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dimanche 8 mars 2015 à 07:07

Musée de la Maison d’Ecole de Montceau-les-Mines

Aujourd’hui : L'école primaire supérieure de Montceau La première E.P.S du département



 

 

Aujourd’hui :

 

L’école primaire supérieure de Montceau

La première E.P.S du département

 

 

 

 

UNE NAISSANCE DIFFICILE :

 

 

Nous sommes en juillet 1881. Une douzaine d’élèves de l’école publique installée dans deux salles de classe à l’Hôtel de Ville de Montceau (la première école publique digne de ce nom ne sera ouverte qu’en 1882, rue de l’Est) viennent de subir avec succès les épreuves du Certificat d’Etudes Primaires.

 

 

 

 

 

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Ecole Primaire Supérieure de Montceau , le bâtiment, déséquilibré par la mine, a été démoli et remplacé par l’actuel hôtel des postes (collection musée)

 

 

 

 

Loin de l’avenir qui leur était destiné : apprendre un métier afin de gagner le pain quotidien, ils vont poursuivre leurs études… Par quel miracle ? La scolarité dans les collèges du département coûte cher et ils sont trop éloignés, leurs parents n’ont aucun moyen pécuniaire pour assurer la fréquentation d’un établissement secondaire par leur enfant.

 

 

 

Mais voilà que va être créée une Ecole d’Enseignement Primaire Supérieur, et ce grâce à l’insistance du maire de la ville, le docteur Octave Jeannin, radical et républicain. Les difficultés avaient été nombreuses, voire insurmontables, la pression des Mines qui « géraient » le territoire du Bassin minier, organisant la vie sociale et politique, avait été terrible. Pas de local, pas de mobilier, aucun personnel enseignant, très peu d’élèves, mais la volonté d’un maire nouvellement élu en 1878 qui allait venir à bout de toutes les entraves et allait implanter l’école de la République dans l’univers patronal des mines de la famillle Chagot.

 

 

 

Il fallait parer au plus pressé. Les 21 élèves précurseurs occupèrent dans l’Hôtel de Ville, une salle de réunion exiguë. A la rentrée 1881/1882, il se trouva un homme pour prendre en charge l’enseignement à ces nouveaux « certifiés ». Ce fut Monsieur Michel. Avant la guerre de 1870, ce dernier était instituteur à Schirmek, au pied du Donon. Après la défaite et la signature de la paix de Francfort, il quitta les territoires occupés pour s’installer à Montceau avec sa famille, son épouse et sa fille Joséphine et y enseigner et exercer la fonction de secrétaire de mairie. Cet homme cultivé et d’une grande bonté, avait préparé à Schirmek, un examen supérieur dont le ministre de l’époque lui avait refusé l’accès sous prétexte qu’un tel examen « n’était pas fait pour les enseignants du primaire ». Toujours est-il que M. Michel enseigna la littérature et la science, dès la première année d’existence de l’Ecole Primaire Supérieure dite « école supérieure », laissant le souvenir d’un maître passionné et chaleureux. Lorsque la maladie mit fin à ses jours, c’est la ville entière, reconnaissante, qui assista à ses obsèques, hommage ultime et poignant.

 

 

 

La deuxième nomination fut celle de M. Patarin. Il était originaire des Ardennes et il suivait les cours de l’Ecole Normale de Cluny, qui préparait certains maîtres pour l’enseignement technique ou « enseignement spécial ». Il était plus jeune et forma durant sa carrière, de nombreux élèves à l’entrée aux Ecoles d’Arts et Métiers ainsi qu’à l’entrée à l’Ecole Normale de Mâcon. Bientôt, d’autres maîtres furent chargés de l’enseignement du travail manuel. Un maître enseignait le travail du bois, un autre le travail de la forge et l’ajustage. Ils étaient, au début, des artisans de la commune qui n’avaient d’autre titre que la parfaite connaissance de leur métier. Il y eut même deux anciens militaires qui assurèrent l’éducation physique : marche au pas accéléré, marche au pas de gymnastique, approche du doublement à droite et à gauche… Le premier était sergent de chasseurs, Monsieur Ducrot. Le deuxième, caporal réserviste, Monsieur Berger, fut nommé en 1887 dans le cadre des instructeurs des bataillons scolaires. Il assura l’exercice militaire et le tir scolaire (voir articles de janvier).

