Montceau-les-Mines : Golmus « Le Cri »
Avant-Première réussie !
Vendredi soir, au local de la Cie Golmus, une soixantaine de spectateurs chanceux ont eu le privilège d’assister à l’avant-première de la nouvelle pièce, « Le Cri », offrande pour Camille Claudel, d’après le texte d’Elie Briceno.
Les spectateurs s’installent en musique et le personnage en scène, s’anime et « la seule en scène » démarre… Pendant plus d’une heure, la comédienne, Muriel Kammerer, est Camille, faisant oublier toutes les autres Camille…
La comédienne incarne physiquement, théâtralement et intériorise le texte, et le donne avec justesse, chaque mot est entendu, chaque mot est là avec une tonalité, une gravité particulière.
La comédienne Muriel Kammerer est une véritable révélation dans ce rôle qui lui colle à la peau, à la chair,… La matière, le corps, la passion, l’ Enfer.
Le Cri, c’est le cri d’une femme qui veut être libre, indépendante, sculpteur, qui n’a pu prendre sa place ou plutôt, la place qu’on n’a pas voulu lui donner, les convenances, vous savez, les us, les mondanités… !
« Qu’il fut lourd le prix payé pour avoir voulu s’imposer dans un monde d’hommes, pour avoir osé braver les interdits, les convenances et se présenter comme une femme libre, rebelle à tout compromis ! »
La comédienne capte les spectateurs, les embarque dans cette cellule d’institut pour aliénés,… On respire à son rythme, on se roule dans la terre avec elle, on sent toute la douleur, l’injustice qui voyage dans son ventre et dans sa tête.
La gestuelle de la comédienne est parfaitement chorégraphiée, et le corps n’est pas économisé. Les mains, les mains de Camille, les mains de Murielle, le corps morcelé, la tête enfermée, la liberté,… « Ni Dieu, Ni Maître,… le blasphème… Je ne suis pas folle ! »
C’est une réelle performance à laquelle se livre la comédienne, qui n’économise pas son énergie. Elle fait corps avec la terre, elle veut créer… Elle est sculpteur !
À la fin de la présentation, les applaudissements sont nourris. Comme si on libérait Murielle, la comédienne, de ce personnage et de sa douleur… Le public semble lui dire : c’est terminé, reviens vers nous !
Murielle très émue, croise les mains, salue timidement.
Martine sénéchal vient au plateau et rappelle en quelques mots la genèse de ce projet avec beaucoup d’émotions. Celle-ci, c’est la Camille voulue par Martine Sénéchal, qui a mis en scène ce projet qui la taraudait depuis près de dix ans. Toutes ces années à porter un projet en tête, dans son corps et voir l’aboutissement procure une belle guirlande d’émotions.
Pour cette nouvelle aventure théâtrale, Martine Sénéchal a également fait appel à Simon Bourgade pour une collaboration artistique afin de faire revivre cette femme artiste, féministe, autonome et libre.
«Laissez mon tombeau ouvert en souvenir d’une âme libre »
« Le Cri » est programmé en octobre 2018 à l’ECLA de Saint-Vallier
J.L Pradines