Théâtre à la maison Perrusson ( Ecuisses )
« Perdus au Paradou »
En ce samedi de fête Nationale, l’écomusée Creusot-Montceau a proposé « Perdus au Paradou », par La Compagnie du Bonheur Vert, dans le jardin de la villa Perrusson.
Cette nouvelle création de la Compagnie du Bonheur Vert est une évocation musicale et théâtrale, une adaptation de l’œuvre d’Émile Zola, « La Faute de l’Abbé Mouret ». Dans ce roman de la série des Rougon-Macquart, paru en 1875, un jeune abbé, Serge, débute sa carrière dans un petit village. Barricadé dans sa petite église, emprisonné dans les fascinations dogmatiques de sa foi, il vit plus en ermite qu’en prêtre. Pour combattre les élans qu’il sent monter en lui, l’appel de ses sens, il voue un culte suprême et mystique à la Sainte Vierge. Il tombe malade. Il est confié pour sa convalescence à Albine, une toute jeune fille qui vit dans une propriété dominant un grand jardin sauvage, le Paradou, sorte de paradis terrestre à la végétation luxuriante. Il va réapprendre à vivre. Il découvre la vie, le désir et l’amour. Mais il doit revenir à ses fonctions en expiant ses péchés…
Ce spectacle emmène le public au cours des diverses déambulations dans la narration et dans la découverte littéraire de cette réécriture de la Genèse où s’affrontent le Bien et le Mal, l’Ombre et la Lumière, la Vie et la Mort. Les 130 spectateurs au fil des déplacements, découvrent ou redécouvrent les jardins de la villa Perrusson au son du violoncelle d’Anaïs Pin qui marque au plus juste et sublime l’intrigue.
La mise en scène est légère et juste. Gaëlle About précise «qu’elle a dû fortement réduire le texte » lors de l’adaptation. Il semble que l’essence ait été conservée ce qui donne effectivement un bon rythme à la narration.
Simon Bourgade est plus que crédible dans ce rôle de l’abbé Mouret. Il propose et met en jeu toute la palette de ses capacités et de son talent. Il prend l’espace, capte le public et l’embarque dans un flot d’émotions fortes. Il est littéralement possédé et impose le silence par sa performance. Les spectateurs le suivent dans cette descente mortifère et prennent les émotions de plein fouet.
Madeleine Coësy porte une certaine naïveté, une réelle candeur qui donne à son personnage un naturel exacerbé et une aisance espiègle. « Elle n’a pas besoin d’un dieu pour respecter la vie, la nature et les êtres ». Elle survole dans la vie…
Découvrir Zola en plein air, au beau milieu d’un superbe jardin, ne serait-ce pas cela le Luxe ou tout simplement la Vraie Vie ?
Mise en scène et adaptation : Gaëlle About
Travail sur le mouvement : Martine Sénéchal
Comédiens : Gaëlle About, Simon Bourgade et Madeleine Coësy
Violoncelliste : Anaïs Pin
J.L Pradines