 

 

 

 

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Lettre de nomination du sieur Berger (Archives Départementales de Saône-et-Loire)

 

 

 

L’Ecole Primaire Supérieure occupait donc notamment, une salle de réunion à la mairie… Notamment, car au gré des contraintes liées à la nature du bâtiment, les élèves passèrent successivement dans une salle au rez-de-chaussée, puis dans une autre à l’étage. La réfection des locaux et la préparation d’un local plus « scolaire » obligea même les élèves, au début de l’année 1882/1883, à se scinder en deux groupes : l’un occupant la salle à manger de M. Michel et l’autre occupant sa chambre à coucher !

 

Le matériel, pratiquement inexistant en 1881, s’étoffa singulièrement au fil des ans : tables, tableaux noirs, planches d’histoire naturelle, cartes firent leur apparition.

 

 

 

VERS LA RECONNAISSANCE :

 

 

La qualité de l’enseignement dispensé et bien sûr le fait que cette Ecole Primaire Supérieure de Montceau soit la première du département, contribuèrent à sa renommée, tant et si bien qu’elle dut s’installer dans des locaux plus vastes, ceux de la gendarmerie désaffectée de la place de l’Hôtel de Ville qui furent rachetés à la Mine par la mairie. Dès lors, les élèves affluèrent des villes environnantes. Ils venaient de Sanvignes, de Saint-Vallier ou encore de Blanzy. Certains, venant de Ciry-le-Noble ou de Génelard, arrivaient le matin par le train pour repartir le soir. Des boursiers d’Etat intégrèrent même l’internat qui ne fonctionna que quelques années. Le premier succès remporté par l’Ecole Primaire Supérieure fut la réussite d’André Alin, un des premiers élèves en 1881, au concours de l’Ecole des Arts et Métiers d’Aix.

 

 

 

 

 

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Ecole Primaire Supérieure de Montceau, la section industrielle : l’atelier de menuiserie (collection musée)

 

 

Avant 1910, la structure ne comportait qu’une section générale, mais à partir de cette date, on lui adjoignit une section industrielle qui prit place dans l’ancienne écurie de chevaux de la gendarmerie. Les locaux étaient austères et n’offraient à la vue extérieure que des plaques de tôles remplaçant les vitres (pour garantir des projections de la forge). De plus, cette section fonctionnait le jeudi aussi, contrairement à la section générale. La place de l’Hôtel de Ville tenait lieu de cour de récréation, sans murs et sans grilles, privilège extraordinaire. Une baraque de confiserie, judicieusement placée près du buste du docteur Jeannin, face à la rue Carnot, vendait des chiques à deux sous aux élèves les plus riches.

 

 

 

Les jours de marché, les camelots s’installaient sur le quai attirant tous les regards et des musiciens donnaient l’aubade matinale aux passants. Les jeunes élèves de l’E.P.S découvraient ainsi les derniers succès en vogue. Souvent, des mariages avaient lieu à la mairie, les noces de notables arrivaient en breaks tirés des chevaux, et se rendaient à la cérémonie en traversant l’aire de jeu. Les cirques ou les théâtres prenaient place aussi à cet endroit et pouvaient y passer plusieurs mois, comme le théâtre Dellemare en 1925 ou plus tard, le théâtre des Variétés. La récréation se transformait alors en un jeu de labyrinthe entre les roulottes et les tentes. Chaque année, cette cour improvisée devenait le fief du Conseil de Révision pendant toute une matinée : conscrits bigarrés de bleu de blanc et de rouge , militaires, gendarmes et marchands de cocardes rappelaient aux élèves que leur tour approchait…

 

 

La notoriété de l’Ecole Primaire Supérieure de Montceau ancra durablement l’image d’excellence de son enseignement dans l’esprit des familles du Bassin minier et bien au-delà. L’établissement devint collège pendant la guerre de 1939/1945 et ouvrit ainsi la porte à la création en 1956 du Lycée Technique et Moderne actuellement Lycée Henri Parriat, favorisant ainsi l’essor intellectuel de la ville.

 

 

 

 

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Ecole Primaire Supérieure de Montceau (collection musée)

 

 

 

QUELQUES DATES A PROPOS DE L’ECOLE PRIMAIRE SUPERIEURE DE MONTCEAU :

 

 

 

1874/1875 : La Compagnie des Mines fait édifier un bâtiment destiné au casernement de la gendarmerie, place de l’Hôtel de Ville.

1881 : Par décision ministérielle du 26 octobre, une Ecole Primaire Supérieure est fondée à Montceau (c’est la première du département).

