Galerie Camions anciens à Montceau
Montceau de Kerouac, ou pas très loin
20h15. Des rangées de chaises en bois toutes occupées entre les gros Berliet. Devant le bus américain gris acier, une scène. Un piano qui semble sortir d’un vieux western. Un lecteur. Un musicien. L’ambiance est posée, les spectateurs attendent, attentifs et silencieux, le début d’une lecture qui va les transporter quelque part entre Kérouac, le bruit du vent, la ville et les lucioles.
Sous la grande hall, entre les charpentes métalliques, vont s’élever pendant deux heures la voix de Joël Bastard et les sons samplés par le musicien Erik Truffaz. Le musicien jongle entre sa trompette, sa table, le micro qui enregistre souffles, murmures, notes pour les restituer au fil des mots de la « Clameur des lucioles ». Embarqués aux côtés de l’auteur, les spectateurs silencieux voyagent au-delà de l’Océan, dans des rues pas vraiment sombres, poussiéreuses et lumineuses où l’on pourrait se perdre, avec comme fil conducteur ces interprétations qui semblent porter les phrases, les illustrer, se fondre en elles. Grande liane blonde, la fille du jazzman apparaît pour accompagner son père au saxophone, apportant un peu plus d’étrangeté au texte et à la scène, alors que le soleil se couche dans les vitres de l’ancienne usine comme pour rappeler les illustration du livre de Bastard.
Plantés dans ce décor un peu surréaliste, les deux artistes donnent une dimension presque irréelle à la galerie, flanqués de ces camions qui, par instant, auraient pu reprendre vie pour embarquer les passagers quelque part au fond du Tennessee, pour rejoindre la Beat Generation.
Ne manquait au tableau que la présence de l’illustrateur de l’ouvrage de Bastard, CharlElie Couture. Mais n’était-il pas assis tout près, là, devant le piano, en train d’écouter lui aussi ? On aurait presque pu le croire…