagée. Qu’à cela ne tienne, je la refais et m’apprête à la livrer à mon client lorsque…je la casse le long du trajet ! Il faut dire que j’étais dans une période où je jouais de malchance ! Dépité, j’ai jeté la pauvre sculpture…dans le canal ! ».
En attendant, la baraka a l’air d’être revenue pour John car ses tableaux remportent l’adhésion de tous ceux qui les découvrent. Au hasard des rencontres, des expos etc. Si vous aussi êtes transportés par le travail de John, vous pouvez acquérir ses reproductions parfaites. Elles valoriseront avantageusement votre intérieur…

Petit clin d’œil ému en hommage à Charlie




















2 commentaires sur “Il nous charme avec ses œuvres”
quel .talent , quel humour.
des girafes?
super idée….
très beau….