1882 : Le premier janvier, Monsieur Michel, ancien instituteur en congé, pourvu du Brevet de l’Enseignement spécial, est nommé directeur de cette école qui s’ouvre dans une salle de l’Hôtel de Ville pour 21 élèves externes.

1886 : La caserne de gendarmerie, désaffectée au profit de celle de Bel-Air, est vendue à la ville. L’Ecole Primaire Supérieure fonctionnant avec peine dans une salle exiguë est transférée dans l’ancienne caserne sous la direction de Monsieur Morland assisté de Messieurs Patarin et Plassard. Trois classes se partagent les 50 élèves de l’établissement. La place de l’Hôtel de Ville sert toujours de cour de récréation.

1887 : Un internat est ouvert à l’école. Il reçoit surtout des boursiers d’état, du fait du coût élevé de la pension.

1889 : L’école compte au total 60 élèves.

1902 : L’internat est supprimé.

1905 : L’école a maintenant 6 professeurs pour 100 élèves. Le directeur, Monsieur Morland, est assisté de Messieurs Laurent*, Patarin, Payebien, Bonnot et Bajard*.

1910 : Une section industrielle est créée. Les ateliers sont installés dans l’ancienne écurie de chevaux de la gendarmerie. Huit professeurs assurent l’enseignement : Monsieur Billiet, directeur et Messieurs Stauff, Raison, Patarin, Bonnot, Simon*, Buhatier, Robin*.

1923 : Une Ecole Pratique de commerce et d’industrie est annexée à l’Ecole Primaire Supérieure qui compte alors 10 classes.

1924 : L’école est dirigée par M. Barralier, les professeurs de la section générale sont : MM. Barrault (français, histoire, géographie, chant, gymnastique) ; Bonnot (chimie) ; Buathier (allemand) ; Laforest (mathématiques) ; Martinon (physique et histoire naturelle) ; Sotty (dessin). Les professeurs de la section industrielle sont : MM. Aupècle (fer) ; Delorme (bois).

1929 : 155 élèves fréquentent l’école.

1930 : La section spéciale de l’Ecole Primaire Supérieure accueille les filles. M. Bonnot devient directeur, les professeurs sont alors : Mme Bois, MM. Lambert, Bombois, Nez, Angelard, Renaud, Béchard, Ribeyrolles, Barrault et Roger.

1932 : La municipalité fait construire un bâtiment annexe (angle de la rue Pierre Vaux/Quai) pour y établir un amphithéâtre et une salle de dessin.

1940/1945 : Pendant la guerre, l’Ecole Primaire Supérieure devient collège.

1956 : La ville fait procéder à la démolition du bâtiment vétuste et devenu trop petit, alors qu’un vaste lycée Technique et Moderne a ouvert ses portes rue de Gourdon, pour 600 élèves (actuel lycée Henri Parriat).

 

 

* : Déjà cités dans un autre article, « Morts pour la France » pendant la Grande Guerre.

 

 

(sources : Groupe de travail de la Maison d’Ecole pour l’exposition et le livre « Cent ans d’école ».
Article de M. Gillot, membre fondateur de la Maison d’Ecole : « Historique de l’E.P.S de Montceau ».
Témoignage de M. Gauthier, doyen des anciens élèves de l’Ecole Primaire Supérieure de Montceau, 1956)

 

 

 

 

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Ecole Primaire Supérieure de Montceau (collection musée)

 

 

Pour exciter votre curiosité :

 

 

 

 

Qui pourra nommer cet objet peut courant de nos jours ?

 

Réponse au musée pour l’ouverture d’aujourd’hui ou dans notre article de mercredi prochain.

 

 

 

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Patrick PLUCHOT
Président de la Maison d’Ecole
Collection Ecomusée de la CUCM-Musée de France

 

 

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2 commentaires sur “Musée de la Maison d’Ecole de Montceau-les-Mines”

  1. eve dit :

    de 45 à 56, il me semble que le collège est devenu lycée ; mon père (né en 1930) y a appris la comptabilité et ma tante y a passé une sorte de brevet professionnel en secrétariat…

  2. chimel dit :

    bjr ,

    merci pour cette photo : 4 années de souvenirs scolaires dans ce batiment et mr racois le directeur ou mr pichon le surgé avaient une tres haute idée du progres par l’éducation . merci a eux ils ont fait de nous des citoyens .