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dimanche 23 août 2015 à 08:00

Ciry-le-Noble fait le conte

La briqueterie et la féérie nocturne



 

50, une bonne cinquantaine de spectateurs, tenus en haleine, réagissant avec entrain aux jeux de mots de Jean Jacques Dazy, de Danielle Demonté et ses histoires de glands en or, accompagnant les envolées poétiques et ésotériques de Josette Pallot et de Madeleine Boyer.

50 spectateurs attentifs, à qui les Conteurs à gaz ne délivrent pas d’émanations soporifiques, bien au contraire. Il y a de la qualité dans la prestation, du contenu dans les contes, de la conviction dans la prestation, de l’empathie dans la relation au public : de la passion et du talent. Le public ne s’y trompe pas et applaudit avec conviction et grand plaisir.

 

 

 

 

Le thème c’est l’arbre, mais le fil conducteur entre tous les contes et sur lequel chacun vient tisser sa maille c’est un p’tit gars qui cherche du branchu, du crochu, du grognu ou des trucs comme ça.

 

 

 

C’est Josette Pallot qui attaque avec une histoire poétique d’un pépé et d’une mémé qui trouvent une graine sous la table de leur cabane. Ils en prennent tellement soin qu’elle pousse, qu’elle pousse et en vient à traverser le toit puis va cogner la croute du ciel. Honnêtement jusque là rien d’anormal, non ?!?

 

 

 

Donc qu’est ce qu’ils font nos anciens ? Ils grimpent comme sir Edmund Hillary jusqu’à la croute du ciel et avec une hache et une grosse cuillère en bois ils font une boutonnière par où l’arbre s’engouffre. Vous suivez ? Bon, donc qu’est qu’ils font nos deux alpinistes du troisième âge ? Ils grimpent encore et se retrouvent dans une forêt d’étoiles où ils trouvent une cabane. Ils s’y installent et qu’est ce qu’ils voient un jour sous la table ? Et oui une graine… Mais qu’est ce qu’ils auraient du voir par la boutonnière ? Un p’tit gars qui cherche du branchu, du crochu, du grognu ou des trucs comme ça.

 

 

 

Mais comme le dit Danielle Demonté très entrainante, si ce p’tit avait bien regardé luis aussi il aurait vu la chaumière dans la forêt ou vivait une famille de bergers dont le 3ème et dernier fils, Jean était un peu beurdin, bredin, beuzenot, simplet quoi !

 

 

Il passe son temps devant l’âtre et ses deux frères sont un peu remontés contre lui. Enfin c’est ce qu’en dit Danielle, nous ne connaissons pas la famille, nous. Un jour que les deux ont les abeilles ils te virent le Jean dehors avec un panier pour qu’il arrête de glander et ramène des champignons.

 

 

 

L’autre, qui n’est pas tout seul dans sa tête,  musarde à droite à gauche et finit par se paumer dans une chênaie où il découvre un rejeton rachitique n’ayant pas beaucoup profité depuis le gland, un rabougri beuzenot d’arbre, un comme lui mais en végétal. L’autre, le coiffe de son bonnet, lui fait des mamours à tel point que cela émeut le papa chêne. C’est fun les contes, non ?!?

Et qu’est ce qu’il fait le papa chêne ? Avec une formule magique « grand chêne d’or secoue-toi, grand chêne secoue toi plus fort » il  inonde la clairière de glands en or.

 

 

Le Jean, pas très cuit, ne remplit que ses deux poches, alors qu’il y a de quoi passer des valises en suisse, et rentre. Ses frangins sont blancs quand ils voient le panier vide, verts quand ils découvrent les glands en or.

 

 

Ils filent une torgnole à l’autre effacé du bulbe parce qu’il ne veut pas dire où il a trouvé les picaillons. Le père, la garde royale et le roi n’arrivent pas plus à faire parler le gelé de la matière grise. Con mais semble-t-il beau gosse (c’est souvent comme ça). Du coup direction la tôle, faut pas le gaver le roi. Ce dernier a une fille, blonde –vous verrez pourquoi ensuite- qui est courtisée par un vieux concupiscent, enfin un vieux moche et libidineux appelé Abel. Elle voit passer le Jean entre deux gardes aux cheveux gras et paf  c’est le coup de foudre. L’Abel qui a oublié d’être bête et qui guigne sur la fille et sur la source des glands d’or fait évader l’ébaubi de l’âtre.

 

 

Celui-ci le mène à la clairière (c’est quand même un branque, non ?!?), au papa chêne, qui, après formule, nous lâche un tsunami de glands en or. Vous tenez le coup ? Sinon, faîtes une pause.

 

 

Bref l’Abel tue le ravi de la crèche, s’empare du trésor et comme il a les ronds il a la fille, que son père lui donne. Mariage dans 3 jours. Sauf qu’une goutte de sang du décalqué s’est envolée, posée sous la fenêtre de la mijaurée blonde et devient un pommier qui, le jour du mariage, donne des pommes dont une tombe dans la chambre de l’autre taspé. Elle te la colle contre son sein, pleure comme une madeleine et paf la pomme devient l’attardé du cervelet. Pamoison de la Barbie du Palais qui reconnaît son beau Jeannot. Morale il se tape la princesse et on enferme l’Abel dans un tonneau avec des clous pour que ça le pique, aie, aie, aie. On fait débarouler le tonneau du haut de la Montagne et pfft plus de veux libidineux ? Ah oui, le mâchon des épousailles a lieu dans la clairière.

 

 

 

Le public ne s’est pas remis du débaroulage du tonneau que Jean Jacques Dazy entreprend de leur narrer la vie passionnante d’un fils de bucheron du nom de Hautbois qu’ils ont prénommé Alphonse. Lui c’est un peu Attila, là où sa hache passe les arbres ne repoussent pas. Il a pour femme Eva, la grosse Eva. Donc Alphonse et Eva Hautbois forment un couple dans lequel c’est elle qui porte la culotte et les chemise de bucheron à taille unique pour les deux. Lui ne flotte pas que dans ses liquettes, dans sa boite crânienne aussi. Il n’est pas très futaie.

 

 

Jean Jacques Dazy enchante le public avec ses jeux de mots et le fait participer avec ses gimmicks. Bref l’Alphonse trouve un job, le fait tellement bien que ses collègues qui n’en foutent pas une rame le font virer. Son boss lui demande d’où il vient, l’autre répond d’un pays lointain, le Sahara. Le patron complètement scié (ça arrive même aux chefs bucherons) s’étonne « le désert ? ». « Ah bon, qu’il dit l’Alphonse, c’est comme ça qu’ils l’appellent maintenant ? » Attila, on vous dit.

 

 

 

Bon de fil en aiguille il perd sa hache dans une rivière profonde, long la, jure tous ses bons dieux. L’interpelé descend de son nuage, lui repêche une hache en or, une en argent. L’Alphonse il n’en veut pas, alors le grand barbu lui retrouve sa hache et lui donne les deux autres car il ne connait pas la convoitise et est honnête. Rentré à la maison, comme l’Eva  ne le croit pas, il l’amène à la rivière dans laquelle elle tombe. Ça en fait rêver certains dans l’assistance, ils ne veulent pas le montrer, mais ça se sent.

 

 

 

Re dieu. Il repêche Claudia  Schrieffer. L’Alphonse dit que c’est sa femme. « Prends-moi pour un belu » qu’il lui dit le grand manitou. L’Alphonse ne se démonte pas « j’aurais dit non, tu ressortais Adriana Karembeu, puis j’aurais dis non, alors tu aurais ressorti ma femme et tu m’aurais donné les deux autres, tu connais pas l’Eva, toi »

 

 

 

Dieu repêche l’Eva, il a le bras long et costaud, et part avec Claudia Schrieffer, comme quoi c’est toujours les pontes qui ont les top-modèles.

 

 

 

Les hommes en ont encore plein les yeux de la Claudia quand Madeleine Boyer vient te leur doucher l’enthousiasme avec une forêt d’épouvante à vous glacer le sang, avec des branches crochues qui vous agrippent. Là elle nous brosse le portrait peu flatteur d’un roi chasseur qui galope dans les près, les forêts pour dégommer de la pauvre biche aux yeux en larme. Un obsédé du tableau de chasse, un malade de la tête empaillée dans son grand salon de son grand château où il égrène ses années de vieillesse.

 

 

 

Un jour qu’il cavale à l’hallali comme un foutraque en poursuivant une pauvre petite biche apeurée et surement essoufflée, il rentre dans cette forêt d’épouvante à vous glacer le sang, avec des branches crochues qui vous agrippent. Et là sur qui tombe-t-il, Emile ? Sur une sorcière. Et qu’est ce qu’elles cherchent les sorcières, qu’est ce qu’elles désirent ? Des balais, bien sur. Et des vieux, surtout des vieux qui ont 70 balais…

 

 

Passionnant, non ?!?

 

 

 

Trêve de plaisanterie, et la soirée n’en est pas finie pour autant, il y a encore des contes en réserve, le public est conquis et chaleureux. Avec les Conteurs à gaz, Shéhérazade peut aller se rhabiller, enfin c’est une image voilée.

 

 

 

Ophélie Bey ainsi que son équipe peuvent se féliciter du succès évident de cette soirée pour laquelle la météo a été sympa.

 

 

La prochaine fois que vous voyez une annonce d’un spectacle des Conteurs à gaz, vous n’hésitez pas, vous allez y assister, vous ne le regretterez pas.

 

 

 

Gilles Desnoix

 

 

 

 

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